les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 13 novembre 2017

théâtre et amphi-théâtre


Pujolino et Lorentino

La ville de Perpignan bruisse à intervalles réguliers de propos peu encourageants quant à sa vitalité, son animation, son dynamisme. Face à face des élus (de droite) pétris d’autosatisfaction, qui sont aux commandes depuis tellement de lustres que cela ressemble à une dynastie, de père en fils, puis en héritiers désignés, (les mêmes à quelques variantes et quelques transfuges près), en face une population, partagée entre clientélisme, galère, abnégation et rouspétance, mais où la fibre politique et critique reste faiblarde. Les initiatives syndicales, sociales, culturelles y sont en général bien entendues, mais l’incapacité à intervenir politiquement sur les problèmes de la ville me semble, et je le déplore, notoire !

Ils agissent : aïe-aïe-aïe

Les municipalités, quasi identiques et successives, ont toujours été assez malines pour prendre les trains de la critique en marche et laisser croire qu’elles savaient écouter les concitoyens, les électeurs et les clients : il en va ainsi des récriminations devant la désolation qui depuis plusieurs années s’est emparée du centre ancien. Ils sont désolés. Ils ne sont pas responsables. Mais ils vont agir ! Ils agissent déjà… La preuve : le stationnement payant privatisé dont les tarifs flambent.

Le seul problème avec eux, c’est que plus ils agissent, moins ça se voit, à l’image du quartier de la Gare, quartier vivant et animé, facteur de mixité sociale et de commerces variés et bien tenus, devenu sinistre, désert, aux rideaux tirés. La vieille ville, Saint Jacques, Saint Mathieu, La Réal, Saint Jean, c’est du plombé dans la désespérance ! Même la Loge, la Place de la République : aux premières heures d’obscurité : courage fuyons !

Le pittoresque perpignanais

Je ne dénigrerai pas tout ce qui a été fait : l’Archipel est une réalisation et une institution intéressantes (mais à quel prix pour nos finances publiques), le nouveau musée n’est pas mal non plus… Mais quelques satisfactions ne font pas oublier des tonnes de déceptions, des réalisations plus que contestables, des parkings souterrains définitivement inondés, une dalle Arago insipide, des destructions à tout-va au mépris des règles, des jardins publics entretenus… quand on y pense, une gare-centre du monde en capilotade, une voirie pleine de trous et de crottes. Enfin des ghettos qui perdurent où l’habitat insalubre abrite toutes les détresses humaines. Et maintenant, en prime,  le vide urbain ! Le pittoresque perpignanais !

Mais tout ça c’est du passé ! Promis ! Juré ! Une nouvelle tramontane va balayer les miasmes de nos désespoirs. Perpignan va revivre, son histoire va ressusciter, son avenir va éclater. Vous allez voir ce que vous allez voir ! Que le spectacle commence !

Quel spectacle !

Sur la scène du théâtre (ou de l’amphi-théâtre), on ne sait plus très bien, deux duettistes, artistes italiens, Pujolino et Lorentino qui sont mondialement reconnus pour la maîtrise  du pipeau, pour l’autopromotion chronique, pour le baratin touzazimut, pour la prestidigitation, Ils sont à la fois complices et rivaux, ils adorent être aimés, courtisés et obéis. Ce sont des comédiens hors pair !

Oyez, bonnes gens,  la harangue de présentation de leur prochain spectacle (La ville est un théâtre, non un amphithéâtre) : « Perpignanaises et nais, Vous n’allez pas en croire vos yeux, grâce à notre géniale collaboration de maire et de président d’université, nous allons transformer, comme par magie, votre ville tristounette en cité de rêve super dynamique par l’implantation d’une jeunesse étudiante dorée, bien élevée, studieuse dans des locaux qui combineront le modernisme le plus extrême, les formes les plus surprenantes avec  les vestiges moyenâgeux les plus authentiques. Cette jeunesse-là, elle apportera le pognon, la beauté, la joie de vivre, la culture. Perpignan sera le nouveau Nice, le nouveau Cannes, le nouvel Avignon. Sur la scène du monde il faudra compter avec Perpignan-gnan-gnan. Parce que tout est théâtre ou amphithéâtre, nous serons tous sur scène, ensemble, pour le spectacle du siècle, l’apothéose de Lorentino et Pujolino ! »

Jean-Marie Philibert

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