Visages
villages
Embarquez-vous
dans la camionnette de JR et d’Agnès Varda
55 ans et plus de 30 centimètres les séparent et pourtant il
font la paire et sont à même de vous faire vivre un moment de cinéma plein de
charmes, de vie, de poésie avec les gens, ceux des villages, des villes, du
monde du travail rencontrés au hasard d’un road-movie où Agnès Varda,
réalisatrice plus que chevronnée, amoureuse du monde et de la vie, côtoie un jeune
créateur JR qui a fait de la photographie des visages placardés sur toutes
sortes de lieux le prétexte d’une création jamais achevée.
Certes si vous voulez une histoire ficelée, vous serez
déçue. Mais si vous voulez que le cinéma vous confronte à la vraie vie, avec de
vrais gens dans leur rôle de tous les jours, regardés avec une sollicitude rare
et magnifiés au point d’orner, fût-ce temporairement, des murs auxquels ils
donnent (ou redonnent) une âme, bien laïque, bien humaine, comme dans ce coron
déserté du Pas de calais qui revit ainsi son histoire minière enfouie dans les
mémoires, alors n’hésitez pas.
Suivez la camionnette de JR qui parcourt la France : du
port du Havre où Varda en féministe fait des épouses des dockers de vraies
héroïnes du quotidien, jusqu’au clocher de Bonnieux où le carillonneur nous
fait entendre des musiques que nous n’entendons plus, en passant par le
blockhaus échoué sur la plage de Sainte-Marguerite-Sur-Mer, redécoré par une
photo-souvenir du photographe disparu Guy Bourdin que la marée emportera
inexorablement. Le cinéma éternise alors l’éphémère. Une méditation sur
l’espace, le temps, sur les regards que
l’on pose sur le monde et son peuple riche et divers sous l’œil d’une caméra dont
la focale essentielle est celle de l’amour sans borne de l’humanité.
JMP
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