les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 3 juin 2021

La poésie peut vous conduire à ILLE/TET

 

La poésie peut vous conduire à Ille/Têt

Dans un souci constant d’enrichissement le comité de rédaction a décidé d’ouvrir le TC à la poésie… dans un monde qui en manque cruellement. Ce n’est pas le prof de lettres que je reste qui niera son plaisir. Encore que l’aventure n’est sans doute pas aussi simple qu’il y paraît. La poésie est un monde qui dit notre richesse, notre diversité, notre profondeur dans les formes les plus convenues, comme les plus surprenantes et les plus intimes.

Afin d’ancrer notre démarche dans le tissu poétique que tissent ici les artisans de la poésie, nous avons dans cette première approche sollicité André Rober qui vit à Ille/Tet, où il peint, écrit, édite et organise depuis des années des initiatives autour de la poésie. Il y dirige  au 13 rue de la Sainte Croix une galerie où il expose ses œuvres, celles d’autres artistes, où il organise toutes sortes d’activités … autour de la poésie.

De la Réunion .à Ille

Il nous a parlé de son parcours atypique. L’île de la Réunion qui l‘a vu naître dans le prolétariat agricole lui a appris les réalités sociales et celles du colonialisme ; elle a forgé un esprit rebelle qui scolairement s’est limité aux 6° et 5° de transition comme on disait alors. Pour l’extraire d’un milieu qu’il aurait contribué à agiter un peu plus encore, il est envoyé  en métropole à l’école de l’EDF, puis il intègre l’entreprise nationale où rapidement il participe aux activités de la CCAS, il est animateur de centre, puis directeur, un directeur libertaire, qui s’ouvre aux activités  culturelles et universitaires, elles l’amènent à obtenir un DEA d’Arts plastiques  à la fac de Saint Denis. Pendant la période euphorique des radios libres, il animera à Paris une radio libertaire qui le mettra en contact avec des créateurs, peintres, écrivains dont les projets ne sont jamais de perpétuer l’ordre dominant, mais de le secouer. Il poursuivra sa carrière en PACA, et toujours avec les CCAS il s’ouvre à la poésie, à l’esthétique anarchiste, dont la poésie visuelle, entre autres,  lui semble porteuse. Il publie une revue « Art et anarchie » pendant 5 ans.

Son activité d’éditeur l’amène à se consacrer à donner  toute sa dignité à la langue créole dont le colonisateur interdisait l’écriture pour l’enfermer dans une tradition orale qui en réduisait la portée et la force subversive. André Rober va créer les éditions K.A. (comme Kréole et Anarchie) et va publier nombre d’œuvres qui sont aussi des œuvres de résistance. La dignité passe par l’écrit et par le livre.

Paraules et poésie visuelle

 Avec les éditions Paraules  il élargit son propos, à Ille où il s’est installé. La littérature française, catalane, la poésie en particulier, enrichissent son catalogue. Vous trouverez ses productions dans les bonnes libraires, il en reste. Vous y lirez Cristina Giber, Muriel Valat, Isabelle Pujol, Evelyne Maureso, Francesca Caruana… et d’autres.

André Rober a le souci de faire vivre ces textes et pour cela, il  crée l’Illa dels poétes, où il fait se rencontrer auteurs et public autour de la parole poétique. Prochaine édition en juillet.

Mais dans son esprit, la poésie peut aussi révéler d’autres plaisirs que ceux du verbe, en particulier elle est en prise avec l’esthétique, le dessin, les formes, les couleurs,  d’où un autre domaine de son activité  créatrice et éditrice : la poésie visuelle qui est l’objet d’une biennale internationale à Ille, toujours, dont la cinquième édition se tiendra  fin juin début juillet et dont nous reparlerons.

Le cadeau de la poésie

Vous ne repartez jamais de chez un éditeur sans un cadeau surprise. Je veux vous en faire profiter. Il s’agit du dernier recueil « Parler  plus loin » de Muriel Valat.B qui évoque les rapports de femmes de tous âges à une langue étrangère

Ecoutons :

« D’une mer

l’autre rive

elle guette un signe »

elle enquête

 

elle interroge

la même question

lancinante

cette langue se dérobe

une autre parole

passe sous le silence »

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