les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 29 avril 2019

Pour une économie hérétique


Pour une économie hérétique



Parmi les caractéristiques de notre temps, il en est une qui me chagrine plus que les autres, c’est notre incapacité à entrer sans retenue et sans faux fuyants dans quelque débat politique que ce soit, aussi bien dans la sphère publique, que dans la sphère privée. Certes dans la sphère publique les chaînes de télé multiplient les initiatives, mais le plus souvent ce sont les mêmes ostrogoths qui viennent s’aligner devant les caméras pour dérouler un discours convenu, plus fait pour brouiller les pistes que pour les éclairer, et surtout pour ne rien dire de ce qui fonde leurs positions, des valeurs qu’ils entendent défendre, des choix politiques qui sont les leurs. Comme si la politique était devenue quelque chose d’obscène. Le modèle vient de haut  avec Macron. Mais il remonte plus loin. Un PS qui ne savait pas où il couchait. Une extrême droite qui avance masquée, Une droite honteuse. Une gauche de la gauche éclatée. D’où dans nos conversations privées, bien peu de politique. Il reste les réseaux sociaux… pour le défoulement. Pas pour la compréhension. Ni l’analyse.

Les nouveaux maîtres

Cette tendance lourde a été renforcée par la place de plus en grande prise par l’économie, et les économistes, orthodoxes bien sûr, nouveaux maîtres autour du dieu de la finance. Ils sont partout, ils savent tout, leurs vérités sont révélées, indiscutables, ils renvoient dans les cordes tous ceux qui auraient l’outrecuidance de contester leur autorité intellectuelle et religieuse. On ne travaille pas assez en France… La dette publique, une horreur, un cauchemar … Le code du travail, quel boulet… le marché, la concurrence, il n’y a que ça de vrai… et de scientifique. Parce que l’économie, ça c’est une science. Le chômage, c’est la faute aux chômeurs. Saint Libre-échange, priez pour nous.

Il y a actuellement sur les étals des libraires, les bons, un petit livre, petit par le format, mais pas par le contenu, qui règle le sort de ces vieilles lunes réactionnaires qui empoisonnent notre ambition de comprendre le monde dans lequel nous vivons. LE TRAITE D’ECONOMIE HERETIQUE de Thomas Porcher, son sous-titre En finir avec le discours dominant. Thomas Porcher est membre des Economistes atterrés, il ne se reconnaît pas dans l’ordre économique ambiant et il combat la prétention de ses thuriféraires d’en faire l’horizon indépassable de notre monde.

Démystifier

Contrairement à la prose habituelle des économistes, celle de Porcher  est  immédiatement accessible. Elle n’est pas faite pour impressionner, mais pour aider à comprendre. Elle nous ouvre les portes complexes de la finance. Elle démystifie le faux argument de la dette publique. Elle insère la réflexion économique dans sa dimension sociale, idéologique, écologique. Elle dénonce le rôle de l’Europe, du FMI, des traités de libre-échange qui sont faits pour donner les pleins pouvoirs aux multinationales. On garde l’impression, le livre une fois fermé, qu’on est un peu moins bêtes.

Des principes d’autodéfense

D’autant qu’il conclut son ouvrage par dix principes d’autodéfense contre la pensée dominante. Je ne résiste pas à la tentation de vous en citer quelques-uns : « Toujours se méfier des remèdes miracles que l’on pourrait appliquer partout et qui fonctionneraient comme par magie, ne jamais se laisser imposer  les limites du possible, un individu n’est jamais seul responsable de sa réussite ou de ses échecs, ne jamais croire que la flexibilité du marché du travail est un remède au chômage, avant de dire qu’i faut baisser la dépense publique, essayer de comprendre ce qu’elle recouvre, la finance n’est l’amie de personne sauf des financiers,  n’ayez pas peur de la dette publique … »

Nous voilà un peu mieux armés pour faire de la politique, et pour remettre à leur place un grand nombre de cuistres qui nous gouvernent, et qui nous bourrent le crâne, à commencer par le jeune blanc bec  qui jeudi dernier, sous les ors de l’Elysées, a tartiné pendant plus de deux heures des inepties du même tonneau.

Jean-Marie Philibert.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire