les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 17 février 2020

interview imaginaire


L’interview exclusive et imaginaire (presque)  de Laurent Bergé pour le Travailleur Catalan

-Le TC : Laurent Bergé, merci d’accepter de répondre à nos questions, vous n’êtes pas sans savoir que la position de la CFDT sur la retraite à points fait polémique, que la stratégie de votre organisation syndicale est mal comprise, y compris dans vos propres rangs, que pouvez-vous répondre à vos détracteurs ?

-Laurent Bergé (en colère) : Il est dommage c’est même un handicap, pour une organisation syndicale, d’avoir des adhérents et d’être obligé de tenir un peu compte de leur avis, je rêve d’un syndicalisme où seuls des esprits lucides et clairvoyants, comme le mien, pourraient décider seuls de la route à prendre. Il nous reste à inventer le syndicalisme sans travailleurs, avec le seul soutien des média et d’un pouvoir complaisant. Le soutien du patronat, lui, il nous est acquis depuis des lustres. Il faut dire que nous avons donné des gages. Nous sommes sur la bonne voie : regardez ILS ne cessent, tous, de répéter que nous sommes les premiers, les meilleurs. Tout cela tient peut-être du miracle et sans doute n’est pas sans lien avec nos origines célestes.

-Le TC : Il n’empêche que vous vous faites secouer actuellement…

-LB (très fier) : Des jaloux ! Observez la situation, nos concurrents mettent des milliers de gens en grève, ils bloquent les trains, les métros, ils n’arrêtent pas de manifester. Une débauche d’énergie pour obtenir le retrait d’un projet de loi qui ne vient pas. Ce syndicalisme-là se fatigue pour rien. Nous on ne fait rien, on évoque la possibilité d’une retraite par points dont la CFDT est très fière de porter la paternité, et on a la retraite par points  Jugez-vous-même de notre efficacité. C’est du réformisme pur jus : on ne demande que ce qui va nous être accordé et on l’obtient. Et puis grâce à l‘épisode de l’âge pivot, on fait semblant de jouer un peu au syndicaliste.

La lutte des classes, du passé et dépassée

Même si, ici ou là, quelques cédétistes rouscaillent.  Même si des pans entiers du droit social disparaissent. Notre malheur : nous sommes entourés de mauvais esprits qui n’ont pas compris notre conception du syndicalisme. Les gens croient à la démocratie sociale, les naïfs. Le monde change ! La CFDT l’a compris. La lutte des classes, c’est du passé et dépassée. Le mouvement en cours est sans doute une des derniers symptômes  de ce mal qui a gangréné le monde du travail pendant des lustres. La CFDT est dans la modernité. Les calicots, les slogans, les manifs : tout cela est ringard. La négociation de salon, les colloques internationaux grassement payés, les risettes aux puissants et le soutien des financiers, tout est là… On s’entend avec presque tous les politiques, sauf ceux qui croient encore que la gauche existe vraiment.

-Le TC : Mais la défense des droits sociaux, des salaires, le code du travail, qu’en faites-vous ?

Interdire le mot camarade

-LB : Ces mots ont disparu de mon vocabulaire et nous nous employons à les éradiquer pour longtemps de la tête de nos concitoyens. Nous envisageons même de faire définitivement interdire le mot camarade qui est d’une connotation marxiste insupportable. L’Académie Française va nous donner son accord. Cela ne vous étonnera pas. Nous sommes pour une société où les contraintes d’un autre âge doivent disparaître pour laisser le champ libre aux arrivistes que nous sommes et qui, de compromis en compromissions, se feront une place au soleil. Un nouveau modèle social est à l‘œuvre…

-Le TC : Je ne vous cache pas qu’au TC, vous avez tout faux, nous pensons totalement et absolument le contraire et nous considérons que votre syndicalisme ou ce qu’il en reste est une abomination pour tous ceux qui souffrent d’une politique antisociale absolue et dont, visiblement, vous vous moquez…

En même temps, comme Macron

-LB (têtu !) : Vous n’avez pas vu que tout a changé, que les valeurs ont été tourneboulées, que le rationalisme, le progrès, la justice ont déserté, qu’il est devenu possible et même nécessaire d’affirmer une chose et son contraire… en même temps, comme le Jupiter qui nous gouverne. La CFDT sert à ça, dans la dialectique de la vérité et du mensonge nous sommes au-delà de tous les possibles. C’est ce qui explique notre réussite et l’incompréhension des couillonnés que vous êtes…

-Le TC (révolté) : Je rêve de t’en foutre un…

Le Laurent Bergé, effronté mais pas téméraire, part en courant se réfugier sur les genoux de Macron…

Jean-Marie Philibert.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire