De la
sidération médiatique
Lundi 15 avril, à 18 heures quand il enregistrait pour la
télé son message sur les décisions prises à l’issue du grand débat, même du
haut de sa suffisance, il n’était pas très sûr de lui.
« J’ai dit à Philippe de faire monter la pression, de
jouer les bateleurs, vous allez voir ce que vous allez voir ! Et
puis maintenant quand je regarde ce que j’ai à dire… pas grand-chose, je me dis
que ce serait bien de retarder encore un peu
les échéances. Jupiter, fais quelque chose »
Jupiter
fait
Et Jupiter a fait, il a foutu le feu à Notre-Dame de Paris !
« Les dieux sont avec moi ! Un petit coup
d’émotion nationale, suivi d’un grand coup d’union nationale, le tout précédé
d’un grand moment de télévision en « live » pour des millions de
concitoyens et je pourrai peut-être faire oublier que je n’ai rien compris, que
je ne veux rien comprendre, que je ne veux distribuer que quelques miettes … »
Vous avez bien compris qu’on est là dans la pure
politique-fiction, que notre vénéré président n’est pour rien dans les malheurs
de Notre Dame. Vous trouverez peut-être que mon humour est mal placé, que
l’incendie de Notre-Dame est un drame national. Vous avez raison ! C’est
l’emblème de Paris, le cœur de notre histoire, un lieu qui semblait plus fort
que le temps, une merveille architecturale qui
représentait l’honneur, le génie et
la sueur des hommes qui l’avaient conçue et construite, une tentative
séculaire de conquérir le ciel (pour y
rencontrer dieu dira celui qui y croit). Je pense ce que j’écris, vous n’en
doutez pas.
Cela part en fumée, sous nos yeux, en direct «live». C’est de
ce «live» que je veux parler. Le rapport avec Macron : du pur hasard…
heureux ( ?). On verra.
Couverture
exceptionnelle pour événement exceptionnel
Notre Dame, une couverture médiatique exceptionnelle pour un
événement du même ordre : toutes les chaînes y sont, dans un consensus
absolu du cadrage, pour tous, la même image du toit brulant de Notre Dame. Et
pratiquement rien à dire. On fait donc appel à des experts, pompiers, hommes
d’église qui n’ont aucune information à donner. L’envoyé spécial sur place dit
qu’il ne sait pas grand-chose. Il interroge des témoins qui font part de leurs sentiments.
L’émotion, mais le vide. Vite, « heureusement » une image marquante,
la flèche de Notre dame s’embrase, s’effondre. Le pathos est à son comble. On
commente le vide.
Mais pas pour rien, pour construire un récit qui est celui du
roman collectif et national, l’histoire de la France catholique devient
l’histoire de tous les Français : les interventions politiques peuvent
commencer, accompagnées par les riches et généreux donateurs. Elles sont tout à
fait à leur place. Sans aspérités. Elles iront toutes pour la plupart dans le
même sens d’un abandon de tout esprit
critique face à une société du spectacle, fût-il dramatique. Le but est
atteint.
On est à mile encablures du grand débat, on en oublie les
impératifs de la préservation du patrimoine, les faiblesses des budgets qui y
sont consacrés. On ne s’interroge même plus pour savoir si le drame aurait pu
être évité.
La sidération médiatique produit ses effets.
Macron n’y est pour rien.
Mais la fatalité lui offre un répit.
Jean-Marie Philibert.
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