les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 16 septembre 2019


Les châteaux, le doute et le congrés…

 On a beau dire, la monarchie avait du bon et il a fallu de méchants Sans-culotte pour tout casser. Enfin pas tout, il nous reste quelques vestiges et ils font les beaux jours de quelques régions de France que je viens d’avoir l’occasion de traverser. Je pense aux châteaux de la Loire qui dès le XV° siècle ont hébergé, les rois, reines, princes, princesses, favorites, maîtresses, courtisans et zanes, financiers et flatteurs en tous genres qui avaient compris que, dans un état (à la fin du Moyen Age) en train de se centraliser, il n‘y avait de salut et d’avenir que dans la proximité la plus grande avec le monarque. François I°, ses prédécesseurs ses successeurs, et leurs acolytes, vont construire de splendides demeures à Chambord, à Blois, , à Cheverny, à Chaumont, à Azay- le-Rideau, à Chenonceau… Et je ne dis pas tout.

Le ciel sur terre

Des bâtisses qui ont du sens. Elles assoient un pouvoir terrestre dans une magnificence qui n’existe nulle part ailleurs, elles écrasent le bon populo par une puissance qui aux yeux du paysan d‘alors est de l’ordre du surnaturel, accessoirement elles le font travailler. Elles dressent leur verticalité le plus haut possible dans le ciel (observez la forêt de cheminées somptueuses  qui ornent les toits de Chambord) comme pour côtoyer le dieu du ciel, Celui dont les princes rêvent d’incarner l’absolu des pouvoirs. Elles sont l’œuvre des plus grands talents, Leonard de Vinci vient y apporter sa contribution et y mourir, voilà cinq siècles.

Leur point faible : tout cela est trop beau pour être vrai, tout cela est hors d’échelle, tout cela est le signe tangible d’une société inexorablement divisée entre ceux qui ont tout, et plus que tout, et les autres que la naissance n’a pas sélectionnés pour faire partie d’un sang privilégié. La providence divine l’a voulu ainsi… Mais patience ! Les premiers seront les derniers, et les derniers les premiers, puisque le royaume de dieu sera à tous…

Pour une petite dose de lutte des classes

Tout cela est si beau qu’on y perd un peu de la conscience critique qui devrait normalement nous agiter, moi, le premier. On y perd la lucidité qui devrait,  hier comme aujourd’hui, être la nôtre devant un monde qui étale avec une telle ostentation la super-supériorité de quelques- uns, et le néant de presque tous. Les châteaux de la Loire et les villages paysans qui les entourent me font penser, avec la beauté en moins, aux rutilants gratte-ciels des capitales financières entourés de leurs banlieues cosmopolites qui ont la vie rude. Mais la vraie vie est là. Elle serait un peu moins rude que cela ferait du bien. Peut-être qu’une petite dose de lutte des classes…

En attendant, comme pour jouer avec l’histoire, avec l’époque, avec les consciences,  des initiatives intéressantes sont mises en œuvre pour créer une sorte de décalage, en rupture avec la vision admirative d’un passé magnifié et aristocratique.

Des trouble-fête

En face du château de Blois, comme une petite provocation, comme s’il y avait un truc quelque part , une maison de la Magie, consacré au magicien blésois Robert Houdin, fait sortir par ses fenêtres des automates monstrueux qui semblent tirer la langue en direction de la statue équestre de Louis XII qui fait mine de les ignorer.

Toujours à Blois, depuis plusieurs années existe, une institution d’art contemporain,  qui s’est proclamé  Fondation du doute, autour du groupe Fluxus, de Ben, de survivants du dadaïsme. J’ai pu y lire cette prophétie de Ben-Vautier, « Karl Marx revient bientôt » et sur un modeste écriteau, suspendu au plafond par une frêle ficelle, « La vérité ne tient qu’à un fil ». Enfin à Chaumont, c’est une profusion d’œuvres d’artistes d’aujourd’hui qui tentent de ranimer de vieilles pierres en les sortant de leurs carcans idéologiques.

Et, cerise sur le gâteau de cette région, au cœur de la France, comme un pied de nez à cette avalanche de têtes princières, le souvenir voilà un siècle maintenant du Congrès de Tours, où des moins que rien ont créé un parti pour devenir quelque chose. L’œuvre est en cours, elle a besoin de votre concours.

Jean-Marie Philibert.

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