Les brutes
Pour avoir longuement fréquenté les manifestations
syndicales, politiques ou autres, pour en avoir observé le déroulement,
l’organisation, pour l’avoir fait sous les cieux catalans, occitans, mais aussi
parisiens, toulousains, montpelliérains, marseillais, cerdans, pour observer
l’évolution des pratiques policières depuis quelques temps, je me dis que les
temps changent : nous avons des
brutes au pouvoir. Cette brutalité a une utilité immédiate : maintenir
l’ordre, dira Castaner (en semant le désordre sans doute ?).
Dressé pour
taper
Plus sûrement faire en sorte que l’expression démocratique de
la rue, que sa colère, que sa revendication apparaissent pour ce qu’elle n’est pas,
un moment de désordre et de violence propre (enfin, c’est une façon de parler)
à décourager la masse des honnêtes gens
de manifester. En Macronie l’expression publique du désaccord est devenue
insupportable. On tape donc. Rappelez-vous, le toutou de Macron, un certain
Benalla, dressé pour taper.
Et on tape en aveugle. De plus en plus souvent. Et sur tout
ce qui se présente : les vieux, les jeunes, les femmes, les gilets jaunes,
les rouges, les blacks. On gaze. On bloque. On humilie. Les responsables syndicaux
comme les autres. Et puis on raconte
n’importe quoi… pour faire du manifestant de base un délinquant de haute volée,
capable d’investir violemment un service des urgences d’un grand hôpital
parisien. Un manifestant ne peut être qu’assoiffé de sang et où peut-il mieux
trouver pitance qu’à la Salpêtrière?
Un dessein
politique
Le « on » capable de proférer de telles âneries
n’est que ministre de l’intérieur. Voir dans les derniers événements, ceux du
1° mai en particulier, un dessein politique me semble évident.
L’instrumentalisation
des forces policières ne tarde pas d’hier. La constance de ces
instrumentalisations s’insère dans le cadre global de restrictions du droit de
manifester, merci l’état d’urgence et la loi anticasseur. L’utilisation médiatique
qui est faite de tous les débordements, la prolifération de groupes de
provocateurs qui semblent téléguidés pour ajouter du zinzin au zinzin,
l’avalanche de blessé(e)s font qu’on franchit de plus en plus allègrement des
limites où les droits élémentaires des
citoyens sont bafoués. Et bien sûr, on accusera de tous les maux l’intrusion
sur la scène sociale des gilets jaunes qui ne venant pas des beaux quartiers
ont des manières rugueuses.
A la
maison !
On estimera que les miettes jetées à ces manants devraient
suffire pour les renvoyer à la maison, à la pétanque, au café, mais surtout,
pas sur les ronds-points. Et s’ils ne comprennent pas, on tapera un peu plus,
sans discernement, parce que comme ça tout le monde a peur, d’autant que la
troupe de commentateurs complaisants (vous les avez vus à la conférence de
presse de l’Elysée) est du côté du manche qui tape, bien sûr !
Quant à répondre à la misère sociale, aux difficultés de fins
de mois, à la casse des services publics, à la mise à mal des droits sociaux…
ce n’est pas à l’ordre du jour. On s’occupe de Notre Dame ; pour le reste,
on y répond par les coups !
J’ai comme le sentiment que la situation ne relève plus
seulement d’une démarche sociale, disons classique, de convergence des luttes, de défense du
droit de manifester, mais d’une prise de
conscience citoyenne qui dise fermement,
massivement, clairement que la paix civile est menacée par les brutes au
pouvoir.
Jean-Marie Philibert.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire