Tariq, Edwy, Charlie, Manuel… et tous les autres
Blague
à part ? Rire de tout ? Et aussi en pleurer, comme un certain mois de
janvier, à la mort d’une escouade d’humoristes chevronnés. Nous fûmes Charlie.
Depuis les fanatiques islamistes ont élargi leurs capacités destructrices,
semant le deuil, la désolation, ici, ailleurs, en aveugle. Et quelques temps
plus tard tout nous revient à la figure, à l’occasion des révélations d’une
victime de harcèlement sexuel par un islamiste « moins poussièreux
( ?) » que les autres, des polémiques qui s’ensuivent, de la
réactivation des différentes approches, de la volonté des Charlie d’enfoncer le
clou… Notre besoin de comprendre un peu quelque chose dans une polémique
compliquée et de tenter d’en appréhender les fondements idéologiques est
intact. Essayons…
Rappel des moments importants
Tariq
Ramadan, intellectuel musulman de haut vol ( ?), coqueluche des médias est
accusé par une de ses victimes d’une
tentative de viol, à partir de là une campagne prend son essor sur le thème
Tariq est un drôle de ouistiti à la libido galopante. Elles seraient nombreuses
à en avoir subi l’expérience… malheureuse, avant-après des conférences, dans
des chambres d’hôtel où elles auraient été invitées à poursuivre des
entretiens… philosophiques. Il n’en faut pas plus à l’équipe de Charlie pour
prendre part avec l’irrévérence que nous apprécions à la polémique et
proposer une Une caricaturant Tariq Ramadan aux prises avec une érection
phénoménale, digne d’un super Priape et se proclamant le 6ème pilier
de l’islam. Et d’un !
Et de deux, et de trois
Et
puis très vite, et de deux, Edwy Plenel, déclare au cours d'un entretien
télévisé quelque chose comme « La une de Charlie Hebdo fait partie d’une
campagne générale de guerre aux musulmans. »
On sait que le directeur de Médiapart a toujours souligné son souci de
ne pas confondre islam et islamisme radical et il a pu (justement ? injustement ?)
apparaître comme ouvert à l’approche philosophique de Tariq Ramadan. Du coup,
et de trois, le voilà la semaine suivante en une de Charlie, sous un titre bien
sûr ironique (et injuste???) AFFAIRE RAMADAN, MEDIAPART REVELE : ON
NE SAVAIT PAS, un portrait de Plenel que ses moustaches touffues rendent à la
fois sourd, muet et aveugle. La
polémique est (re)lancée entre les chantres de l’islamophobie pure et
dure (dont Manuel Valls qui trouve là une occasion d’exister) et les partisans
d’une approche plus mesurée et circonspecte. Le tout sur fond de débat laïque
jamais fini.
A
cette occasion on mesure à nouveau la difficulté à comprendre les questions posées par
l’islam : elle conduit à confondre islam et islamisme, à opposer tolérance
et laïcité, à, au nom de la lutte légitime contre l'islamophobie, se laisser
aller à une certaine complaisance pour une religion qui revendique haut et fort
la suprématie de la loi de Dieu face à la loi des hommes (là où les autres
religions ont mis une sourdine). Dans sa forme extrémiste, elle ne rechigne pas devant l’antisémitisme, elle
n’aime pas beaucoup la liberté des hommes, pas du tout celle des femmes, et
encore moins l’égalité. La porte est ouverte à la caricature que réactivent
tous les incidents. Et comme le terreau social, et ses difficultés, le permettent,
l’exclusion et le communautarisme font le lit de tous les aveuglements. Ils
peuvent être porteurs de dérives tragiques, l’histoire malheureusement nous
l’apprend. « Tous les autres » de mon titre trinquent.
Le peuple et la laïcité
Seule
une approche critique est possible et nécessaire, c’est la compréhension du
monde contemporain qui se joue là et la construction de la citoyenneté qui va
avec. Nous devons nous défier des discours de l’outrance, dans la prise en
compte des populations concernées pour ce qu’elles sont : le socle commun
ne peut être que celui d’une laïcité rigoureuse qui laisse dans la sphère de
l’intime les convictions religieuses pour
se concentrer sur le vivre ici et maintenant dans la solidarité, dans
l’action collective pour maîtriser un avenir… qu’il faut sortir des obscurités
des fanatismes. Il n’y a pas de laïcité dure ou molle : il n’y a qu’une
laïcité large et offensive, portée par le peuple, qui peut et doit nous
rassembler en laissant le surnaturel au ciel et la terre à ceux qui y vivent,
qui tentent de le faire en construisant, souvent à main nue, la paix, la
solidarité, la justice face à des « mamamouchis » qui ne font pas
rire du tout.
Jean-Marie
Philibert.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire