les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 2 septembre 2019

le respect de la vie et de la mort


Le respect de la vie et de la mort

L’actualité nous offre plus d’informations désolantes qu’enthousiasmantes et ceux qui véhiculent les nouvelles semblent trouver un malin plaisir à en rajouter dans la désolation, un peu comme ces curés moyenâgeux qui ne cherchaient qu’à impressionner leurs ouailles en évoquant des images d’un enfer qu’il faut tout faire pour éviter. L’enfer est à notre porte. Tremblez ! Ce monde est sans espoir ! Seul, le ciel...

Il peut arriver que par des voies détournées, par une dialectique complexe, le réel nous procure des images qui peuvent nous questionner, nous surprendre et peut-être nous amener à un peu moins douter de l’humanité.

Barca Nostra

L’information m’est venue de ma tendre moitié (il n’y a pas que ma mémé dans ma vie). Elle émane de Télérama et, certainement, on en reparlera. C’est une initiative de la Biennale de Venise en cours qui permet de lui donner un écho utile au moment où l’Italie, mais aussi l’Europe sont confrontées à des tentatives massives de migrants africains de se jeter à prix d’or dans des embarcations de fortune pour traverser la Méditerranée et  atteindre une terre où ils espèrent connaître un meilleur sort. Devant l’Arsenal de Venise est exposée, posée sur le quai, la carcasse rouillée et délavée d’un navire de plus de 20 mètres de long. Un bateau qui a coulé ? Mais pourquoi là ? L’artiste suisse Christophe Büchel qui a eu le projet de l’exposer, l’explique …. « comme un emblème de la crise inextinguible  des migrants et du naufrage politique et culturel auquel nous participons tous »  … A Venise cette épave s’appelle Barca Nostra.

Au moment où Salvini ferme les ports italiens à l’accueil des migrants, au moment où les pays européens se couvrent de ridicule en n’assumant pas leurs responsabilités, ou si peu, l’art contemporain prend le relais pour alerter les consciences. Sinon ce bateau linceul pourrait devenir l’emblème de notre barbarie.

Cinq cent vingt-huit corps

Il en est le contraire, même si des centaines de migrants, un certain 18 avril 2015, y ont péri, enfermés, entassés, noyés. Ils avaient payé 800 dollars pour une place sur le pont, 300 dollars pour la cale. Le bateau était conçu pour 30 personnes.

Le bateau prend l’eau, il lance un signal de détresse, il percute le porte-conteneurs qui vient à son secours. Il chavire et coule. Seuls 26 survivants seront repêchés. L’Italie d’alors qui n’est pas encore celle de Salvini, c’est Mateo Renzi qui est chef du gouvernement, va prendre l’initiative de renflouer l’épave qui git à plus de 300 Mètres de fond, de la tirer hors d’eau, de la ramener en Sicile, d’en extraire les corps (528) et de leur donner des obsèques, c’est-à-dire tout simplement leur dignité d’êtres humains que la vie leur avait refusée.

Cristina Cattaneo, médecin légiste qui a été au cœur de ce retour, post mortem, à l’humanité pour ces centaines de malheureux, affirme : ”C’est la première fois que nous, Européens, avons traité ces morts comme les nôtres”. Elle en a fait un livre. Un documentaire est en préparation. Comme s’il fallait nous rappeler que l’humanité se reconnaît autant dans le respect de la vie que de la mort. Elle se reconnaît dans la dignité que l’on accorde à tous les autres soi-mêmes.

Jean-Marie Philibert.

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