les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 1 juillet 2017

fais-moi signe...


Fais-moi signe…

Après le temps des places, « pousse-toi de là que je m’y mette », vient le temps des signes, « et je te fais sauter la cravate ! ». Le grand risque, le très grand risque et je le sens grand comme une maison : c’est que le temps des places passé, celui des signes assimilé, la situation n’ait en rien changé, si ce n’est en plus pire. Certes « on » (la grande bourreuse de mou, celle qui commente, qui analyse, qui parle, écrit, pense pour nous) nous aura convaincus que les temps anciens sont révolus, que les réformes nécessaires sont en cours, qu’il était impensable de continuer comme avant, qu’il a fallu vaincre chez les ploucs que nous sommes des résistances au changement pour nous mettre au goût du jour.

La cravate disparue

Mais je fais le pari que nos fins de mois risquent d’être toujours aussi difficiles, que les riches le seront toujours un peu (ou beaucoup) plus, que l’avenir offert (ce mot à lui seul vaudrait tout un commentaire) à nos enfants sera malheureusement bien précaire… Uber sera passé par là. Mais, mais, mais, quelques signes auront changé et peut-être pour longtemps ! La cravate aura disparu. Nous en avons rêvé, nous qui avons fait nos études avant 68, qui avons connu les lycéens, les étudiants cravatés, les profs n’en parlons pas !

Depuis la cravate avait perdu du terrain, on la réservait aux grands événements, aux cérémonies officielles, aux entretiens d’embauche aussi parfois : j’ai le souvenir amusé de mes étudiants de BTS, habillés comme des premiers communiants, et bien sûr cravatés, pour aller passer leur oral. A l’Assemblée Nationale elle faisait, elle fait de la résistance. A tel point, qu’hier, une bande d’insoumis sous la houlette de leur chef ont fait le buzz, comme on dit dans la nov’langue, pour la mettre au musée des accessoires inutiles et avancer courageusement au milieu de leurs collègues députés, dépités que l’on puisse faire preuve d’une telle outrecuidance.

La cravate et l’oie blanche

Dépiter la grande masse de députés réac, en marche, à droite, avec toutes sortes de vestes retournées sur le dos ne serait pas pour me déplaire : il n’est pas inutile de leur secouer les puces et de faire un peu craquer le vernis dont ils voudraient parer leurs responsabilités nouvelles et leurs contorsions. Par exemple, le premier d’entre eux, le président De Rugy, parjure en chef, candidat à la primaire socialiste, s’était engagé à en respecter le verdict… pour se renier (promis, juré, si je mens je vais en enfer) et s’acoquiner avec le Jupiter du nini. Lui il a une cravate impeccable. L’impeccabilté de sa cravate n’en fait pas une oie blanche.

Mais malheureusement ! Pas plus que la cravate jetée aux gémonies ne fait de la bande des insoumis des révolutionnaires patentés. Même si le geste procure une satisfaction passagère et comme un pied de nez à un ordre-très-désordre pour tous ceux, et j’ose penser qu’ils sont nombreux, qui ne se reconnaissent pas dans la carnavalade du jour.

Les sens de la carnavalade

Parce que je crois que vous avez bien senti que les signes de la carnavalade ont du sens : fêter son élection au Louvre, haut lieu de la monarchie éternelle et absolue, réunir les députés et les sénateurs à Versailles, emblème de la monarchie solaire, avant l’ouverture de la session parlementaire où il vont donner les pleins pouvoirs au prince, réduire au minimum la parole présidentielle pour laisser la voie libre aux exégèses, mettre en laisse les journalistes et ne pas répondre à leurs questions au prétexte que la pensée présidentielle est une pensée complexe (sous-entendu celle des journalistes est trop simplette pour sa haute complexité).

La reconquête démocratique, sociale, économique est sur une autre échelle que celle des esbroufes et des pantalonades : elle impose que le peuple s’organise pour réinventer une démarche politique transformatrice, avec ou sans cravate. C’est notre combat. Nous saurons inventer les signes qu’il faut.

Jean-Marie Philibert.

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