Répression/Contorsion/Subversion
Du quartier Saint Jacques à
Londres, de Paris à Bruxelles, de samedi en samedi, des gilets jaunes
aux gilets rouges, verts et arc-en-ciel, le déficit qui nous plombe est
toujours le même : une maladie démocratique chronique qui rend les états
et l’Europe sourds à l’expression des besoins sociaux, avec toutes les
contorsions politiques qui les accompagnent et avec les entreprises de
répression qu’il faut pour que l’ordre règne (presque !).
Répression
La répression ! En France, dans la dernière période, la
police de notre cher pays a dû balancer, en quelques semaines, plus de
grenades, de balles (en caoutchouc pour le moment), de coups de matraques que
pendant les dernières dix années. Et que je te crève un œil, et que je
t’arrache une main, et que je t’empoisonne à la lacrymo. Je suis très surpris
que beaucoup de ceux qui se réclament de la démocratie aient la langue coupée,
le regard ailleurs (vers le Vénézuela par exemple). Comme si ce qui se passe
ici ne relevait pas des mêmes exigences démocratiques. Une dernière remarque
locale sur la répression, elle est très locale, mais a du sens. Dans ma vie
d’avant, celle de prof, j’ai connu, accompagné, « canalisé », même
parfois, nombre de manifs de lycéens et étudiants, à Perpignan, pendant trente
ans je n’y ai vu aucun coup de matraque ; il faut atteindre l’ère de la
Macronie, au mois de décembre dernier, pour voir des robot-cop taper, ici, sur des jeunes, les gazer pour éviter qu’ils
aillent grossir les rangs des gilets jaunes. Même la police municipale de la
ville dont ce n’est pas le rôle avait
été réquisitionnée. C’est dire l’urgence ! Je reste persuadé de l’inefficacité
de la méthode et de ses effets boomerang, voir l’affaire Geneviève Legay,
retraitée pas sage.
Contorsions
Ensuite, pour faire passer la pilule, pour laisser croire que
l’on maîtrise la situation, pour défendre la démocratie et pour avaliser
l’espérance d’une république en marche vers un monde nouveau, nos grands hommes
locaux nationaux, internationaux, usent et abusent de la contorsion. Il y a les
toutes- petites contorsions risibles, Jean-Paul Alduy qui reproche à Pujol de
vouloir détruire Saint-Jacques, comme s’il n’avait pas sur les bras, en tant
qu’ancien maire, quelques coups de
pelleteuses malheureux. Et il y a la méga contorsion, celle de Jupiter
lui-même, qui, dans le même temps qu’il bave sur son peuple, d’imbéciles
gaulois ou de retraité(e)s exité(e)s qui n’ont pas la sagesse de se retenir de
manifester, se présente en grand chef des progressistes, en apôtre de la
modernité face aux méchants populistes d’ici et d’ailleurs. IL enlise la France
et il prétend sauver l’Europe. Comprendra qui pourra ! La contorsion est
aussi internationale, Theresa May en fait quotidiennement la démonstration,
Brexit, no Brexit, deal, no deal… elle fait peine. En descendant par millions
dans les rues de Londres les citoyens lui ont rappelé que le peuple existe et
qu’il serait bon de l’écouter.
Subversion
Ecouter le peuple…pas seulement par les arcanes étroits
d’institutions représentatives que des pratiques dilatoires, bureaucratiques,
qu’un trop plein de manœuvres politiciennes ont rendues en grande partie
inopérantes et peu crédibles. Pas seulement par un grand débat où la seule
vérité admise est celle qui tombe du ciel. Pas seulement dans les opinions
manipulées par la téloche ou internet.
Beaucoup plus simplement dans le monde du travail, dans les
services publics, dans le quotidien des communes, aux portes des écoles, dans
les services sociaux, dans les manifestations publiques, sur des gilets jaunes
aussi, dans la rue, dans les mots du quotidien.
Le peuple et les citoyens qui le composent expriment une
inextinguible soif de vivre décemment avec la juste part de richesses produites
et le respect qui va avec.
Il est plus qu’urgent de l’assouvir.
Mais c’est une subversion !
Jean-Marie Philibert.
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