les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 23 mai 2019

les pièges d'une réforme des retraites


Les pièges d’une réforme des retraites

Le point de vue de Gérard Gironell, professeur d’économie :

A en croire le Haut-Commissaire à la réforme des retraites Jean Paul Delevoye, il n'y a aucune urgence: "nous n'avons pas le couteau sous la gorge". On se demande alors pourquoi réformer encore une fois ? Aujourd'hui on dépense 316 milliards d'€ pour les retraites, globalement les comptes sont à l’équilibre, et si on ne change rien en 2022 il ne manquerait selon le COR que 5,5 milliards d'€ pour financer les retraites, autant dire rien…

Cynisme…

Les précédentes réformes ont mis à jour tous les leviers, allongé la durée de cotisation et repoussé les bornes d'âge (62 ans pour l'âge de départ à la retraite, et 67 ans pour l'âge maximal), et désindexé les pensions des salaires … quel que soit le scénario de croissance, les dépenses de retraite resteront sous contrôle. C'est tout le cynisme de ce pouvoir qui s'exprime dans cette volonté réformatrice, La population vieillit, l'espérance de vie s'allonge, ça c'est plutôt une bonne nouvelle, pas pour le gouvernement qui veut se servir de la retraite comme variable d'ajustement de sa politique de réduction des dépenses et déficits publics.

Le discours dédramatisateur qui voudrait voir dans le réforme Macron, la mise en œuvre d'un système universel plus juste et qui garantirait les mêmes droits à tous pour chaque € cotisé, n'est qu'argutie dilatoire.

Les points

L'idée part d'une analyse de la situation française actuelle, où coexistent 42 régimes de retraites différents, entre régime général, régimes spéciaux, régimes particuliers de la fonction publique, régies des indépendants. C'est l'idée d'un système plus juste, qui garantisse  les mêmes droits à tous qui est vendue, en contrepartie de ce système "à bout de souffle".

Le principe est donc de remplacer un système de droits définis, où l'on connaît le montant de sa retraite au moment de partir, puisque la pension est calculée sur un salaire référence (les 25 meilleures années dans le privé, au lieu de dix avant, et sur les six derniers mois dans la fonction publique), par un système où le montant de la pension sera calculé sur le nombre de points accumulés, un système plus contributif…

Et voilà le coefficient de conversion…

Chacun cotisera dans sa phase d'activité par l'achat de points, cela  crée l'illusion que chacun cotise pour soi, et que chacun pourra décider de la date de son départ à la retraite, les bornes d'âge en soi n'ont plus de sens, l'âge de 62 ans restera un âge pivot, donc on ne touche pas à un droit, sauf que l'on envisage de mettre en place un système d'incitation au départ différé. Le nombre de points accumulés au moment de la liquidation sera multiplié par un coefficient de conversion qui devrait prendre en compte l'espérance de vie de la génération des retraitables et l’âge de départ à la retraite. Ainsi tout allongement de l’espérance de vie se traduira mécaniquement par une diminution de la pension, et l'obligation de travailler plus.

Que faire…

Nous dirons simplement qu'il faut reprendre, le terrain idéologique que la gauche de transformation sociale a perdu. Démystifier le discours qui donne à croire que le débat est technique et complexe et qu'il n'y a pas d'autre alternative que celle d'accepter la régression sociale, réforme après réforme. Finalement reconquérir ce terrain est à la fois facile et complexe, il faut d'abord se convaincre que tout est politique et que l'enjeu est démocratique, c'est facile et complexe à la fois et nous ne comprenons pas que l'unité nécessaire des forces syndicales sociales et politiques soit si difficile à reconstruire.

 Propos recueillis par JMP


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