UNE GIFLE
ET QUELQUES LUMIERES
La baffe, la bouffe, la gifle, au choix
renvoient souvent chez les protagonistes ou les spectateurs à des réflexions, des répliques qui tiennent
le plus souvent du lieu commun. « ça fait du bien »dira celui qui
n’en pouvait plus de l’insolence d’un jeune imbécile et de son mépris pour les gens qui n’avaient
pas l’heur de lui plaire. Et il lui en balance une ! « Bien
fait », répéteront en chœur tous
ceux qui, méprisés aussi, mais un peu
péteux, assisteront à la scène. Variante « il l’a bien mérité ».
« Oh ! Le pauvre ! Je suis contre la
violence ! », argumenteront quelques âmes sensibles et pusillanimes,
qui n’ont pas encore compris qu’on ne vit pas chez les bisounours.
Quant à la victime de l’offense, du taquet, de la claque, (c’est fou, ce
que notre langue a comme synonymes pour gifle), il ne lui reste plus pour être
fidèle, à son arrogance qu’à affirmer haut et fort, la joue encore rosie de la
trace du coup : « Même pas mal ! ».
Vous avez bien compris que toute ressemblance avec un événement récent
tiendrait à un pur hasard : la gifle à/pour/ vers/ de/ contre Macron
(choisissez la préposition qui vous va bien).
Je ne veux pas non plus justifier le geste imbécile d’un allumé qui,
victimisant Macron, ne peut que lui servir.
Réflexion…
Je veux
m’interroger sur un acte suffisamment rare pour inciter à chercher ce qu’il
recèle et révèle. D’autant que toute la presse s’y met, que les média s’en
nourrissent, que les réseaux sociaux sont à la fête. Un grand, très grand journal
du soir, y va même d’un titre qui barre toute une page : « Une
gifle qui en dit long sur l’évolution de l’action politique ».
Mazette !
Quand la violence de l‘état s’est exprimée et s’exprime, sans retenue,
lors de manifestations populaires, et les coups n’ont cessé de pleuvoir sur
toutes sortes de citoyens de base depuis un certain temps, c’est presque
silence radio. Là tout s’émotionne et chacun y va de son commentaire savant.
Donc moizaussi. Mais je n’ai aucune garantie sur sa dimension
savante : vous jugerez.
Le doute absolu
Le climat politique est délétère : comment s’étonner qu’un de ceux
qui l’ont rendu tel en fasse les frais. Certes la vie politique est en
perpétuel mouvement, les repères bougent. Mettre en œuvre des stratégies qui,
en même temps qu’elles visent à tromper l’opinion, bouleversent les valeurs de
références construites par notre culture collective, en s’appuyant sur un monde
médiatique aux mains des puissances financières, est mortifère pour une
société. Macron est là à la manœuvre, mais les manœuvres ont commencé avant
lui. Pour que le doute absolu soit la pierre angulaire de tout l’édifice et
qu’il puisse justifier tous les comportements.
Comportements racistes, complotistes, fascistes, nombrilistes, égoïstes,
arrivistes, manœuvriers, sans la moindre vergogne. Le seul but est la
satisfaction immédiate d’un besoin de reconnaissance (et sans doute pas
seulement) que la dureté de la société, ses inégalités, ses misères cachées ou
apparentes rendent quasiment impossible
pour le plus grand nombre. D’où la difficulté d’y voir un peu clair…
politiquement parlant.
N’évoquons que pour mémoire la pandémie qui n’a qu’un peu plus obscurci
l’horizon
De l’obscur à la lumière
Dans ce contexte mettre de la lumière là où elle a disparu tient un peu
du travail d’Hercule, et pourtant, les esprits restent parfois étonnamment
clairs. C’est l’intérêt de la chose publique, politique de n’être jamais finie.
Observez l’attitude sur les vaccins, observez les luttes sociales, observez la
défense tous azimuts des libertés, observez les résistances syndicales,
observez l’attachement aux services publics, observez la défense de tous les
droits sociaux (retraite, chômage…), observez les jeunes qui après des années
scolaires plus que difficiles font face aux examens, observez les formes
multiples et diverses de solidarité, observez l’aspiration à l’unité pour
transformer la société, observez l’aspiration de tous ceux qui veulent de réels
progrès. Toutes ces petites lumières manquent surtout d’un grand éclairage central
qui en manifeste la cohérence, le bienfondé. Il reste à construire. A sa
modeste place le TC veut y contribuer : dans la presse, c’est comme au
grand théâtre, il n’y a pas de petits rôles. Assumons le nôtre et laissons aux
guignols les gifles et les coups de bâtons.
Jean-Marie Philibert.
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