Tout seul
Macron a parlé…D’abord il y a la forme, elle a du sens. Tout
seul face à une caméra qu’il fixe pour donner le sentiment qu’il nous regarde
dans les yeux et crée ainsi une relation personnelle. Le monologue est lent,
cadencé, avec un verbe choisi, mais accessible à tous, à la fois faussement
modeste et ambitieux, toujours sûr de lui. C’est sans doute Bribri qui a
formaté la posture, le débit, l’intonation présidentielle, faite pour en
imposer. Plus besoin de
journalistes entre le président et nous, plus besoin de mise en scène
visible. Les paroles, les décisions le pouvoir personnel à l’état brut.
Ils n’ont
pas tous un lider aussi fortiche
Dans ces temps préélectoraux, il est essentiel de donner
l’image d’un chef d’état déterminé à le rester, même s’il n’en a encore rien
dit. D’où l’accent mis sur ce qui reste une préoccupation majeure des Français
la pandémie, la cinquième vague de Covid 19, sur son rôle de chef de guerre qui
a déjà su en partie maîtriser l’ennemi et sur sa capacité à nous mener à la
victoire définitive, beaucoup plus efficacement que les pays qui nous
entourent, qui, sous-entendu, n’ont pas
la chance d’avoir à leur tête un lider aussi fortiche.
Et donc sur ce chapitre, une annonce attendue : les
risques qui persistent (augmentation du taux d’incidence et remontée des
hospitalisations) et la capacité à y faire face, et en particulier pour les
plus de 65 ans et les personnes co-morbides imposent la nécessité d’une
troisième injection de vaccin dans la mesure où, six mois après les deux
premières doses, l’immunité diminue fortement.
Le vrai
visage
Et là la pédagogie
fait brutalement place à l’autoritarisme, à l’infantilisation des
récalcitrants. Si l’on n’obéit pas au chef, plus de passe sanitaire, plus de
café, de restau, de cinéma, plus de vie sociale… Punis ! Alors que ces
plus âgés ont été les premiers à se faire vacciner, à initier un mouvement qui
a conduit à ce qu’une grande majorité de la population soit vaccinée. Le masque
de la bienveillance, de la confiance, de la solidarité est brutalement remplacé
par le visage d’un autoritarisme qui n’a pas lieu d’être et le Macron se révèle
pour ce qu’il est, un Jupiter au petit pied, prétentieux et inconscient de ses
bêtises.
Aux manques, aux errements, aux erreurs précédentes, à la
sottise qui a consisté à nourrir un mouvement anti-vax, aujourd’hui en voie
d’essoufflement, il en ajoute une couche qui ne peut que le réactiver et
produire les effets inverses à ceux escomptés. Il n’a rien compris !
Papancucu
Le panpancucu prend le pas sur la persuasion, la conviction,
la confiance et la lucidité :le citoyen serait un imbécile qui ne serait
pas capable de se prendre en main. Et devant cet empressement de Macron à nous
refaire le coup du passe sanitaire, qu’il envisage sans doute de proroger ad
vitam aeternam, on prend conscience que les pouvoirs solitaires sont toujours
très dangereux pour la démocratie. Et que cela reste insupportable.
D’ailleurs si vous avez suivi son discours, la suite du
propos n’a été qu’un hommage rendu à son action passée sur les plans éducatif,
économique, social, sanitaire, sur les aides consenties à toutes les
populations pour préparer les échéances électorales. Sans rien entendre des
tensions qui s’exacerbent sur le pouvoir d’achat, sur la misère qui détruit les services
publics, sur les souffrances sociales insupportables.
Il rend ainsi hommage à sa « démocratie toute
personnelle » qui en approchant du terme d’un quinquennat marqué par de nombreuses
luttes sociales fait la démonstration qu’elle n’a rien vu, rien entendu, rien
compris au gouvernement d’un peuple, certes difficile et exigeant, mais
soucieux de garantir, accroître, enrichir sa capacité à prendre son destin en
main, dans des formes qui permettent à la voix de chacun et de tous de se faire
entendre. Ce qui impose d’en finir définitivement avec les pouvoirs personnels
de toutes sortes qui nous vole notre oxygène. Pour reconstruire une véritable
démocratie.
Jean-Marie Philibert
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