les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 25 septembre 2018

raisons du mécontentement


Les raisons du mécontentement

Les raisons du mécontentement : on peut les prendre en bloc ou en détails, les résultats sont les mêmes. Elles prolifèrent. Il n’y a que les néo-députés En Marche-vers-le-précipice qui ne voient rien. Nombre des électeurs de Macron ont maintenant compris que les fruits ne tiendront pas les promesses des fleurs, d’autant que les promesses passent à la trappe les unes après les autres. Le tout agrémenté d’un mépris affiché pour le peuple… inculte, réfractaire au changement, incapable de traverser la rue pour chercher un boulot. Il n’y a pas un domaine où puisse se sentir le moindre soupçon de satisfaction : les chômeurs chôment toujours autant et en plus ils sont accusés d’être responsables de ce qu’il leur arrive, les précaires, loi-travail oblige, ont maintenant la loi contre eux, les salarié(e)s ont perdu jusqu’au souvenir d’une augmentation, les retraité(e)s perdent- perdront toujours plus de leur pouvoir d’achat, de leurs droits, de leurs espoirs ( mais promis-juré on ne les emmerdera plus !), les jeunes sont bouté(e)s par charretées entières hors de l’université ( merci Parcours-sup !), la mort de la sécu n’est plus un rêve dans les milieux gouvernementaux et patronaux, quant aux services publics ( voir ci-contre) toutes les réformes mises en œuvre,  préparées, évoquées sont toutes un laminage de l’état de droit, qui est pourtant la protection essentielle de ceux qui n’ont rien….

Face à cette déferlante, pas d’autres issues, que la bataille, pied à pied, que le rassemblement, que la convergence, des luttes, des actions. Le département bouge. Le 9 octobre le pays bouge, le 18 les retraités bougent encore, et ce n’est pas fini. Sans doute faudrait-il espérer la dimension unitaire la plus large possible : du chemin reste à faire ! El pueblo U-NI-DO…

JMP

lundi 24 septembre 2018

Métaphores encore et toujours


Métaphores, encore et toujours…



Il faut souvent se méfier des métaphores ou des expressions toutes faites qui sur le moment vous donnent le sentiment de régler avec facilité des problèmes ardus et de clouer le bec à vos contradicteurs. La langue est pleine de pièges  et bien malin celui qui croit pouvoir les déjouer avec facilité.

Deux exemples dans l’actualité toute proche apportent de l’eau à mon moulin.



Exemple 1

Rappelez-vous la métaphore de l’archipel que Jean-Paul Alduy, quand il fut maire de Perpignan, a mis à toutes les sauces en faisant un archipel de notre ville, de ses quartiers disparates, des communes qui l’entourent, de l’agglomération que tout cela est censé composer et dont il était le grand manitou.

Cela avait la saveur de l’exotisme, le charme de la mer, la liberté, le calme des îles. Dans un archipel, chaque île a sa personnalité, vit sa vie tout en étant en lien avec les autres. Dans un archipel entre les îles existent des frontières naturelles qui font que même si l’on peut se visiter chacun reste chez soi et que si des échanges existent ils ne remettent jamais en cause la structure de la population.

L’île Saint Jacques sera fidèle à elle-même, certains quartiers du Nord de Perpignan seront « compliqués », les beaux quartiers le seront toujours, les faubourgs populaires aussi et garderont surtout  leur populaire pour eux, quant aux îles éloignées, elles ne troubleront que faiblement l’atmosphère de la vénérable cité.

Au lieu de travailler à la mixité sociale,  à la rénovation,  au lieu de s’attaquer aux divisions sociales, à la ségrégation, à la construction d’une cité solidaire, par-delà ses différences, en un mot au progrès, Jean Paul Alduy rêvait de nous voir rester chacun dans nos îles, de préserver le statu quo et la rente politique que son père lui avait léguée.

La métaphore des îles a bon dos. Quelques années après, remords ? Repentir ? Ou peau de banane pour ses successeurs ? Il s’étonne dans un livre, présenté dans la presse que cela n’ait pas marché. La magie des mots a ses limites, surtout quand on s’adresse  à des concitoyens qui ne sont pas nécessairement des imbéciles.





Exemple 2

 Ce même principe s’applique à la dernière expression que le Jupiter qui nous gouverne mal a trouvée pour régler le problème du chômage. A un jeune homme ayant suivi une formation en horticulture et qui lui faisait part de ses difficultés à trouver un emploi, du haut de sa suffisance ne voilà-t-il pas qu’il lui dit que pour travailler il suffit de traverser la rue, de demander au bistroquier qui est en face un boulot et le tour est joué, vous n’êtes plus chômeur. Sous-entendu il ne faut pas être une grosse feignasse, il faut accepter n’importe quoi, à n’importe quel prix, il faut être souple, malléable, prendre la société comme elle est et surtout, surtout ne pas chercher à changer. Y a-t-il un geste plus simple que celui de traverser une rue ? Il y a donc en France des millions de gens qui sont incapables de traverser une rue.

On mesure l’échec patent de notre système éducatif où on met un pognon de dingue pour enseigner des matières qui ne servent à rien et où on n’apprend pas à repérer les passages piétons et à traverser les rues à des jeunes qui manquent vraiment d’ambition.



Esprit critique

La réaction populaire devant l’inanité d’un tel propos me convainc que dans mes années d’enseignement j’ai bien fait de privilégier l’apprentissage de l’esprit critique, à l’étude des règles de la circulation urbaine.

L’esprit critique est celui qui déjoue les pièges des mots, des métaphores séduisantes,  des lieux communs imparables, des conseils à deux balles.

D’autant que la métaphore de la rue est d’une richesse incommensurable : la rue, c’est la vie, la rencontre, le lieu d’expression, de respiration d’une société. La rue, c’est ce qu’il nous reste quand on a tout perdu. La rue, on y exprime nos colères, nos révoltes, nos espoirs... On a tout intérêt à y descendre, à y redescendre, à y reredescendre, non pas pour la traverser, mais pour y rester, pour la prendre, pour s’y répandre les plus  nombreux possibles dans la multiplicité d’un peuple divers.

Jean-Marie Philibert.

lundi 17 septembre 2018

l'horizon indépassaple


L’horizon indépassaple ?



Perpignan-gnan-gnan… Je pense que cet atavisme-là, la résurgence référentielle et systématique du milieu originel, n’est pas une spécificité locale, il est copieusement partagé par tous ceux qui ne sont pas grand-chose et qui rêvent d’être plus que rien. Ils sont légion ! Pour exister !

Ce syndrome nous touche d’autant plus fort que la ville est tout ce qu’il y a de plus périphérique, à l’extrême sud de la France, loin de centres économiques  attractifs, marquée par une histoire originale, mais relativement méconnue, aux mains de politiques qui n’ont jamais cherché l’ouverture maximum  et qui lui ont systématiquement préféré le repliement sur soi, souvent vécu comme une garantie de préserver leur pré-carré. Et en plus avec de l’autre côté de la frontière, une grande sœur qui ambitionne de devenir une nation à elle toute seule : elle nous fait envie, mais on n’est pas en mesure de rivaliser.

Une croyance fantasmagorique

De là, la surestimation de ce que l’on est, un mépris quelque peu affiché pour ceux qui n’en sont pas et la croyance fantasmagorique, comme il disait, le divin Dali, à se prendre pour le centre du monde. La preuve par la Gare de Perpignan.

Il est vrai que les atouts du département, de la ville, de sa culture, de son histoire, de ses paysages, de son art de vivre, de sa joie de vivre ne sont pas négligeables et l’on se rend compte en cette fin de période touristique qu’ils sont attractifs, qu’ils font des envieux, qu’il y aurait presque de quoi être fiers.

Mais Dali s’est moqué de nous, et de lui, dans une paranoïa catalano-centripète qui a fait une partie de sa gloire et un peu de notre orgueil.

Rigaud/Dufy/Perpignan/gnan/gnan

Mais ma visite au musée Rigaud où se tient une exposition fort intéressante et instructive sur Raoul DUFY amène mon mauvais esprit à regimber devant cette vision des choses  qui se limite à notre horizon immédiat.

D’abord le plaisir… Des formes, des dessins, des couleurs. La richesse d’une vision du monde dont l’enthousiasme tranche quand même avec la rigueur des temps : on est autour de la seconde guerre mondiale quand DUFY s’installe à Perpignan. Il nous donne une leçon de vie dans les ateliers successifs qu’il occupe dans la ville et dont il fait les sujets de ses tableaux, dans les paysages, dans les scènes de ville, dans les portraits qu’il dresse.   Quand il peint le carnaval en 1946, il éveille notre imaginaire : la vraie vie serait-elle là dans l’évocation artistique d’une exubérance de la vie par un artiste sexagénaire, qui souffre de rhumatismes, mais qui veut nous convaincre que la vie vaut la peine d’être vécue, que l’art est là pour la transfigurer. Celle qu’il vit ici entouré de ses amis catalans est de cet ordre-là et il nous la fait partager. C’est réjouissant, comme est réjouissante la place prise par la ville, le département, dans cette explosion de l’art moderne au XX° siècle.

Mais

Mais, et c’est là que mon mauvais esprit critique éveille mon humeur chagrine : en 2017, nous avons eu droit à une intéressante exposition intitulée PICASSO PERPIGNAN, en 2018 DUFY LES ATELIERS DE PERPIGNAN : Perpignan et sa périphérie seraient-ils les horizons indépassaples de la peinture montraple. Je crains que ces premiers choix opérés témoignent avant tout d’une vision étriquée de l’art dont il est important qu’une institution muséale se départisse. L’art, la peinture en particulier,  touche à l’universel, même s’’il est le produit d’une terre. Il ne peut pas se laisser enfermer dans quelque microcosme que ce soit. Notre Catalogne est un lieu de brassage, de passage, de rencontre, de solidarité, d’ouverture : nous sommes, serons,  d’autant plus nous-mêmes que nous ne l’oublierons pas. Dans tous les domaines.

Jean-Marie Philibert.

mercredi 12 septembre 2018


Tordu et raide…

Etre tordu et raide à la fois, c’est possible : la preuve par Manuel Valls.

Rappelez-vous ces traits avenants ! Pendant sa participation au gouvernement il semblait énervé par tout, il portait sur le monde un regard agressif. Son port altier n’était que le signe de sa suffisance et de sa volonté de paraître un grand homme. Voilà pour la raideur…

Quant à son aptitude à la torsion : il n’a pas ménagé ses efforts pour éjecter François Hollande qui en avait fait son premier ministre. Il est allé ramper devant Macron… et maintenant il se compromet sans scrupule avec la droite espagnole, et même au-delà, il joue les amoureux transis avec une riche industrielle pour tenter de devenir maire de Barcelone. Une caricature. La politique telle qu’on la déteste…

lundi 10 septembre 2018

lagauche: la fête ?


La gauche : à la fête ?

La gauche ? Où ? Quand ? Comment ? Pour quoi ? Pourquoi ? Et surtout qui ?

Sommes-nous condamné(e)s à ne subir que des politiques de droite au point que droite et politique sont synonymes ? Qu’avons-nous fait au bon dieu, à Karl Marx et à ses saints pour qu’il nous oublie ainsi ? La gauche est-elle pensable ? Encore ? Le monde était en partie rouge. Il est devenu ici ou là quelques temps rose. Et puis sans couleur, sans saveur, sans perspective. La gauche au rancart ! Eclatée ! Aux oubliettes ! Le choix : Orban ou Macron ?

Et bien sûr, ça va avec. Le droit du travail saccagé, l’emploi en berne, la précarité généralisée, les salaires étouffés, les retraites pressurées, la sécu dans les choux, les services publics rongés, les hôpitaux étouffés, les fonctionnaires honnis, les syndicats méprisés.

Le patronat ravi : il n’en demandait pas tant.

Déboussolé ?

Le citoyen est déboussolé, il ne croit plus à rien.  Le tableau n’est pas que franco-français. Les peuples sont dans la panade et les pouvoirs en place tentent de se survivre, en s’inventant des menaces migratoires insurmontables, en nourrissant les racismes, , en se cherchant des ennemis de l’intérieur, en cadenassant la démocratie, en faisant le lit des populismes, en se la jouant à la Bonaparte, moi-je, en nous bourrant le crâne et en nous prenant pour des imbéciles.

L’enterrement de la gauche est dans les cartons : il faut le remettre sans cesse au goût du jour pour asservir toujours un peu plus le peuple. Tous les relais sont sollicités, payés, engraissés, choyés. Ils sont nombreux pour quelques gratifications à y participer, y compris contre leurs propres intérêts de classe.

Le gros mot

Arrête, tu viens de dire un gros mot ! La lutte des classes, mais vous n’y pensez plus, elle est morte et enterrée. Et beaucoup des grands naïfs qui nous entourent le croient alors qu’ils la subissent sans discontinuer (voir plus haut le deuxième paragraphe). Il est si facile de fuir le réel, surtout quand il nous chagrine, surtout quand le monde médiatique nous berce d’illusions et de mensonges, nous enferme dans la guignolade politicienne.

 Il est peut-être possible que tous ceux qui se réclamaient, qui se réclament encore de la gauche aient tardé à prendre conscience des mutations sociales, politiques en cours, des dérives vers la droite, y compris la plus extrême pour engager le fer idéologique, culturel et osons le mot philosophique contre un tournant dangereux qui peut nous être fatal. Selon l’adage, il n’est jamais trop tard…

Pas trop tard

Je pense que nous n’avons plus le choix, que personne d’autres que les tenants d’une gauche, solide,  pluraliste, de progrès social, inscrite dans la lutte des classes, œuvrant pour de profondes transformations sociales ont à se retrousser les manches et à faire le travail collectif, d’éducation populaire et politique. Les moumous, les roses très pâles, les syndicalistes assis, les yakas et fauquons, n’y comptons pas. Ils sont en partie responsables de ce qui nous arrive.

Avançons avec les déterminés, ceux qui ont la justice, la solidarité, la démocratie, chevillées au corps.   Ils sont divers : qu’ils le restent. Ils sont concurrents : qu’ils se respectent. Au-delà des finalités de chacun, pas nécessairement identiques, que leur crédibilité trouve son assise sur leur rapport intime  au peuple qu’il est urgentissime de mettre en mouvement. Bougeons-nous, mes amis, mes camarades. Débattons donc sans œillères. Ce mouvement sera le meilleur outil de formation collective pour réinventer le combat de classe. Toujours ce gros mot qui fâche ! Nous allons l’entendre souvent à la fête de l’Huma, la fête de la gauche, la fête du peuple ce week-end.

Il ne peut que faire du bien !

Jean-Marie Philibert.




dimanche 2 septembre 2018

la rentréedans les PO.


La rentrée dans les P.O.

Il y a de cela presque vingt ans : c’était en 2000 l’académie avait bénéficié d’un plan de rattrapage, en termes de postes, aussi bien pour les écoles, que pour les collèges et les lycées. Le département avait eu son lot qui avait permis d’’inverser une tendance constante aux suppressions, aux effectifs lourds et aux subterfuges pour faire face aux besoins. C’est fini et bien fini !

Dix-huit ans après, ces moyens ont été progressivement rognés : nous sommes dans le département aussi mal lotis que tous les autres. Chaque année les effectifs augmentent… et le nombre de postes diminuent, ou n’augmentent pas en proportion. Ce qui pèse sur les conditions de travail des élèves, comme des personnels.

Collèges

Ainsi dans les collèges des P.O il y aura  plus de 460 élèves supplémentaires, pour y faire face le ministère, le rectorat donnent largement 220 heures, alors qu’il en faudrait trois fois plus pour maintenir le taux d’encadrement au même niveau. Ce qui entrainera des difficultés à Pons, Sévigné, Jean Moulin, Thuir, Elne Toulouges, Millas (en hausse). Mais ceux qui perdent des élèves ne seront pas épargnés, puisque on leur a fermé des postes.

Lycées

Les lycées des PO voient leurs effectifs baisser et par la même occasion leur dotation est sur la même pente : Picasso, Lurçat, Argelés, Arago sont particulièrement concernés. Quant à la réforme qui se met en place et qui visent ni plus ni moins qu’à dynamiter la cohérence des différentes filières, les élèves qui entrent cette année en seconde (qui pour le moment ne change pas), devront pour la première et la terminale choisir un enseignement en grande partie optionnel et passeront un bac « ligth », à la carte, qui ne leur assurera pas la moindre place dans l’enseignement supérieur.

Les écoles

Dans le premier degré, la grande promesse de Macron, dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et en REP +, se met progressivement en place. Mais comme les dotations sont insuffisantes : il faudrait pour l’académie de Montpellier 290 postes et il n’y en a que 121, cela signifie que les effectifs des écoles qui ne sont pas REP ou REP + seront alourdis puisqu’on y aura prélevé les postes nécessaires aux dédoublements promis pas Macron. IL aurait fallu pour le seul département 55 postes : seulement 36 postes ont été attribués. Ce qui signifie qu’il a fallu aller chercher des postes dans le secteur rural et dans les classes maternelles : rappelez les batailles homériques de l’hiver dernier pour sauver des postes dans les campagnes.

C’est une pratique bien connue dans l’éducation, que l’on aimerait sentir beaucoup plus nationale : on déshabille tout le monde pour bien mal habiller quelques-uns.

Jean-Marie Philibert.

réfractaire


Monsieur Macaronix, Chef des Gaulois,

Vous venez depuis la capitale du Royaume du Danemark de dénigrer comme vous le faites souvent lorsque vous êtes à l’étranger, l’ensemble des membres de la peuplade dont vous faites partie et qui, malheureusement, vous a confié quelques responsabilités. Les Gaulois que nous sommes seraient irrémédiablement réfractaires aux réformes. Et vous le déplorez devant des Vikings ébahis !

Billevesée

Je crois comprendre que nous sommes là confrontés à une tendance lourde de votre personnalité qui (serait-ce le fruit de votre formation d’énarque), consiste à se croire supérieur au monde entier, à mépriser le vulgus pecum qui vous entoure, à considérer l’égalité des êtres humains, comme une broutille inutile, et le respect qui est dû à chacun, comme une billevesée. Vous vous autorisez donc à dire n’importe quoi, dans la mesure où ce n’importe quoi émanant de votre auguste personne, ne peut être qu’une vérité révélée pour tous. Vous réinventez l’infaillibilité papale. Normal, François n’est que le représentant de Dieu ; vous vous êtes dieu-soi-même, un dieu de l’Olympe. Mazette !

Le fondement

Je m’autorise pourtant une mise en garde au cas où vous croiriez que notre dévotion vous est définitivement acquise.

Vous avez lu les leçons de l’histoire, vous avez fréquenté les philosophes, vous avez une petite expérience politique ; n’avez-vous jamais remarqué que personne, aussi haut soit-il dans la hiérarchie des puissants, n’est à l’abri d’un coup de pied au cul, symbolique ou réel, qui peut douloureusement meurtrir son fondement et justement remettre en cause tous les fondements de ce qu’il croit plus vrai que vrai ?

Pour vous éviter d’élucubrer dans tous les sens lors de vos prochains voyages loin de la Gaule, je vous liste avec exactitude ce à quoi le Gaulois que je suis est réfractaire. Je vous prie de vous y tenir.

Réfractaire donc !

Par exemple, je suis totalement réfractaire aux blancs becs suffisants.

Je ne supporte pas les gens qui ont du toupet et tous ceux qui nous bourrent le crâne de mensonges éhontés.

L’outrecuidance des puissants est pour moi une agression innommable, tout comme l’injustice sociale.

J’y suis donc réfractaire, comme je suis réfractaire à tout pouvoir usurpé.

Je suis absolument réfractaire à la droite et à son extrême, je le suis aussi au centre et à la frange de la gauche qui ne sait regarder qu’à droite.

Je n’accepte et n‘accepterai aucun retournement de veste : le traître est un criminel.

Le courtisan est un imbécile, je suis donc réfractaire à toutes les formes de courtisanerie.

Par contre, les plaisirs de la vie, la solidarité, les manifestations de rue,  la complicité des êtres chers j’en redemande tous les matins.

Prière donc dans vos incartades prochaines de me prendre pour ce que je suis et de considérer chacun de mes frères gaulois avec le même respect.

Ce respect-là peut vous aider à préserver votre fondement.

Jean-Marie Philibert