les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 29 mai 2019

et maintenant


Et maintenant

Et maintenant… Les résultats sont connus, qu’ils fassent plaisir ou pas ne change rien à l’affaire. Il est surtout important d’en tirer les leçons qui s’imposent. En particulier en pensant aux échéances prochaines. Il y en a une qui se rapproche à grands pas : les municipales. Et puis les retombées de ces résultats sont aussi à examiner en relation  avec la politique menée par le pouvoir pour la période à venir.

C’est d’autant plus utile que du côté du gouvernement il semble avoir déjà annoncé la couleur : les réformes que personne ne veut…se feront et même en pire ; on continue comme avant et même on accélère. Les miettes jetées dans les réponses aux gilets jaunes semblent être le maximum de ce que ce pouvoir réactionnaire puisse envisager.

Alors l’urgence absolue me semble être dans la constitution d’une union crédible des forces qui ambitionnent de travailler ensemble à une transformation sociale, écologique, politique, pour des progrès conséquents, pour répondre aux difficultés du plus grand nombre, pour élargir, renforcer les droits, pour le pouvoir d’achat de tous et plus particulièrement de ceux qui n’en ont pas ou peu, pour préserver la planète. Les bons résultats des écologistes ont du sens, la jeunesse y est sans doute pour quelque chose. On ne reprendra pas les recettes du passé, il faut faire du neuf, en dépassant des clivages mortifères, en cherchant à être les meilleurs artisans de cette union à construire pour répondre politiquement à la situation d’aujourd’hui.

Du tangible, du concret à gagner dans l’action.

Les menaces des dérives vers l’extrême droite n’auront plus cours à partir du moment où les espoirs du  peuple ne seront plus voués à s’écraser sur les murs « des calculs égoïstes » des possédants d’ici et de partout. Il n’y a pas d‘autres portes de sortie que celle d’une gauche unie.

JMP

mardi 28 mai 2019

Mémé, Cannes et le cinéma


Mémé, Cannes et le cinéma

Il y avait longtemps que je n’avais pas évoqué ma mémé ; elle m’a fait savoir qu’elle n’était pas contente, qu’elle avait encore beaucoup de choses à dire et qu’elle comptait sur moi pour les dire. Non pas pour parler de politique, ce n’était pas sa priorité. Par contre tout ce qui concernait la couture, la mode, la parure  réveillait en elle la couturière émérite et mal payée qu’elle avait été et lui autorisait des jugements admiratifs. En ces temps de festival de Cannes, de montée des marches quotidiennes sous l’œil des caméras, je l’imagine scotchée au « poste », comme elle disait, et répétant à satiété : « Mon dieu, que de la toilette ! Que de la toilette ! Qu’ils sont bien mis ! C’est vraiment très-très beau ! Mais pour aller au travail, c’est difficilement mettable… »

Supercherie

En effet la caissière du supermarché, l’infirmière de l’hôpital, la chauffeuse de bus ne seraient pas très à l’aise en robe longue moulante, le dos dénudé, la poitrine aérée : la tenue officielle de toutes les actrices prétendant à la gloire du tapis rouge de Cannes. Toutes plus belles les unes que les autres, mais toutes différentes, charmantes, surnaturelles. Aux bras d’acteurs, certes plus sobrement vêtus, mais d’un chic absolu, d’une classe prodigieuse, au sourire ensorceleur, à la plastique irréprochable. Ma mémé le sentirait bien, tout cela est trop beau pour être vrai, trop artificiel pour être crédible tout cela sentirait un peu la supercherie, le rêve vendu au populo.

Le cinéma, ce serait donc ça, de l’artifice à l’état pur, très-très loin des vicissitudes du quotidien. Il faut dire que le quotidien nous offre si souvent la médiocrité la plus médiocre qu’il peut sembler utile et nécessaire d’aller chercher ailleurs de quoi rêver. Le cinéma : une image inversée du réel. De la beauté, de l’amour, des destins extraordinaires, des fantasmagories absolues, de la fiction sans limite, bien sûr dans des décors de rêve.

Troubles

Mais il arrive incidemment, plus souvent qu’on ne le pense, que ce monde artificiel produise des images, des histoires, des aventures qui nous troublent par leur vérité, leur sincérité, leur ancrage dans un réel qui est le nôtre (et nous nous y reconnaissons). Le festival de Cannes  m’en offre une démonstration sans faille.

La palme d’or revient au film coréen « Parasite » qui croise les destins de très riches et de très pauvres, ceux qui l’ont vu en relèvent le réalisme, nourri d’incidents dignes des journaux ou des réseaux sociaux. « Les Misérables » de Ladj Ly, qui a eu le prix de la mise en scène est de cette veine-là. Pourquoi les « Misérables »,  parce qu’on est à Montfermeil, que les Thénardier y ont vécu, que Cosette y a souffert, que Ladj Ly y est né de parents venant du Mali. Parce qu’on est dans le 9.3., qu’une bavure policière en 2008 a été la cause de graves débordements. C’est un film « vrai ». De même pour Mati Diop, pour « Atlantique », la franco-sénégalaise nous raconte l’histoire de ces jeunes africains qui prennent la mer pour fuir la misère, elle a obtenu un grand prix. Et c’est tant mieux, pour elle, pour le cinéma, pour son engagement dans le réel.

La douleur et la création

Cet ancrage n’est pas que social, il peut aussi concerner les souffrances d’un créateur et charger les images de la puissance d’un vécu douloureux. Dans ses films Almodovar nous parle souvent de lui. Dans le film « Douleur et Gloire », présenté à Cannes, plus que jamais, il parle de la création impossible, de l’enfance, de la mère. D’une douleur, à l’image de Baudelaire « sois sage ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille », qu’il faut impérativement maîtriser, dominer, y compris par les paradis les plus artificiels. Dans le rappel inopiné d’un souvenir d’enfance, il (re)découvre ce qu’il est, renoue avec le pouvoir créateur et peut enfin nous donner la clef du film qu’il est en train de tourner, « en direct live » pourrait-on dire, et qui nous touche par sa vérité.

Social, réel, vérité, vécu… Tu vois, Mémé, le cinéma, ce n’est pas que la toilette. Et c’est tant mieux.

Jean-Marie Philibert






jeudi 23 mai 2019

les pièges d'une réforme des retraites


Les pièges d’une réforme des retraites

Le point de vue de Gérard Gironell, professeur d’économie :

A en croire le Haut-Commissaire à la réforme des retraites Jean Paul Delevoye, il n'y a aucune urgence: "nous n'avons pas le couteau sous la gorge". On se demande alors pourquoi réformer encore une fois ? Aujourd'hui on dépense 316 milliards d'€ pour les retraites, globalement les comptes sont à l’équilibre, et si on ne change rien en 2022 il ne manquerait selon le COR que 5,5 milliards d'€ pour financer les retraites, autant dire rien…

Cynisme…

Les précédentes réformes ont mis à jour tous les leviers, allongé la durée de cotisation et repoussé les bornes d'âge (62 ans pour l'âge de départ à la retraite, et 67 ans pour l'âge maximal), et désindexé les pensions des salaires … quel que soit le scénario de croissance, les dépenses de retraite resteront sous contrôle. C'est tout le cynisme de ce pouvoir qui s'exprime dans cette volonté réformatrice, La population vieillit, l'espérance de vie s'allonge, ça c'est plutôt une bonne nouvelle, pas pour le gouvernement qui veut se servir de la retraite comme variable d'ajustement de sa politique de réduction des dépenses et déficits publics.

Le discours dédramatisateur qui voudrait voir dans le réforme Macron, la mise en œuvre d'un système universel plus juste et qui garantirait les mêmes droits à tous pour chaque € cotisé, n'est qu'argutie dilatoire.

Les points

L'idée part d'une analyse de la situation française actuelle, où coexistent 42 régimes de retraites différents, entre régime général, régimes spéciaux, régimes particuliers de la fonction publique, régies des indépendants. C'est l'idée d'un système plus juste, qui garantisse  les mêmes droits à tous qui est vendue, en contrepartie de ce système "à bout de souffle".

Le principe est donc de remplacer un système de droits définis, où l'on connaît le montant de sa retraite au moment de partir, puisque la pension est calculée sur un salaire référence (les 25 meilleures années dans le privé, au lieu de dix avant, et sur les six derniers mois dans la fonction publique), par un système où le montant de la pension sera calculé sur le nombre de points accumulés, un système plus contributif…

Et voilà le coefficient de conversion…

Chacun cotisera dans sa phase d'activité par l'achat de points, cela  crée l'illusion que chacun cotise pour soi, et que chacun pourra décider de la date de son départ à la retraite, les bornes d'âge en soi n'ont plus de sens, l'âge de 62 ans restera un âge pivot, donc on ne touche pas à un droit, sauf que l'on envisage de mettre en place un système d'incitation au départ différé. Le nombre de points accumulés au moment de la liquidation sera multiplié par un coefficient de conversion qui devrait prendre en compte l'espérance de vie de la génération des retraitables et l’âge de départ à la retraite. Ainsi tout allongement de l’espérance de vie se traduira mécaniquement par une diminution de la pension, et l'obligation de travailler plus.

Que faire…

Nous dirons simplement qu'il faut reprendre, le terrain idéologique que la gauche de transformation sociale a perdu. Démystifier le discours qui donne à croire que le débat est technique et complexe et qu'il n'y a pas d'autre alternative que celle d'accepter la régression sociale, réforme après réforme. Finalement reconquérir ce terrain est à la fois facile et complexe, il faut d'abord se convaincre que tout est politique et que l'enjeu est démocratique, c'est facile et complexe à la fois et nous ne comprenons pas que l'unité nécessaire des forces syndicales sociales et politiques soit si difficile à reconstruire.

 Propos recueillis par JMP


lundi 20 mai 2019

Donnons-leur du souci


Donnons-leur du souci !

Le mot « souci » a bercé mon enfance : ma mère n’arrêtait pas de me dire que je lui donnais beaucoup de souci… puis ce mot a disparu de mon horizon et du vocabulaire le plus courant, pour revenir il y a quelques années dans l’expression passe-partout « pas de souci ». Les plus jeunes en raffolent : « Pas de souci… les choses sont arrangées, vont s’arranger, s’arrangeront… »

Cette expression sert aussi souvent à accompagner toutes les formes de dénis. Dans les temps que nous vivons ils prolifèrent.

De Balkany

Ainsi du couple Balkany qui n’a pas eu pendant très longtemps de soucis d’argent, qui a mélangé son argent avec celui de sa commune, qui a profité des copains  de droite et de l’immunité parlementaire pour poursuivre ses turpitudes, qui s’est payé des maisons à faire rêver le peuple, qui a beaucoup payé en liquide, qui a même offert à Noël du foie gras aux petits vieux de Levallois Perret, mais qui n’a jamais payé d’impôts et surtout pas d’impôts sur la fortune. La justice leur cherche des poux sur la tête et y trouve des billets de 500 euro, mais information prise, toutes fonctions électives comprises, ils touchent encore dans les 10  000 euro par mois. Ils n’ont pas de souci. Et en plus ils sont innocents. Ce sont les gens qui sont méchants.

Pour convaincre, pour assurer, se rassurer, il ne faut pas avouer que l’on est en difficulté, que l’on a des soucis. C’est encore plus vrai en politique, la campagne des européennes en offre de multiples exemples.

A Loiseau

La Madame Loiseau qui dirige la liste « En marche », qui a le charisme d’un ectoplasme, qui mène une campagne si nulle que Macron, Philippe se sentent obligés de monter au créneau pour tenter de sauver les meubles n’a pas de souci. Elle est contente. Elle ne se souvient plus d’avoir participé à des élections universitaires, sur une liste d’extrême droite, qu’elle prétend combattre aujourd’hui. Son patron Macron lui aussi est sans souci et sans conscience, il ne s’est pas rendu compte que ses fonctions de président de la république devraient l’inciter, au moins, à plus de retenue.

Raphaël  Glucksmann, qui mène une liste qui se prétend un peu à gauche n’a pas de souci. La preuve il ne se départit jamais de son sourire. Les écologistes n’ont pas souci, ils sont presque partout. Les Républicains n’ont pas souci, ils ont enfin trouvé une oie blanche, ce n’est pas du balkany, et bien réactionnaire, pour les représenter. Tout baigne.

Le choix

La démocratie est malade, pas de souci !  Les télés, les journaux disent, avant les élections qui sont les candidats qu’il faut entendre et écouter. Comme chez les marchands de légumes, il y a le premier choix et le second. Vous ne consommerez que le premier choix ! Devinez où ils mettent le candidat coco ? Mais pourquoi donc ?

Ils ne veulent pas de souci, de vrais soucis. Parce qu’ils risqueraient d’en avoir si à l’occasion d’une élection, même européenne, le parti communiste reconquérait un peu de sa place dans une société encore profondément marquée par l’exigence sociale, construite par des années de luttes. Les pouvoirs médiatiques, financiers, économiques soutenus par tous ceux qui en politique, en Europe, mais aussi ailleurs, veulent que rien ne change et s’emploient à marginaliser les récalcitrants, les résistants, les contestataires, les progressistes intenses qui pourraient leur faire des soucis.

Et ils se sont rendu compte que Yan Brossat pouvait être, pour eux, cet oiseau de mauvaise augure : il faut donc lui tordre le cou, qu’on l’entende le moins possible et que le peuple reste où il est, au boulot (quand il y en a), au chômage, au RSA… Mais surtout pas en politique.

Je ne m’interdis pas de penser le contraire et je souhaite vous faire partager mon opinion. Le 26, votons… pour leur donner du souci !

Jean-Marie Philibert.

lundi 13 mai 2019

La commedia dell'arte... de Perpignan


Avant les trois coups !



Rappel des épisodes précédents de la commedia dell’arte qui nous occupe depuis plusieurs mois : deux matamores, Pujolino, l’ancien,  et Lorrentino, le nouveau,  qui pensent que la ville, son université, ses monuments, son théâtre, son centre, son histoire leur appartiennent de toute éternité, avaient décidé tout seuls qu’ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient du vieux Perpignan.

« Duce… » 

Après un vieux cloitre, ils s’étaient attaqués à la Bourse du Travail, et enfin au Théâtre Municipal pour en faire leur chose et un soi-disant remède miracle pour ranimer un centre-ville agonisant. Mais les vrais amoureux du théâtre n’ont pas apprécié la comédie. Ils y ont peut-être vu aussi des manœuvres grossières et électorales pour faire la démonstration que la cité sans Lorrentino, sans Pujolino ne serait rien et qu’il est plus que nécessaire d’en faire les « Duce » immortels de la ville. Les spectateurs n’ont pas aimé le numéro de duettistes qui semblaient les prendre pour des imbéciles

Graunalino et Crestalino

Pendant ce temps d’autres « commediantes » qui rêvaient aussi de devenir « Duce d’ici » se sont de leur propre autorité introduits dans l’intrigue, une vraie saga, à épisodes. Graunalino, dit le Romain, en avait assez de jouer les seconds couteaux émoussés de la politique : « Par le plus grand des hasards et par des contorsions en tous sens, je suis devenu député macaroniste, je peux bien prétendre à devenir « Duce ». Dans le mensonge et dans la flagornerie je suis aussi bon qu’eux, mon expérience tous azimuts parle pour moi. Je n’hésite plus, j’y vais. J’ai des soutiens,  en marbre de Carrare bien sûr, un certain Crestalino qui croit qu’il est encore à gauche. Certes ce n’est pas un pur- sang. Mais son image très embrouillée, à gauche à la région, au centre avec moi, à droite pour ceux qui le connaissent bien, peut contribuer à tromper un peu plus les spectateurs. C’est bien sûr l’objectif. »



Et Amielino

Mais la saga ne s’arrête pas là. Un autre jeune loup de la politique locale, venant d’horizons flous et multiples, un dénommé Amielino, qui pendant un temps fut grand copain avec tous les autres, (une solide amitié lie tout ce beau monde) se dit qu’il serait couillon de ne pas mettre un peu plus de zinzin dans le zinzin. Il s’était présenté comme le reconstructeur ( ?), le fossoyeur ( ?), rayez la mention inutile, de Saint Jacques et rêve donc aussi de devenir le « Duce de Perpignan ».

Dans les coulisses, il y en a un qui se cache depuis de longs mois, il ne dit rien, il ne fait rien, il ne contente d’éructer régulièrement sur les étrangers, de chauffer régulièrement le fauteuil de conseiller municipal d’opposition qu’il occupe de temps à autres, de tout faire pour faire oublier qu’il est d’extrême droite et qu’il n’aime la démocratie qu’à sa botte, en attendant qu’un électorat sans conscience lui dise que le « Duce c’est lui ». Lui, dans le spectacle, il veut garder son nom frrrrançais, ali, alo, alio, quelque chose comme ça.

Le sauveur

C’est le moment choisi par Lorrentino pour passer à la vitesse supérieure. Dans les starting-block, son mentor Pujolino, l’ancien,  et sa gestion chaotique de la ville, ne peuvent qu’entraver le départ fulgurant  dont son génie le rend capable. Pour se lancer il quitte l’université. « J’ai sauvé l’Université, je sauverai Perpignan, mais je dois me préparer, prendre de la hauteur, devenir inspecteur général de l’éducation nationale… Et revenir comme le sauveur suprême de la ville, moi l’homme pressé, ambitieux. Tous les matins je me rêve en duce ! »

Le propre de la commedia dell’arte est d’amuser un public, de le faire rire, sourire, de le détendre, de lui procurer du plaisir. Là elle devient désolante.

A moins qu’en face on comprenne que les citoyens d’ici ont envie d’être pris pour autre chose que des zozos, qu’un autre dénouement est possible, souhaitable, nécessaire pour un sursaut de la ville. « Compagni della sinistra al lavoro uniti »

(Et pour que tous comprennent : Camarades de gauche, arrêtez de déconner, écoutez les cocos, au boulot, unis, les trois coups c’est pour demain !)

Jean-Marie Philibert.

lundi 6 mai 2019

le brutes


Les brutes



Pour avoir longuement fréquenté les manifestations syndicales, politiques ou autres, pour en avoir observé le déroulement, l’organisation, pour l’avoir fait sous les cieux catalans, occitans, mais aussi parisiens, toulousains, montpelliérains, marseillais, cerdans, pour observer l’évolution des pratiques policières depuis quelques temps, je me dis que les temps changent :  nous avons des brutes au pouvoir. Cette brutalité a une utilité immédiate : maintenir l’ordre, dira Castaner (en semant le désordre sans doute ?).

Dressé pour taper

Plus sûrement faire en sorte que l’expression démocratique de la rue, que sa colère, que sa revendication apparaissent pour ce qu’elle n’est pas, un moment de désordre et de violence propre (enfin, c’est une façon de parler) à décourager  la masse des honnêtes gens de manifester. En Macronie l’expression publique du désaccord est devenue insupportable. On tape donc. Rappelez-vous, le toutou de Macron, un certain Benalla, dressé pour taper.

Et on tape en aveugle. De plus en plus souvent. Et sur tout ce qui se présente : les vieux, les jeunes, les femmes, les gilets jaunes, les rouges, les blacks. On gaze. On bloque. On humilie. Les responsables syndicaux comme les autres.  Et puis on raconte n’importe quoi… pour faire du manifestant de base un délinquant de haute volée, capable d’investir violemment un service des urgences d’un grand hôpital parisien. Un manifestant ne peut être qu’assoiffé de sang et où peut-il mieux trouver pitance qu’à la Salpêtrière?





Un dessein politique

Le « on » capable de proférer de telles âneries n’est que ministre de l’intérieur. Voir dans les derniers événements, ceux du 1° mai en particulier, un dessein politique me semble évident.

 L’instrumentalisation des forces policières ne tarde pas d’hier. La constance de ces instrumentalisations s’insère dans le cadre global de restrictions du droit de manifester, merci l’état d’urgence et la loi anticasseur. L’utilisation médiatique qui est faite de tous les débordements, la prolifération de groupes de provocateurs qui semblent téléguidés pour ajouter du zinzin au zinzin, l’avalanche de blessé(e)s font qu’on franchit de plus en plus allègrement des limites  où les droits élémentaires des citoyens sont bafoués. Et bien sûr, on accusera de tous les maux l’intrusion sur la scène sociale des gilets jaunes qui ne venant pas des beaux quartiers ont des manières rugueuses.

A la maison !

On estimera que les miettes jetées à ces manants devraient suffire pour les renvoyer à la maison, à la pétanque, au café, mais surtout, pas sur les ronds-points. Et s’ils ne comprennent pas, on tapera un peu plus, sans discernement, parce que comme ça tout le monde a peur, d’autant que la troupe de commentateurs complaisants (vous les avez vus à la conférence de presse de l’Elysée) est du côté du manche qui tape, bien sûr !

Quant à répondre à la misère sociale, aux difficultés de fins de mois, à la casse des services publics, à la mise à mal des droits sociaux… ce n’est pas à l’ordre du jour. On s’occupe de Notre Dame ; pour le reste, on y répond par les coups !

J’ai comme le sentiment que la situation ne relève plus seulement d’une démarche sociale, disons classique,  de convergence des luttes, de défense du droit de manifester,  mais d’une prise de conscience citoyenne qui dise fermement,  massivement, clairement que la paix civile est menacée par les brutes au pouvoir.

Jean-Marie Philibert.