les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 18 octobre 2021

Pour une mémoire politique

 

La mémoire se doit d’être politique

 

 Il y a un an Samuel Paty professeur d’histoire était, à la sortie de son collège, tué pour avoir fait pour ses élèves un cours sur la liberté d’expression. L’événement dont on commémore le terrible souvenir est dans toutes les mémoires à cause de l’effet de sidération dont il fut porteur. Effet de sidération lié à la façon dont il a été tué, aux circonstances qui ont conduit à ce crime, à ceux qui y ont été associés, parents d’élèves, élèves, à la façon dont tout cela a été préparé, à la façon dont l’institution éducation nationale a peu réagi avant et mal réagi après. Sidération aussi quant aux fondements d’islamisme radical et de terrorisme sanguinaire dont cet événement est nourri.

Sidération sur ce que de tels faits disent de la folie des hommes, de leur inhumanité.

Hommage à Samuel Paty

Mais la sidération ne doit pas empêcher la compassion, le recueillement, la solidarité avec la victime, sa famille, sa mémoire. L’hommage à Samuel Paty doit être celui de toute une nation. Il doit l’être au-delà des formes officielles qu’il peut prendre, il doit l’être dans les esprits, dans les consciences. Il est aussi le nôtre.

Il touche au plus profond de notre vivre ensemble : quand celui qui remplit sa mission d’éducateur, de professeur, celui qui cherche à transmettre les fondements de ce vivre ensemble est considéré par des membres de notre société comme un ennemi à abattre, comme une nouvelle victime expiatoire à sacrifier à un surnaturel barbare qui semble vouloir se nourrir du sang de ceux qui veulent préserver la liberté de penser et de vivre. Samuel Patty voulait transmettre ces valeurs sans lesquelles il n’y a pas d’humanité.

La fracture

Je crains que, même un an après, nous n’ayons pas exactement pris la mesure des choses, que les mots proférés le soient surtout pour ne pas voir l’énorme fracture sociale sur laquelle nous ne nous maintenons que dans un équilibre très précaire, sans y apporter les remèdes qui s’imposent.

Il est évident de dire que la question n’est pas que scolaire, éducative. La société est dans une crise profonde dont le monde du travail, du chômage, des villes, mais aussi des campagnes, des droits sociaux régulièrement attaqués, des relations sociales malades donne quotidiennement les signes de plus en plus tangibles. Ils sont régulièrement minimisés et abordés par des emplâtres de circonstances qui ne règlent rien. Si ce n’est à attendre les prochaines échéances électorales. Des signes : la dérive droitière, et au-delà, de l’opinion, son désintérêt de la chose politique, son repliement égoïste, le racisme rampant, ou affiché, la peur de l’avenir. On va donc dire et répéter, ici au TC, que des changements politiques profonds s’imposent.

Mais les réponses  doivent toucher, et profondément, l’institution scolaire qui ne peut pas s’en tirer avec de la commémoration, aussi sincère soit-elle.  Le professeur que je fus est apte à en imaginer.

Pas de dieu, mais des maîtres

D’abord arrêtons de jouer avec la laïcité, y compris au plus haut niveau de l’état. Mettons les religions, toutes, hors de l’école, sans aucune tolérance, d’aucune sorte. Il n’y a pas de dieu à l’école, mais il y a des maîtres, comme on disait avant, et qui sont des artisans résolus du ciment social, si on leur en donne la possibilité. Blanquer et Macron font l’inverse : ils cassent un service public que beaucoup nous envient. Ils ne font rien pour redonner forme et vie à une vraie mixité sociale. Ils financent des écoles privées qui, quoi qu’elles disent, favorisent la ségrégation… Un grand service public, laïque, démocratique : ce n’est pas sorcier, ce n’est pas un vœu pieux, oh que non ! C’est une revendication politique et une bataille idéologique pour s’attaquer à la fracture sociale. Pour briser une dérive mortifère qui se sert de tous les faux semblants, média, réseaux sociaux, gourous en tous genres, hommes providentiels sortis du chapeau. Les réactionnaires, en tous genres, et les forces économiques qui les fabriquent sans fin nous enferment dans un fatum qui nous étouffe pour que nous ne puissions pas imaginer que la vie puisse être autre chose que la vallée de larmes qu’elle reste pour le plus grand nombre.

La meilleure façon d’honorer la mémoire de Samuel Paty est de promouvoir les valeurs progressistes et démocratiques qui furent les siennes

Jean-Marie Philibert.

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