les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 20 novembre 2017

charlie-mediapart


Tariq, Edwy, Charlie, Manuel… et tous les autres

Blague à part ? Rire de tout ? Et aussi en pleurer, comme un certain mois de janvier, à la mort d’une escouade d’humoristes chevronnés. Nous fûmes Charlie. Depuis les fanatiques islamistes ont élargi leurs capacités destructrices, semant le deuil, la désolation, ici, ailleurs, en aveugle. Et quelques temps plus tard tout nous revient à la figure, à l’occasion des révélations d’une victime de harcèlement sexuel par un islamiste « moins poussièreux ( ?) » que les autres, des polémiques qui s’ensuivent, de la réactivation des différentes approches, de la volonté des Charlie d’enfoncer le clou… Notre besoin de comprendre un peu quelque chose dans une polémique compliquée et de tenter d’en appréhender les fondements idéologiques est intact. Essayons…

Rappel des moments importants

Tariq Ramadan, intellectuel musulman de haut vol ( ?), coqueluche des médias est accusé par une de ses victimes  d’une tentative de viol, à partir de là une campagne prend son essor sur le thème Tariq est un drôle de ouistiti à la libido galopante. Elles seraient nombreuses à en avoir subi l’expérience… malheureuse, avant-après des conférences, dans des chambres d’hôtel où elles auraient été invitées à poursuivre des entretiens… philosophiques. Il n’en faut pas plus à l’équipe de Charlie pour prendre part avec l’irrévérence que nous apprécions à la polémique et proposer une Une caricaturant Tariq Ramadan aux prises avec une érection phénoménale, digne d’un super Priape et se proclamant le 6ème pilier de l’islam. Et d’un !

Et de deux, et de trois

Et puis très vite, et de deux, Edwy Plenel, déclare au cours d'un entretien télévisé quelque chose comme « La une de Charlie Hebdo fait partie d’une campagne générale de guerre aux musulmans. »  On sait que le directeur de Médiapart a toujours souligné son souci de ne pas confondre islam et islamisme radical et il a pu (justement ? injustement ?) apparaître comme ouvert à l’approche philosophique de Tariq Ramadan. Du coup, et de trois, le voilà la semaine suivante en une de Charlie, sous un titre bien sûr ironique (et injuste???)   AFFAIRE RAMADAN, MEDIAPART REVELE : ON NE SAVAIT PAS, un portrait de Plenel que ses moustaches touffues rendent à la fois sourd, muet et aveugle. La  polémique est (re)lancée entre les chantres de l’islamophobie pure et dure (dont Manuel Valls qui trouve là une occasion d’exister) et les partisans d’une approche plus mesurée et circonspecte. Le tout sur fond de débat laïque jamais fini.

A cette occasion on mesure à nouveau la difficulté  à comprendre les questions posées par l’islam : elle conduit à confondre islam et islamisme, à opposer tolérance et laïcité, à, au nom de la lutte légitime contre l'islamophobie, se laisser aller à une certaine complaisance pour une religion qui revendique haut et fort la suprématie de la loi de Dieu face à la loi des hommes (là où les autres religions ont mis une sourdine). Dans sa forme extrémiste, elle ne rechigne pas devant l’antisémitisme, elle n’aime pas beaucoup la liberté des hommes, pas du tout celle des femmes, et encore moins l’égalité. La porte est ouverte à la caricature que réactivent tous les incidents. Et comme le terreau social, et ses difficultés, le permettent, l’exclusion et le communautarisme font le lit de tous les aveuglements. Ils peuvent être porteurs de dérives tragiques, l’histoire malheureusement nous l’apprend. « Tous les autres » de mon titre trinquent.

Le peuple et la laïcité

Seule une approche critique est possible et nécessaire, c’est la compréhension du monde contemporain qui se joue là et la construction de la citoyenneté qui va avec. Nous devons nous défier des discours de l’outrance, dans la prise en compte des populations concernées pour ce qu’elles sont : le socle commun ne peut être que celui d’une laïcité rigoureuse qui laisse dans la sphère de l’intime les convictions religieuses pour  se concentrer sur le vivre ici et maintenant dans la solidarité, dans l’action collective pour maîtriser un avenir… qu’il faut sortir des obscurités des fanatismes. Il n’y a pas de laïcité dure ou molle : il n’y a qu’une laïcité large et offensive, portée par le peuple, qui peut et doit nous rassembler en laissant le surnaturel au ciel et la terre à ceux qui y vivent, qui tentent de le faire en construisant, souvent à main nue, la paix, la solidarité, la justice face à des « mamamouchis » qui ne font pas rire du tout.

Jean-Marie Philibert.

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