Faire
« grandir » la sécu : pourquoi ?
L’idée
d’une extension du régime de base de la sécu est relancée par le pouvoir
Il y a des chances ? des risques ? que nous en
entendions parler bientôt dans le cadre de la campagne présidentielle de
Macron : un projet de Grande Sécu. Véran y travaille quand la pandémie lui
donne du temps, des rapports sont en préparation avec des fuites régulières
pour préparer les esprits, pas nécessairement pour les éclairer. De quoi
s’agit-il ?
Actuellement
Actuellement pour faire face à vos dépenses de santé, vous
avez l’assurance-maladie obligatoire et pour beaucoup d’entre vous une
complémentaire santé (pour 96% de la population). L’assurance obligatoire est
alimentée par vos cotisations salariales, mais aussi par la CSG. Les versements
aux complémentaires sont dépendants du choix de la complémentaire et des
options choisies. Vos remboursements émanent de ces deux organismes. L’objectif
affiché est dans un souci d’économie, de rationalisation de faire prendre en
charge par le régime de base de la sécurité sociale une partie importante des remboursements assurés par les complémentaires (ticket
modérateur, dépassements d’honoraires,
lunettes, prothèses, séjour à l’hôpital…). Cette construction duale
coute cher, suppose un double traitement, des frais de gestion importants, des
inégalités. Des perspectives très vertueuses et peut-être séduisantes pour des
défenseurs de la sécu.
Attention
Si ce n’est que cette grande sécu ne pourra pas débourser
plus d’argent qu’elle n’a, qu’il n’est rien dit de ces ressources qui par
l’impôt ou les cotisations ne viendront que des assurés eux-mêmes, que le souci
de peser sur les niveaux de
remboursement sera constant, ainsi que la tentation de réduire son intervention
à la portion congrue. Ce qui reste de
gestion syndicale de la sécu passera sans aucun doute à la trappe, et la sécu
s’éloignera un peu plus du monde du travail. Les aménagements apportés par les
complémentaires ne seront plus possibles face à une telle étatisation du
système qui nourrit les craintes des syndicats, des professionnels de santé et
des mutuelles elles-mêmes dont ils ne faut pas oublier qu’elles furent
avant 1945 des institutions qui ont
servi de berceau à la Sécu.
Par contre ce projet qui pourrait être au cœur d’un second
mandat de Macron met dans le paysage des ambitions déjà préalablement au cœur
de la réforme des retraites : une prétention à l’universalité qui ne coûte
pas grand-chose, et peut-être à une tentative de séduction (d’enfumage ?)
d’un électorat sensible aux questions sociales. Avec le TC vous êtes prévenu.
Jean-Marie Philibert.