L’humeur
n’a pas d’heure…
Je ne sais pas si c’est un effet du passage à ‘heure d’hiver
dans cette nuit du 30 au 31octobre, mais pendant que toutes les pendules de
France et de Navarre s’arrêtaient entre 2 et3 heures du matin, mes yeux se sont
écarquillés et comme si j’avais à surveiller le bon arrêt du temps (une heure
et pas plus) mes esprits se sont mis au travail. Et comme souvent à des heures
indues, ma Mémé, coucou la revoilà, est venue me faire la conversation.
« -Qu’est-ce que tu nous prépares comme billet d’humeur,
Jean-Marie ?
Le dernier
bouquin d’Hollande : Affronter
-Je crois que je vais parler du dernier bouquin d’Hollande
« Affronter », j’ai même pensé à un titre « Ta
gueule ».C’est un peu violent ? Non ?
-Ecoute, je n’ai pas tout lu ; mais ce qui s’en dit ici
semble le mériter. Certes, ici, nous sommes éloignés des contingences
terrestres, nous voyons les choses avec une certaine hauteur, nous sommes
enclins à une certaine empathie avec
tous ceux qui restent sur le plancher des vaches et doivent se
tripatouiller avec toutes les difficultés et les incertitudes du quotidien.
Mais là ce bouquin : quin toupet ! Comme je te disais, en occitano
français, quand tu déraillais. IL vous fout dans la merde, il fout la gauche
dans la panade, il a menti sur son désamour des banques, il s’est assis sur les
besoins du peuple, il a tenté de détruire le code du travail, il a escagassé
quelques services publics, il propulse sur le devant de la scène un jupiter au
petit pied dont, grand naïf, il ne soupçonne même pas le potentiel de
traitrise, tout occupé qu’il fût, à
aller faire des tours de scooter le soir dans les rues de Paris, et cerise sur
le gâteau, à dire n’importe quoi aux journalistes qui se régalent devant tant
de persévérance à jouer au grand homme raté.
-Fan de chi choune, Mémé, tu l’habilles le bougre !
Lui qui
s’est toujours couché
-Quand on a mis autant de zèle à accumuler les erreurs, on se
la ferme, on rase les murs, et surtout on ne prétend pas donner des leçons pour
affronter quoi que ce soit, lui qui s’est toujours couché avant qu’on le lui
demande.
-Mais Mémé, il dit qu’il ne cherche pas la revanche, il veut
tracer « une vie nouvelle ». Il veut « dire la vérité de façon
totalement désintéressée… Transmettre, telle est la mission qui incombe à toute
personne dont l’expérience peut offrir une chance de plus pour la génération
qui vient ». C’est lui qui le dit, bien sûr…
-J’espère pour toi que tu ne le crois pas, je t’ai connu plus
malin… »
Il est vrai que dans les insomnies la lucidité n’a pas
l’éclairage maximum. Mais le propos acerbe de Mémé m’a réveillé quelques
neurones et rappelé les interventions ronronnnantes, mais culottées de l’ex sur
les plateaux de télé pour vendre sa soupe, et son livre tout en dézinguant tous
azimuts. A gauche Montebourg (zozo),
Mélenchon (une plaie), Hidalgo, on fera avec, faute de mieux. A droite, il tape
sur Pecresse, sur Bertrand. Quant à son ancien ministre Macron, il l’imagine
«sautant d’une conviction à l’autre comme une grenouille sur un
nénuphar », un homme insensible devant la détresse.
Aucun
projet politique transformateur
Aucun projet politique transformateur, pour secouer le
désordre dominant, pour redistribuer les richesses, pour faire que les
injustices disparaissent, même un peu. Cela ne semble pas trop son problème.
Pour lui il suffit que le PS ou ce qu’il en reste soit, redevienne, se donne
l’image, fasse croire qu’il est capable de gouverner, c'est-à-dire de capter un
pouvoir… et d’en faire ce qu’il pourra : c'est-à-dire pas grand-chose
selon les expériences multiples que nous avons connues.
On se rapproche de la fin du temps imparti à la mise en ordre
des horloges d’hiver : dans la tête mon billet est fait. Je peux me rendormir,
tranquille, jusqu’à 8 heures du matin.
Merci Mémé. Autant prendre des forces, il reste tant à faire.
Jean-Marie Philibert.
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