Un moment historique ?
Une des spécificités du mouvement actuel tient à l’écho que lui donnent les réseaux sociaux. Ils permettent de passer outre la censure des médias « officiels » qui servent une soupe plus que refroidie avec des commentaires acerbes sur la bande de trublions qui hantent les rues, qui font grève et qui empêchent les bons français de vivre dans la quiétude de la macronie ambiante. Pour eux les mouvements sociaux se résument à la gêne qu’ils provoquent. Il est plus que surprenant d’entendre des esprits, que par ailleurs on pourrait penser brillants, se vautrer sans vergogne dans la propagande la plus antisociale possible pour plaire à leurs maîtres. Paul Nizan, en 1932, parlait de « chiens de garde ». Ecoutez-les aboyer dès qu’ils reçoivent Philippe Martinez et faire les gentils toutous quand ils sont face à Laurent Bergé.
Eh bien, grâce aux réseaux sociaux leur nocivité est réduite, ils ne peuvent plus empêcher que la grande majorité de l’opinion publique pense tout le mal possible du projet de réforme des retraites et reste solidaire des actions en cours qui bien heureusement n’en finissent pas de durer.
Il pleut des initiatives
Grâce au miracle d’internet nous pouvons suivre la prolifération d’initiatives en tous genres plus inventives les unes que les autres qui disent au gouvernement qu’il fait fausse route, que la démocratie sociale, ce n’est pas « tu votes une fois tous les cinq ans et puis tu courbes l’échine », mais une vigilance et une intervention populaires constantes pour défendre la solidarité, la justice, les droits, en particulier au service de tous ceux qui en ont le plus besoin.
Une des
dernières en date, que l’Humanité a
contribué à diffuser sur face-book. : sur le scène de l’Opéra de Lyon en
préambule de la représentation d’un
opéra de Verdi, par les chœurs de l’opéra, entourés par les travailleurs du
théâtre, l’interprétation du « Va pensiero » ( le chant des exclaves)
de Nabucco, sur fond d’un défilement d’images qui rappellent les grands moments
de la lutte en cours maintenant depuis plus de deux mois, avec en exergue cette
remarque sur laquelle j’ai envie de m’arrêter « Nous vivons un moment
historique »
Quelque chose qui ressemble à ça
Dans quelques
temps, nous pourrons en parler avec plus de certitudes, mais quand on a le nez
sur les événements, qu’on essaie d’y apporter sa modeste pierre, qu’on est
anxieux sur ce qui peut en sortir, ou pas, il est difficile d’en mesurer la
portée. Mais une expérience syndicalo-politique ancienne (le poids des
ans !), un optimisme invétéré sur notre capacité à bousculer des destins
contraires, mon imprégnation
indestructible d’une culture de contestation de l’ordre dominant, m’incitent à
penser qu’on est dans quelque chose qui ressemble à ça.
Les manifs
à répétition, des grèves plus longues que jamais, l’unité qui s’y renforce, les
revendications qui prolifèrent, les générations qui s’y rejoignent, la sérénité
vigilante que l’on peut y percevoir, le sentiment que l’on retrouve une ardeur
que l’on croyait éteinte, les flambeaux (pas que symboliques) qui ressortent,
les applaudissements aux fenêtres. Un réveil populaire ? Et tous ceux qui
sont aux portes de l’action sans s’y lancer tout à fait, mais qui n’ont que sympathie
pour elle. Il y a du grain à moudre pour rendre le mouvement hégémonique et
faire en sorte que la victoire soit à la hauteur des espérances d’un peuple et
que les sourires sur les visages ne soient pas que passagers.
La banderole du tous ensemble
Une
banderole dans les manifs perpignanaises résume un peu la portée de
l’événement : elle n’émane pas d’une organisation, ceux qui l’arborent ont
relié, cousu, rassemblé les drapeaux de
tous : CGT, FO, FSU, Solidaires, drapeau noir, et drapeau jaune… Comme un
tous ensemble coloré qu’il nous revient à tous de faire vivre.
C’est une
première… Un signe de l’histoire en marche sans doute…
Jean-Marie
Philibert
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