Le vrai et le faux
Quand
parler « vrai » sonne faux... L’attention assidue aux propos de notre
fougueux président m’amène à retrouver ce que je crois être une constante de la
comm, comme on dit aujourd’hui : l’obsession d’être écouté, pris au sérieux,
cru, va inciter l’orateur à tout faire
pour avoir l’air le plus vrai possible, le plus proche possible de tous ceux
qui lui prêtent une oreille attentive. Il va jouer la carte magique, celle
de la sincérité absolue, du bon sens
incontournable, de l’évidence imposée que l’on ne peut que partager à moins de
passer pour le dernier des imbéciles ou pour un asocial indécrottable.
La comm
est devenue une science avec ses gourous, ses faiseurs de rois et ses escrocs.
Mais patatrac ! Il arrive plus souvent qu’on ne le croie, que la cible soit
ratée et parler vrai sonne faux.
Nous rouler dans la farine
Quoiqu’il
en ait dit, vous vous êtes aperçu que le Macron, même s’il n’utilise pas
exactement les mêmes recettes que ses prédécesseurs, met tous les atouts de son
côté pour rouler dans la farine ceux qui l’écoutent, c’est-à-dire les bons
français que nous sommes. Les vœux 2018 en apportent une nouvelle preuve
éclatante !
Reprenons
quelques péripéties de la stratégie
médiatique de ces derniers mois pour en percevoir les constantes.
Le soir
de l’élection, la promenade au Louvre, haut lieu de la monarchie s’il en
est, accompagnée de quelques manants,
dans la perspective de la pyramide de verre qui chapeautait l’impétrant comme
un signe tombant du ciel, a donné le la : nous sommes avec du surnaturel,
nous sommes avec Jupiter soi-même, nous sommes au-delà des partis. La
grandiloquence, la symbolique du cérémonial seront tempérées par le convenu du
propos, avec le souci de gagner les législatives qui vont suivre. Macron joue
régulièrement sur les oppositions.
Quand
la victoire fut totale, la droite et la gauche en partie atomisées, Jupiter est
remonté sur son Olympe pour dire qu’il serait avare de ses propos, qu’il ne
parlerait qu’avec parcimonie, qu’il fallait faire attention avec les
journalistes. Pour cela il s’est empressé de choisir… les plus dociles. Et de
profiter de sa nouvelle fonction, de la complaisance de journaux pipoles
multipliant les unes à son sujet (sans politique bien sûr !) pour exister.
Pour notre bien
Mais la
côte de popularité a très vite donné des signes de fatigue, d’où un changement brutal
de stratégies, le muet est devenu bavard, au point de s’inviter de façon très
impolie dans la petite lucarne, donc chez nous, pour nous expliquer que le
peuple l’ayant élu, il est le peuple, il peut donc casser le code du travail,
supprimer l’impôt sur la fortune, réduire les APL, taxer les retraités, et rester ce qu’il n’a jamais cessé d’être un
parvenu au service des tous les parvenus. Le tout accompagné de quelques
méchancetés pour les fainéants qui n’aiment pas les réformes et qui contestent
son autorité. Pour notre bien bien sûr !
Parce
qu’il n’aime pas du tout qu’on regimbe. Sous le sourire lisse, il y a le regard
dur de celui qui veut être obéi et la réplique alerte de celui qui veut être
écouté. Le caporalisme n‘est pas loin. La constitution de la 5° république lui
ouvre toutes grandes ces portes-là. Pour nous endormir et faire moderne, il ne
lui reste plus qu’à nous balader dans l’Elysée en compagnie de Laurent
Delahousse, tout miel, pour nous expliquer que tout ce qu’il fait est plus que
bien et qu’il va continuer. Merci les communicants !
En 2018
Les
bons vœux 2018 sont du même acabit avec une légère inflexion sociale. Il faut
sortir de l’image de président des riches, réactivée par ce qui me semble être
d’une outrecuidance impensable, les quarante ans fêtés dans le château de
Chambord. Donc sobriété, sous un tableau vantant la fraternité, une référence
répétée à la cohésion, à l’unité du pays, à l’efficacité, à l’humanisme, à
l’Europe, à l’engagement de tous et chacun pour la France. Ça ne mange pas de
pain ! Mais la poursuite des « réformes » est réaffirmée avec
force, les opinions contraires seront entendues, mais écoutées ? Rien
n’est moins sûr. Il a promis un toit pour les sans-abri et la reconduite à la
frontière les immigrés illégaux Rien de nouveau. Les promesses et les coups de
bâton. La justice sociale, la solidarité, le progrès social sont des notions qu’il ne
connaît pas. Il a beaucoup dit : « Je… Je… Je… ». Ça il
connaît ! Il a fait le job, comme on dit en Rotschillie. Il a sonné creux
et faux ! Ça vous étonne ?
Jean-Marie
Philibert.
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