les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 26 octobre 2021

haro sur les catalans

 

Haro sur les Catalans

La municipalité de Perpignan tente d’empêcher un projet de La Bressola

Aliot s’emploie depuis son élection, et même un peu avant, à donner l’image d’un gentil garçon. Certes il s’est augmenté grassement, il s’est entouré d’une bande qui n’aime la démocratie qu’en laisse, il a fait les beaux yeux à la police municipale, il aime la police, il a transformé la ville de « catalane » en « rayonnante » et a mis du tricolore là où il y avait du sang et or. … Mais rien pour se mettre l’opinion publique à dos.

Avec l’épisode du croche-patte fait à la Bressola pour l’empêcher de créer dans les locaux de l’ancien couvent des clarisses un établissement scolaire, collège, lycée voué à l’enseignement du catalan il se dévoile. Comme si, pour lui, la seule langue de la république française était, restait le français : il ne sait pas que la loi dit le contraire, et que dans le cadre de cette loi, aussi bien dans le service public, qu’hors du service public, le catalan est enseigné, comme d’autres langues, dites régionales, de la république.

Pour être sûr de gêner un maximum, il laisse la Bressola monter le dossier, obtenir soutiens et subventions ; son premier adjoint déclare que la mairie n’exercera pas le droit de préemption sur ce lieu. Un sous-seing privé est signé le 6 août. Le 30 septembre, six jours avant la date limite pour déposer un droit de préemption, la Bressola est avisée que la municipalité a exercé ce pouvoir.

Branle bas de combat du coté de la Bressola, actions en justice, appel à manifester qui a mis dans le rue de la ville plus de 2000 pesonnes pour que le  maire retire son droit de préemption. Mais le maire en question nous joue la victime, « ce sont des actions politiciennes qui me veulent du mal ».

Quant au projet pour le couvent Sainte Claire, c’est silence radio… Son penseur culturel, un certain Bonet, envisagerait-il un mausolée pour Sainte Rita à qui le Bonet en question voue une adoration sans limite ? Je suis certain que pour Aliot Sainte Rita compte beaucoup plus que quelques jeunes catalanistes qui saperaient les fondements de la Frrrrance éterrrrnelle.

Jean-Marie Philibert

lundi 25 octobre 2021

Résistance : des fusillés de Chateaubriant à nos jours

 

Résistance !

Certes les temps aujourd’hui ne sont pas aussi troublés : le pays n’est  pas coupé en deux, nous n’avons pas subi une débacle qui a mis sur les routes  des populations entières, les Allemands ne sont pas rentrés dans Paris,  Pétain et Hitler ont disparu et ils ne peuvent plus se serrer lA peluche. Nous ne sommes plus en 40-41.

Mais 80 ans après, les esprits le sont toujours un peu (troublés) au point qu’un pseudo futur candidat à l’élection présidentielle se sente obligé de réhabiliter la mémoire du Maréchal dont la droite extrême n’a jamais fait son deuil, au point que le même, mais aussi quelques autres s’inventent un ennemi de l’intérieur qui mangerait aujourd’hui notre pain, profiterait de nos lois, coloniserait nos banlieues : il faudrait les bouter hors de France. Au point que le racisme se propage, que les solidarités s’étiolent.

Pour éviter l’éternel retour : réapprendre les leçons du passé

Rafraichir les mémoires n’est jamais inutile. Il ne faut pas cesser de réapprendre les leçons du passé. Le 22 octobre 2021 nous avons commémoré l’assassinat par les nazis, le 22 octobre 1941, des otages de Chateaubriant. Leur sacrifice peut nous éclairer.

Le pays est alors occupé, la résistance  en est à ses débuts. La situation est compliquée : Pétain tente de jouer la carte d’une entente impossible, pendant que de Gaulle de Londres  commence à organiser un embryon d’armée, des actions de résistances  commencent ici qui visent des officiers allemands. Il s’agit de montrer que la lutte continue, inégale, difficile, audacieuse. Le PCF, ce qu’il en reste, dans la clandestinité, est à la manœuvre.

Résister ! Le 20 octobre 41 Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation du département de Loire inférieure est abattu à Nantes par un militant communiste Gilbert Brustlein membre d’un commando envoyé de Paris par l’OS (branche armée de la résistance communiste). Pour répliquer à ses attentats qui commencent à se multiplier, les autorités allemandes veulent terroriser : un Allemand abattu ce seront 100 otages exécutés. Mais pour que le bon peuple voit dans ces attentats la main de l’étranger, pour les otages on choisit la piste « judéo-bolchévique » les méchants.

On exécute

A  Nantes l’occupant demande l’exécution immédiate de 50 otages (50 autres devraient suivre), il y aura 30 communistes dont Guy Mocquet, le plus jeune, a 17 ans, 20 résistants de Nantes. Pour les communistes, pour l’essentiel,  ils ont été arrêtés lors de la rafle d’octobre 40 et n’ont pas pu passer dans la clandestinité. Les otages sont regroupés, des prêtres catholiques les assistent, ils recueillent des lettres. Ils ne seront pas autorisés à les accompagner sur les lieux d’exécution. Les corps seront inhumés dans différents cimetières, dans des tombes anonymes. Mais la dispersion n’a pas empêché que les tombes des otages soient fleuries dès les premiers jours et pendant toute la durée de la guerre. La résistance ! Construite dans la douleur, dans le courage, dans le sacrifice, dans la solidarité,  pour donner un sens qui perdure. Le sens de l’esprit de résistance toujours d’actualité.

Jean –Marie PHILIBERT

 

 

 

 

Et pour le poète Réné Guy Cadou :


Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d’étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d’amour
Ils n’ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L’un d’eux pense à un petit village
Où il allait à l’école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n’entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu’ils ne sont pas des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.

lundi 18 octobre 2021

Pour une mémoire politique

 

La mémoire se doit d’être politique

 

 Il y a un an Samuel Paty professeur d’histoire était, à la sortie de son collège, tué pour avoir fait pour ses élèves un cours sur la liberté d’expression. L’événement dont on commémore le terrible souvenir est dans toutes les mémoires à cause de l’effet de sidération dont il fut porteur. Effet de sidération lié à la façon dont il a été tué, aux circonstances qui ont conduit à ce crime, à ceux qui y ont été associés, parents d’élèves, élèves, à la façon dont tout cela a été préparé, à la façon dont l’institution éducation nationale a peu réagi avant et mal réagi après. Sidération aussi quant aux fondements d’islamisme radical et de terrorisme sanguinaire dont cet événement est nourri.

Sidération sur ce que de tels faits disent de la folie des hommes, de leur inhumanité.

Hommage à Samuel Paty

Mais la sidération ne doit pas empêcher la compassion, le recueillement, la solidarité avec la victime, sa famille, sa mémoire. L’hommage à Samuel Paty doit être celui de toute une nation. Il doit l’être au-delà des formes officielles qu’il peut prendre, il doit l’être dans les esprits, dans les consciences. Il est aussi le nôtre.

Il touche au plus profond de notre vivre ensemble : quand celui qui remplit sa mission d’éducateur, de professeur, celui qui cherche à transmettre les fondements de ce vivre ensemble est considéré par des membres de notre société comme un ennemi à abattre, comme une nouvelle victime expiatoire à sacrifier à un surnaturel barbare qui semble vouloir se nourrir du sang de ceux qui veulent préserver la liberté de penser et de vivre. Samuel Patty voulait transmettre ces valeurs sans lesquelles il n’y a pas d’humanité.

La fracture

Je crains que, même un an après, nous n’ayons pas exactement pris la mesure des choses, que les mots proférés le soient surtout pour ne pas voir l’énorme fracture sociale sur laquelle nous ne nous maintenons que dans un équilibre très précaire, sans y apporter les remèdes qui s’imposent.

Il est évident de dire que la question n’est pas que scolaire, éducative. La société est dans une crise profonde dont le monde du travail, du chômage, des villes, mais aussi des campagnes, des droits sociaux régulièrement attaqués, des relations sociales malades donne quotidiennement les signes de plus en plus tangibles. Ils sont régulièrement minimisés et abordés par des emplâtres de circonstances qui ne règlent rien. Si ce n’est à attendre les prochaines échéances électorales. Des signes : la dérive droitière, et au-delà, de l’opinion, son désintérêt de la chose politique, son repliement égoïste, le racisme rampant, ou affiché, la peur de l’avenir. On va donc dire et répéter, ici au TC, que des changements politiques profonds s’imposent.

Mais les réponses  doivent toucher, et profondément, l’institution scolaire qui ne peut pas s’en tirer avec de la commémoration, aussi sincère soit-elle.  Le professeur que je fus est apte à en imaginer.

Pas de dieu, mais des maîtres

D’abord arrêtons de jouer avec la laïcité, y compris au plus haut niveau de l’état. Mettons les religions, toutes, hors de l’école, sans aucune tolérance, d’aucune sorte. Il n’y a pas de dieu à l’école, mais il y a des maîtres, comme on disait avant, et qui sont des artisans résolus du ciment social, si on leur en donne la possibilité. Blanquer et Macron font l’inverse : ils cassent un service public que beaucoup nous envient. Ils ne font rien pour redonner forme et vie à une vraie mixité sociale. Ils financent des écoles privées qui, quoi qu’elles disent, favorisent la ségrégation… Un grand service public, laïque, démocratique : ce n’est pas sorcier, ce n’est pas un vœu pieux, oh que non ! C’est une revendication politique et une bataille idéologique pour s’attaquer à la fracture sociale. Pour briser une dérive mortifère qui se sert de tous les faux semblants, média, réseaux sociaux, gourous en tous genres, hommes providentiels sortis du chapeau. Les réactionnaires, en tous genres, et les forces économiques qui les fabriquent sans fin nous enferment dans un fatum qui nous étouffe pour que nous ne puissions pas imaginer que la vie puisse être autre chose que la vallée de larmes qu’elle reste pour le plus grand nombre.

La meilleure façon d’honorer la mémoire de Samuel Paty est de promouvoir les valeurs progressistes et démocratiques qui furent les siennes

Jean-Marie Philibert.

mercredi 13 octobre 2021

 

Des ronds ! Des ronds !

Une initiative intéressante à ne pas manquer. Elle est comme beaucoup de ce qu’André Rober propose à El Taller Treize à Ille sur Têt à la confluence de multiples disciplines. Apparemment il s’agit de peinture, mais là la peinture se met au service de la poésie et de la chanson. Puisque ces œuvres sont présentées dans le cadre des Diades Ponsianes d’Ille, terre de JS Pons, qui rendent cette année hommage à Pere Figueres pour ce qu’il a apporté depuis 50 ans à la chanson catalane. Pour lui permettre d’enregistrer, de produire et de réaliser son nouvel album, trente-six  plasticiens des deux côtés de la frontière ont réalisé une œuvre ronde, ronde comme nos vieux vyniles sur un support papier identique, afin qu’elle soit vendu aux enchères, pour financer cette nouvelle création poétique. Un site est consacré à ces enchères rodons.cat, elles se déroulent jusqu’au vendredi 17 décembre. Tous les amoureux de la peinture comme dela poésie, et même les autres, sont invités à y participer.

Les œuvres proposées sont souvent le fruit d’une rencontre entre un plasticien qui ne renie rien de ses formes, mais qui les met au service du chanteur avec toutes les fantaisies possibles. On y lit un beau panorama de la création catalane. Il serait fastidieux de tous les citer… Au hasard Georges Ayats… Jacques Capdeville… Roger  CosmeEsteve, … Michel Fourquet.. Patrick Loste. Ils témoignent de l’ancrage dans la modernité d’une culture catalane, en même temps locale et universelle. L’expression de tous se nourrit, s’éclaire de la création de chacun. Nous vous en proposons quelques images. L’exposition se poursuivra, jusqu’en décembre,  à Amélie, à San Joan de les Abesses, à la Casa de la généralitat à Perpignan, enfin à la libraire Coste. Si vous ne la voyez pas vous n’aurez aucune excuse. Elle s’accompagne d’un livret qui en dit la richesse.

Jean-Marie Philibert

 



lundi 11 octobre 2021

l'âme et le corps

 

L’âme et le corps

C’est pas joli-joli ce qu’ils ont fait... Il serait facile d’ironiser sur une institution qui est ce qu’elle est, façonnée par une histoire millénaire, et prétendant conduire femmes, hommes à une vie éternelle et à un surnaturel qui ferait la nique à la mort. Je dois vous expliquer pourquoi je commence par-là : c’est en fonction de ma propre (enfin propre, je crois, j’espère)) histoire avec l’église catholique. Mes seules relations avec elle depuis qu’adolescent je suis devenu lentement, mais sûrement, et fortement athée, se résument aux offices catholiques des obsèques de ceux que je veux accompagner comme on dit « jusqu’à leur dernière demeure ». Là j’écoute attentivement ce que dit l’officiant au cas où (on ne sait jamais). Je comprends presque tout, j’ai de sérieux restes d’une solide formation catholique. Et je suis profondément marqué par cette ambition sans cesse réitérée de permettre à nos âmes errantes d’être plus fortes que le temps, plus fortes que la mort, d’assurer leur salut éternel. Et je me dis que depuis des siècles des hommes d’églises consacrent leur vie  à faire partager une telle foi : quelle santé pour les âmes.

La santé des corps.

Mais pour la santé des corps, c’est un peu plus compliqué : les événements récents illustrent cette difficulté (euphémisme !). Le corps, c’est cette enveloppe qui nous a été donnée, pour vivre notre passage terrestre et qu’il convient de surveiller, il porte une faute originelle. Il ne faut pas le laisser faire ce qu’il veut : il nous ferait faire des bêtises, des péchés, comme ils disent. D’où la surveillance tous azimuts, les sacrements et tout le toutim. Les brides mises sur les désirs, et plus particulièrement ceux liés à la sexualité. Pour les hommes et femmes d’église, les brides seront plus exigeantes encore, le célibat des prêtres est comme l’emblème de ces exigences-là. La vie monastique pousse le bouchon encore plus loin : la règle de l’ordre impose au corps de se soumettre à la vie de solitude, de sacrifice, de contemplation, de prière, voie vers le salut des âmes.

Les ratés

Ça marche ? Jusqu’au moment où on constate des ratés : et là nous en avons un gros qui couvait depuis longtemps. De jeunes garçons avaient dévoilé, souvent des années après les faits, une fois devenus adultes, des abus sexuels dont ils avaient été victimes lors d’activités avec des prêtres qui semblaient se prévaloir de leur mission pour se permettre des actions que tout simplement la morale réprouve, d’autant plus qu’elles visent des mineurs. L’institution a pendant longtemps fait la sourde oreille, a minimisé les faits, malgré l’insistance troublante des victimes.

Les abus

Une commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église catholique (Clase) a été chargée d’apporter ses lumières sur le phénomène, de faire un bilan de ce qui s’est passé depuis 1950. Le mardi 5 octobre, elle a rendu son rapport, qui a surpris tout le monde. Il s’agit selon son président Jean-Marc Sauvé d’un état des lieux « particulièrement sombre ». L’Eglise est, après la famille, l’instance où les violences sexuelles subies sont les plus nombreuses. La commission fait état de 216 000 victimes pendant les 70 ans écoulés et note un phénomène « massif » et «  systémique ». Une évaluation du nombre de prêtres ou religieux auteurs  de ce type d’agression pourrait s’élever  entre 2900 et 3200, à mettre en relation avec  les 115 000 prêtres  ayant exercé.

L’église est d’autant plus secouée que la commission parle à son propos d’ « occultation, », de  « relativisation, voire déni ». Les victimes sont satisfaites d’être enfin reconnues pour ce qu’elles ont subi, elles demandent indemnisation, et nouvelle gouvernance de l’institution. Autre donnée avancée par un membre de la commssion « L’église est un observatoire privilégié de la domination masculine… Le fonctionnement patriarcal de l’Eglise favorise la survenue des violences sexuelles » On s’en doutait un peu.

Une vie éternelle qui risque de ne pas être jolie-jolie

Les églises sont ici, laïcité oblige, et c’est très bien ainsi, hors de la compétence des gouvernements, mais pas au-dessus des lois et on doit se satisfaire de voir la société  ne plus laisser en dehors de la loi des actes qui pèsent plus que lourdement sur la vie de ceux qui en sont victimes. La justice des hommes (et femmes) d’abord !

Que penser de ces événements ? La dichotomie absolue entre l’âme et le corps ne serait-elle pas un peu en question ? Vouloir imposer, au nom d’un surnaturel éternel et révélé auquel ils adhérent, aux corps des laïcs, comme des clercs, des contraintes, des interdits, des cuirasses qui sont la négation de leur vie expose leurs âmes à de sérieuses mésaventures et à une éternité qui pourrait ne pas être jolie-jolie.

Jean-Marie Philibert

lundi 4 octobre 2021

de quoi zemmour est-il le nom ?

 

De quoi Zemmour est-il le nom ?

Il est souvent utile de comprendre qui est qui, qui est quoi, le sens des mots, des choses, surtout s’il est question de quelques ostrogoths qui n’ont d’autres ambitions que d’enfumer les esprits et ce que ma mémé (coucou, la revoilà) appelait le comprenoir.

Faisons donc fonctionner le comprenoir

Zemmour, dans ces temps prélectoraux occupe le paysage, les esprits, les conversations Avec l’ambition de tout embrouiller. Se présentera-t-il ? Ne se présentera-t-il pas ? A qui piquera-t-il des voix ? Représente-t-il une candidature crédible ? Comment est-on tombé si bas à avoir à supporter dans le débat politique un avatar du pétainisme, du racisme et du fascisme ? Quel crédit lui accorder ?

Une opération venue de  loin

Il y en a qui lui ont, depuis des années déjà, largement ouvert toutes les lignes de crédit qu’il souhaitait avoir ?  IL a très vite eu tous les soutiens médiatiques que ces prises de positions anti-immigrés lui ont valu chez les grands manitous (Le Figaro, RTL,  A2, Canal,  Cnews et d’autres) qui n’ont d’autres ambitions que de nous bourrer le crâne d’un racisme ambiant qui veut nous nourrir de la peur de l’autre. Avec ce type de réflexe conditionné, dans des temps difficiles, c’est si facile de tromper son monde, de lui faire croire que la crise qu’il vit est l’œuvre d’une population immigrée qui lui vole travail, logement et droits sociaux. La ficelle est si grosse qu’elle cache les errements tragiques des années 40 que nous semblons collectivement avoir oubliés. Zemmour, c’est ça !

Une démocratie en difficulté

Le terrorisme de l’islamisme radical, les formes d’intégrisme qu’il suscite renforcent les craintes que nos valeurs démocratiques et laïques semblent avoir du mal à endiguer. Les chantres de l’ordre dominant et des forces financières qui s’en nourrissent l’ont bien compris puisqu’ils contribuent depuis des années maintenant à promouvoir l’extrême droite et son discours apparemment musclé, façon le Pen- père, puis Le Pen Marine, comme alternative à nos pratiques républicaines qui ont du mal à convaincre. La preuve par l’abstention massive, par le désintérêt de la chose politique ; Zemmour n’est qu’une nouvelle tentative de nous empêcher de voir la réalité en face, au moment où la Marine faitela preuve de sa vacuité. On élargit l’offre qui peut bousculer le paysage et faire en sorte qu’on n’y comprenne plus rien. On se sert de sondages  qui se, et nous, trompent aussi régulièrement qu’on les utilise pour nous faire croire que ça marche. Zemmour c’est ça !

Brouillages et régressions

Il devient alors assez facile de tirer les ficelles quand on a semé la zizanie : observez comment Macron, à l’aide du brouillage droite-gauche n’a fait que nous mettre un peu plus dans la panade. Vous pouvez imaginer ce que permettrait le brouillage droite extrême, droite normale (?), et gauche mal en point, en termes de division sociale, d’exploitation, d’atteintes aux libertés, de coups portés à la démocratie, de recul généralisé vers les fosses septiques de l’histoire.

Zemmour est le nom de toutes les régressions parées des paroles les plus démagogiques. Je ne suis pas sûr que tous les citoyens en soient conscients.

Notre mot à dire

Mais il ne faut pas que Zemmour soit aussi le nom de l’incapacité de la gauche à affronter des enjeux cruciaux. Nous avons notre mot à dire. Certes la gauche est aussi en partie comptable de la dérive droitière de la société, certes dans la gauche certains plus que d’autres ont apporté une contribution décisive à la droitisation de l’opinion  en refusant d’apporter à la crise, aux crises traversées, les réponses progressistes  qui auraient sinon évité, au moins limité les dégâts sociaux qui ont gangréné notre pays au point de le laisser désemparé et sans autres réponses que celles que l’on trouve dans les horreurs du passé. Des forces résistent qui tentent de reconstruire l’espoir. Nous en sommes. Mais l’urgence doit nous convaincre que, pour  réussir, le chacun pour soi,la cacophonie doivent laisser la place à la clarté, à l’engagement citoyen de tous vers des progrès tangibles, à notre capacité irréductible d’agir pour un rebond social, politique  clairement défini où nous renverrons à leurs délires les Zemmour et consort, marionnettes ridicules d’un guignol qui pourrait être tragique si nous les laissions faire.

Zemmour est le nom d’une menace à circonscrire au plus vite.

Jean-Marie Philibert