les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 7 avril 2019

les yeux ouverts


Les yeux ouverts…

à Perpignan, comme ailleurs



Anna Karina, actrice fétiche de la nouvelle vague, c’était hier, est à Perpignan pour Confrontation , devinez une de ses premières paroles lors de la rencontre avec le public : « Vous habitez une bien belle ville ». Oui ! Nous habitons une ville qui a d’innombrables atouts, nous la connaissons, nous les connaissons, malheureusement nous avons pu observer comment, progressivement, mais sûrement, depuis toutes les municipalités de droite qui furent aux commandes depuis belle lurette, ils furent « oubliés » quand ce n’est pas détruits à petit feu, ou même brutalement.


Du saccage du patrimoine

Commençons par là, c’est une actualité brûlante-branlante, un très vieux quartier populaire, Saint Jacques, riche d’une histoire séculaire, riche d’une architecture mêlée, diverse, somptueuse parfois, quartier qui fut à la fois industriel, populaire, bourgeois, cosmopolite : dire qu’il a été oublié est un euphémisme pour taire que l’on en a fait un ghetto, souvent insalubre où il semble que la seule issue serait une destruction massive pour une boboïsation juteuse. La municipalité de Pujol est à la manœuvre, elle est si sourde aux revendications de réhabilitation qu’Alduy, le fils, qui est aussi avec son papa, responsable  du gâchis, dit publiquement qu’il faut réhabiliter.

A l’incurie généralisée

La ville historique qui pourrait être un joyau très attractif pour un tourisme à développer, et donc très dynamique économiquement, est laissée en déshérence, des rues entières sont sinistrées.  Plus de marché public urbain, un habitat profondément dégradé. La seule réponse actuelle consiste à envoyer des armées de balayeuses-arroseuses inonder le tout chaque matin pour donner l’illusion de la propreté. L’atout de la ville, c’est sa situation géographique : le sud, la mer. Mais aussi, sa personnalité, sa culture, sa langue, ses traditions, sa population (observez l’attachement historique aux équipes sportives qui en atteste, même quand certaines ne brillent pas beaucoup), son rôle agricole, sa situation frontalière. Un maillage médical, éducatif attractifs. Une attirance forte pour ceux qui la découvrent et s’y installent. A condition de ne pas les assassiner fiscalement. Ce qui fait fuir ces populations nouvelles à la périphérie.

Par manque total d’ambition

Le patronat local, les milieux économiques « responsables » sont bien souvent prisonniers d’une recherche rapide, sonnante et trébuchante, de plus-values  à faire : ils n’ont qu’une vision utilitariste et à courte vue de la politique municipale à mener. Les projets portent le plus souvent sur les zones commerciales périphériques à développer de façon exponentielle sans se rendre compte qu’elles sont mortifères pour la ville. Quant à une éventuelle possibilité de réinsdustrialisation, c’est devenu un gros mot qui fait fuir tout le monde : comme si l’on avait peur que cela tourneboule les situations acquises et sans doute juteuses des hobereaux locaux, si bien habitués à vivre de leur rente. Et pourtant pas loin d’ici, à Montpellier, par exemple, ces évolutions-là se sont produites.

D’où l’impasse

Pas étonnant, que dans un sondage récent, le maire sortant et ses affidés soient donnés battus dans tous les cas de figure. Plus étonnant qu’arrive en tête ALIOT du Rassemblement National qui est élu dans l’opposition au conseil municipal, mais qui ne propose rien de bien différent si ce n’est une dose supplémentaire de xénophobie, son fonds de commerce. Romain Grau serait sur le podium, il s’inscrit dans une tradition locale bien ancrée depuis des lustres, le retournement de veste, du PS à la droite pour rejoindre Macron. Le modèle est à l’Elysée. Mais aucune des têtes de liste avancées ne semble en mesure de l’emporter. Quant à leur projet pour la ville, en dehors de celui de s’asseoir sur le fauteuil du maire, le vide sidéral.

Ou l’espoir

Quant à la gauche, avec les noms déclarés ou pas, elle fait pâle figure ; et pourtant si l’on additionne les opinions qui se déclarent en leur faveur, on constate qu’elle pourrait décrocher la timbale, si chacun sortait de son pré carré, de ses seuls intérêts partisans, si un projet était collectivement construit avec les populations concernées, si les valeurs de justice sociale, de solidarité, de vie démocratique, de lutte contre la précarité et l’exclusion, s’inscrivaient dans des perspectives crédibles, si la conviction que personne n’a raison tout seul, que le rassemblement de ceux qui ont des intérêts communs prenait le pas sur la dérive des egos surdimensionnés. Si, dès maintenant, on travaillait ensemble à construire un espoir. Lucidement.

Il serait temps que la lucidité redevienne une vertu politique.

Plutôt que de se jeter dans les bras de n’importe qui. Pour éviter la peste ou le choléra, ouvrons les yeux !

Jean Marie Philibert

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