les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 30 avril 2012

ultimes recommandations


Ultimes recommandations.
Devant l’accumulation des « cagades » que l’agité-président a pu proférer depuis les résultats du premier tour, je me suis dit : il faut faire quelque chose, c’est l’image du pays qui est en jeu. Cet homme n’est plus tout à fait maître de lui-même : il a tellement peur de perdre. Que sera-t-il sans le Fouquet’s, sans les courtisans, sans l’Airbus présidentiel ?  Il sent le cataclysme proche et il panique ! Il en veut à la terre entière et il dit n’importe quoi. Puis il dit qu’il ne l’a pas dit. Puis quand on lui fait entendre qu’il l’a dit, il dit que c’est un complot. Le temps avançant et les échéances définitives se rapprochant, il est logique de craindre le pire pour ses derniers moments de président, au cas où les urnes ne voudraient plus de lui.
Ma sagesse proverbiale, mon flegme unanimement reconnu (pourquoi tu tousses ?),  m’incitent à lui prodiguer quelques conseils de bon aloi, pour, après avoir pratiquement tout raté pendant son quinquennat, ne pas rater son départ. Je crains de ne pas être entendu, de mauvais esprits verront de la moquerie dans ma démarche. Ils se trompent ; je pense très fortement qu’il est totalement inutile d’ajouter du malheur au malheur et que ce n’est pas parce qu’il en a beaucoup fait aux autres, en particulier à tous ceux qui ont le portefeuille raplapla, qu’il ne faut pas lui tendre une main secourable au moment où il pourrait débarrasser le plancher.
Ecoute bien
« Donc écoute bien, Nicolas ! Arrête de tressauter !  Il faut te calmer ;  respire profondément, ne gigote pas sans arrêt. Commence modestement à tenter de rester sans bouger pendant quelques secondes, puis augmente la durée de ces moments de zénitude où tu ferais bien de penser à ta fifille et à ta Carlita. Entraîne-toi tous les jours à réduire ton agitation chronique. C’est indispensable pour retrouver un semblant d’équilibre…
Evite aussi de te laisser aller à tes penchants colériques naturels : il est inutile le soir du second tour de faire venir Fillon et Copé à l’Elysée, tu vas les engueuler comme des moins que rien, tu vas leur expliquer qu’ils sont nuls, qu’ils sont la cause de tous tes malheurs, qu’ils n’ont rien compris à ton génie. Sans doute tu as raison !  Mais à ce moment-là ressasser tout ce qui peut te faire souffrir est inutile. Ne crie pas, comme tu l’as fait pendant cinq ans…
 L’adversité est parfois une bonne occasion de trouver la sagesse, ne la laisse pas passer. Dis-toi qu’il y a eu pendant cinq ans des millions de gens qui ont dû à cause de toi affronter l’adversité des fins de mois difficiles, du chômage qui n’en finit pas, des services publics qui marchent comme ils peuvent, ils ont certes manifesté, protesté, mais ils sont restés à peu près tranquilles. Imite-les : il est bon que de temps à autre les grands (enfin, c’est une formule toute faite)  de ce monde s’inspirent de la sagesse populaire et de sa capacité à encaisser les coups. Apprécie donc cette adversité qui te confronte à toi-même, dans la nudité d’une affectivité ébranlée. Surtout ! Surtout ! Surtout ! Ne pète pas les plombs. Ils attendent tous ça, tes « amis », les faux  et aussi peut-être les « vrais »…
Et tais-toi !
Parle le moins possible en public, si tu vois un micro, une caméra, détourne-toi, si tu vois un groupe assemblé, passe au large.  C’est la meilleure façon de ne plus dire de bêtises. Laisse se décanter, au fond de ta cervelle, tous les mots, toutes les phrases, tous les discours que tu as proférés, et qui t’ont mis dans cette situation, certes inconfortable  (tu n’es plus grand-chose), mais porteuse de promesses pour le plus grand nombre (nous n’aurons plus à te supporter)…
Un  monde nouveau commence pour  toi, mais aussi pour nous. Si pour toi, c’est douloureux, dispense-toi de croire que pour nous ce soit  une catastrophe. Tu t’abuserais une nouvelle fois inutilement.  Je ne veux pas te faire trop de peine. C’est sans doute même le contraire. Pour beaucoup, beaucoup, beaucoup, c’est  un moment d’espoir, un moment gagné sur la résignation, un moment où il peut devenir possible de  construire un avenir…
S’il te plaît, par une ultime bêtise dont on sait que tu es capable, ne nous gâche pas ce plaisir…
Tchao ! Pantin ! »
Jean-Marie PHILIBERT.

mercredi 25 avril 2012

un avant et un après


Avant/Après.
Je prends la plume le lundi 23 avril, juste après le 22 pour dire mon humeur sur ce qui s’est passé le 22. Et mon humeur tourne  avec insistance autour de ces mots « après le 22 » qui éveillent comme en écho « avant le 22 », sans me lâcher. Avant… après … au point de ne pouvoir y échapper.
Il y a un avant 22 avril et il y aura un après… Tu parles Charles d’une découverte ! C’est pareil tous les jours. Certes, si ce n’est que là, entre l’avant et l’après, quelque chose a basculé, qui vient un peu bousculer l’ordre ou le désordre du monde. Non, il ne s’agit pas encore du largage de l’agité président et de son staff insupportable de parvenus ; non, pour cela il faudra attendre encore quelques jours et ce sera une étape importante et nécessaire. Non, il s’agit de quelque chose de plus profond, de moins concret, qui touche à ce qui nous constitue socialement, politiquement, qui définit la relation au monde  et à l’histoire qu’entretiennent  bon nombre de citoyens exigeants : ils ne se reconnaissent pas dans le monde tel qu’il va (mal) et ont l’ambition de le changer, de le transformer, de le chambouler, de le révolutionner. Ils imaginent que le pauvre, l’exclu, le solitaire, l’exploité, l’opprimé, le malheureux pourraient ne plus l’être. Utopie es-tu là ?
Avant
Avant le 22 avril, nous avions le sentiment qu’agir sur le monde était, certes, une intention louable qui pouvait nous attirer le regard compatissant d’humanistes sincères. Cette ambition vivotait de vies multiples et éclatées, mais elle avait excessivement de mal à se traduire dans les faits en termes de changements réels, de progrès tangibles. Les seuls changements de nos vies n’avaient rien de progressistes : c’étaient ceux de la remise en cause des droits sociaux, de la casse du code du travail, de la détérioration inéluctable des services publics. Les résultats électoraux ne nous laissaient pas beaucoup d’espoir. 
Le pouvoir d’achat n’arrêtait pas de changer… comprenez de dégringoler, tandis que l’arrogance des riches pouvait croître et proliférer au rythme de leurs comptes en Suisse et ailleurs. Nous étions englués dans une spirale de malheurs où la seule perspective qui nous était proposée était de ne pas tomber aussi bas que nos voisins, encore plus malheureux que nous.  Les années Sarkozy nous auraient-elles mis ainsi en situation d’attendre le pire ? Et comme la situation est intenable, les dérivatifs de la peur de l’autre, de l’étranger, de l’immigré sont régulièrement appelés à la rescousse pour fournir les boucs émissaires à la colère ambiante.
Le 22
Le mélange détonnant a détonné le 22 avril en plaçant le Front National au premier plan de la vie politique. Il est surprenant qu’en dehors du Front de Gauche on ait laissé la menace frontiste sans réponse.  A droite, même on était allé au-delà,  en préparant la couche des fachos avec toute la sollicitude possible, jusqu’à montrer toutes les facettes de ce que pouvait être un racisme d’état. Merci  Guéant !
L’ancrage de la stratégie du Front de Gauche avant le 22 avril a été d’attaquer Marine le Pen pour ce qu’elle était une xénophobe, une raciste et de la graine de fasciste et en même temps de tenter de dresser des perspectives de transformations politiques larges. Il est impératif de répondre aux attentes sociales, de répondre à ce que les autres candidats choisissaient de n’aborder qu’avec les plus grandes timidités … à cause des contraintes  économiques et financières, de la crise, de la dette, bien sûr ! Cette stratégie a soulevé un immense espoir  et a permis au soir du 22 avril un résultat à deux chiffres, comme on dit. Deux chiffres que nous aurions sans doute aimés plus gros, deux chiffres qui quelques semaines auparavant seraient apparus comme une avancée significative. Ce résultat a un sens. Après le 22, ce ne sera plus comme avant.
Après
D’abord parce que pour la première fois depuis longtemps on inverse une courbe, elle semblait descendre inexorablement et là elle se remet à monter. Et derrière la courbe,  dessus, dessous et tout autour, il y a de l’humain qui espère, des jeunes, des moins jeunes,  des salariés, des femmes, des retraités, des qui galèrent, des qui aiment la justice… Cette inversion de courbe est provoquée par les milliers de têtes qui se relèvent. C’est un signe majeur.
Ensuite parce que ce mouvement est tout sauf spontané et fortuit. Il est né dans les luttes qui depuis 95 ont émaillé l’actualité sociale, elles se sont heurtées  à l’absence de débouché politique. Et là dans le contenu social fort de la démarche du Front de Gauche, dans sa dimension unitaire il y a comme une rencontre porteuse d’avenir entre un mouvement social puissant (pensons au mouvement pour défendre les retraites) et une perspective politique.
Enfin parce que l’ambition affichée, affirmée, n’est pas celle d’une alternance plan-plan, un petit coup de barre à gauche, puis un autre petit coup à droite, puis re-à gauche, puis re-adroite… Mais une ambition qui veut s’attaquer aux racines de la crise, aux désastres que provoque l’accumulation capitaliste. Une ambition qui ne s’enferme pas dans nos frontières, mais qui cherche à catalyser toutes les forces de progrès, en particulier, en Europe.
Cette ambition, l’occasion nous est donnée d’écrire de nouvelles pages de son histoire : dans la rue le 1° Mai en montrant la détermination et  l’unité du monde du travail, dans les urnes, le 6 Mai en chassant Sarkozy, dans les semaines qui suivront, en envoyant au Parlement des députés Front de Gauche nombreux. Pour apporter au peuple les réponses qu’il attend et dont le manque est la source de toutes ses souffrances, ils seront, avec notre mobilisation,  l’arme la plus efficace.
Tout cela ne sera possible que parce qu’il y aura eu un 22 avril, un avant et un après.
Jean-Marie PHILIBERT.

vendredi 20 avril 2012

de l'élysée à bompas


Le temps de construire
Vous ne trouvez pas que cette visite de l’agité-président à Rivesaltes et à Bompas avait des allures de fin de règne : c’était une tentative désespérée et impossible de récupérer quelques voix  du côté des nostalgiques de l’Algérie française, combat éminemment progressiste.
Dix minutes consacrées à la visite du camp de Rivesaltes (beaucoup y furent « retenus » beaucoup plus longtemps), c’est une durée emblématique de l’intérêt de Sarkozy et de son équipe pour le travail de mémoire. Il a d’ailleurs raison de croire que plus la mémoire sera courte, plus il aura de chances d’éviter la veste qui l’attend chez son tailleur au soir du 6 mai. Et puis toujours cette obsession du temps : faire et dire à la vitesse grand V à quelques jours de l’échéance de son mandat ce qu’il n’a pas eu le temps de dire et de faire pendant les cinq années qui ont précédé. Que l’état français avait une responsabilité dans le sort réservé aux harkis (tu parles ! c’est devenu une vérité historique). Que l’état allait participer financièrement au mémorial de Rivesaltes (c’est une promesse …  verbale de plus).
 Du temps perdu …
Dans cette  hantise du temps, il a entraîné tous les pontifes locaux de l’UMP qui savent aussi que leur temps est compté … et que l’heure des  comptes à rendre va sonner. Tous les élus locaux de droite étaient là, en ringuette, le sourire crispé, le doigt sur la couture du pantalon, bien propres sur eux, prêts à applaudir aux moindres propos présidentiels. Ils savaient qu’ils auraient droit aux petits fours à l’issue de la cérémonie et ils étaient conscients que c’etaitt peut-être une des dernières occasions de se retrouver… autour du buffet et au pouvoir, ou à ce qu’il en reste. Le temps presse.
Ils ont voté toutes les lois, tous les projets, tous les budgets de l’agité, les Calvet, Mach, Siré, Irles : le cop d’escoumbre, ils le méritent  aussi. Ils le méritent même doublement pour leur suivisme aveugle et pour leur obstination à tenter de nous prendre à intervalles réguliers pour des imbéciles par des propositions d’une nullité affligeante. Entre bécassine du lac qui cache sa vacuité politique derrière un sourire commercial figé,  entre le colosse de Pollestres qui ne voit la femme que derrière les fourneaux,  entre le grand penseur de la Salanque qui ne sait pas ce que sont la psychologie, la sociologie et la géologie, une grande connivence existe qui ne rehausse pas l’image de notre département. Elle devrait les conduire à aller ensemble commander aussi une belle veste pour le mois de juin. Il est temps de les réveiller. C’est l’heure ! Le rêve est fini. Par notre pugnacité, par notre détermination, par notre unité, aidons-les à se refaire une garde-robe.
Au temps gagné…
Le temps en a marre de stagner, il faut avancer, il faut en finir avec les obstacles à la construction de l’avenir,  il faut passer au temps fait pour l’humain, fait pour le progrès social, pour les  avancées sociales, pour les droits nouveaux. Le temps de construire !
Le temps de construire, le Front de gauche le prépare depuis des mois et des mois. Le temps de construire, les luttes sociales l’exigent  depuis des années.  Le temps de construire, les rassemblements de la Bastille, de Toulouse, du Prado en montrent l’attente impatiente. Le temps de construire est notre temps à nous tous, le temps pour sortir des difficultés et pour transformer la société. Tout reste à faire. Ce sera notre tâche. Une tâche patiente, opiniâtre et résolue … aux antipodes de la fébrilité de la campagne de l’agité-président qui ne s’est même pas rendu compte  que c’était à Bompas, là où l’on fête l’escargot et sa naturelle lenteur, qu’il tentait de donner un coup d’accélérateur à sa campagne. Jusqu’au bout il aura tout faux !
Pour nous dimanche, il sera grand temps de construire !
Jean-Marie Philibert.

jeudi 12 avril 2012

Dans la république des enfants....


Dans la république des enfants ...
Dans la république des enfants ça s’agite beaucoup à l’approche des présidentielles. Les discussions sont très animées dans les cours de récréation.
-Sarko, il est nul ! il ment comme il respire : il veut rien changer, mais il dit qu’avec lui ça va changer. Il est bête : il a pas compris que c’est lui qu’on veut changer. A la maison, dès qu’il est à la télé, avec ma sœur, on tire la langue et on tourne le dos. Ma sœur même, elle dit que sa petite Giulia est à plaindre parce que, dans son palais de l’Elysée, elle a pas de copines, et qu’entre une grande duduche et un petit agité, nerveux et plein de tics, elle s’ennuie. Son frère aussi il s’ennuie tellement à l’Elysée qu’il tire des fléchettes sur les gendarmes qui sont devant la porte. Moi, si je tirais des fléchettes sur la voisine, mon  père il m’en mettrait une trempe. Ouais ! Mais mon père il a des principes. Et il est pas président bling-bling. Mon père, il est de gauche, même qu’il dit « plus à gauche que moi y a pas ». Ma mère aussi elle est de gauche, mais elle gronde souvent mon père, parce que quand il fait des choses  pour le ménage, elle le trouve trop gauche. On se marre à la maison, même si l’on a pas beaucoup de sous. Ma grande sœur, elle aimerait qu’on en ait davantage, ma mère aussi d’ailleurs.
Un bateau ou un pédalo ?
-C’est pour ça que vous êtes de gauche chez vous, c’est parce que vous n’avez pas de sous.  Pour en avoir il faut être de droite ! Moi, mon père et ma mère ils sont riches. Ils ont plein de voitures et de bijoux en or. Mon père il a même une Rolex comme le président. Ils m’ont dit qu’avec Sarkozy ils étaient devenus encore plus riches et qu’ils ont envie de continuer à s’enrichir encore un peu pour nous mettre mes frères et moi dans l’enseignement privé et pour se payer un bateau…
-Un bateau ! Même pas vrai… ta mère, elle a dit à ma mère que ton père, il sait pas nager et que ses affaires, c’est pas brillant-brillant. Si tu crois que Sarko il va te payer un bateau…
-Hollande, à toi, il pourra te payer qu’un pédalo, parce que lui, c’est le roi des pédalos. C’est Mélenchon qui l’a dit.
-Moi, ma mère, mon père, mon grand frère, c’est pas un bateau qu’ils veulent. Ils disent que les galères, ils les connaissent toutes. Ils veulent un vrai boulot. Ils disent qu’avec un vrai boulot on peut s’acheter autre chose que des patates, des nouilles ou des conserves. Même que mon grand frère, il m’a dit que la nuit, il fait des rêves d’une chambre où il aurait plein de téléphones portables et d’ordinateurs,  alignés comme dans les grands magasins…
Il faut bien travailler à l’école !
-Moi, ma mère elle dit que pour avoir tout ça, il faut bien travailler à l’école….
-Ouais, mais pourquoi qu’avec Sarkozy, il y en a plein qui travaillent  bien à l’école,  et qui n’ont rien…
-Même qu’il y en a qui travaillent bien, qui n’ont rien, même pas des papiers, et qu’il veut les renvoyer en Afrique ou ailleurs…
-Moi, je suis petit,  je comprends pas bien toute la politique, mais à la télé, il y a ceux que j’écoute, qui m’intéressent, parce que je sens que je peux avoir confiance, et les autres, ceux qui veulent  nous embrouiller, nous rouler dans la farine. A droite, ils ont beaucoup trop de farine. Et puis la farine, il faudrait pas la gaspiller comme ça parce qu’il y en a qui n’en ont pas assez. Même qu’ils vont au resto du cœur. Ma mémé, elle dit que c’est une honte et elle a raison. Ma mémé, elle est bonne comme le  bon pain que l’on fait avec la bonne farine, et elle ne supporte pas que l’on manque de pain. Elle est généreuse, ma mémé, c’’est elle qui me garde, qui me protège, qui m’élève comme ils disent les grands. Je crois qu’elle m’élève bien, comme ça je vais grandir-grandir … Et ma mémé je sais que vous avez deviné pour qui elle va voter… Pour celui qui, comme elle, est généreux et pas égoïste pour deux sous. Pour celui qui veut que ça change pour de vrai ! Pour celui qui ne veut plus que l’on gaspille la farine, mais qui veut qu’on la partage.
Jean-Marie PHILIBERT.

samedi 7 avril 2012

dire et faire


Dire … et faire
Il y avait des lustres que les candidats de mon cœur et de ma raison  (tous les deux situés à gauche toute) n’avaient pas bénéficié d’autant de sollicitude  de la part de journalistes bien pensants (bien pensant, c’est une expression toute faite qui peut dire le contraire de ce qu’elle dit).
Et tous ou presque de dire du bien de Mélenchon. Nous au TC, il a eu depuis le début droit à notre sollicitude et même un peu plus. Voir tous les bavasseurs habituels de l’idéologie de la soumission, tous les plumitifs-courtisans connus et reconnus du pouvoir en place dire du bien du candidat qui prône l’insurrection civique éveille en moi quelques soupçons. J’ai du mal à croire en leur sincérité et je crains quelques turpitudes ou quelques entourloupes dans leur discours. Ils ont tellement été la voix de leur maître, que je sens dans leurs propos une main qui veut jeter le trouble à gauche (j’encense Mélenchon pour enfoncer Hollande) et tenter de sauver ce qui peut l’être d’un pouvoir vacillant. Et j’apprécie hautement l’attitude lucide de Mélenchon, de toute son équipe, qui garde la tête froide et qui ne cesse de rappeler les véritables enjeux de l’élection : chasser Sarkozy pour faire une authentique politique de gauche et ce qu’elle signifie de changements réels dans la vie des gens.
Ne pas finir exsangues et immolés !
Il faut chasser le Sarkozy partout où il se trouve si l’on veut mettre un coup d’arrêt à la politique la plus antisociale que nous ayons connue depuis longtemps, si l’on veut voir disparaître les pratiques autocratiques qui dénaturent notre démocratie, si l’on veut rassembler et non exclure, si l’on ne veut pas finir avec les Grecs, les Portugais, les Espagnols, les Italiens et tous les autres, exsangues et  immolés pour des décennies sur l’autel des sacrifices consentis ( ?) à la finance internationale.
Le Sarkozy est d’autant plus dangereux qu’il se sait traqué. Il menace même de quitter la politique en cas de défaite : tu parles des vacances que ça va nous faire…
Encore que nous n’avons pas intérêt à rêver ni avant, ni pendant, ni après les élections. Les vacances ce sera pour beaucoup plus tard. Changer de président ne signifie pas obligatoirement changer de politique. Les changements à la marge, dans les mots, dans les manières, dans les formes, peuvent parfois camoufler la permanence des tendances lourdes qui font du capitalisme l’horizon indépassable de notre avenir politique. Ne pas vouloir comprendre que le combat se situe à ce niveau-là signifie tout simplement que l’on ne se met pas en situation de le gagner. Hollande ne doit pas chercher ailleurs que dans ses atermoiements  les raisons de son effritement.
Une religion économique à laquelle les économistes sont de moins en moins nombreux à croire.
Faire des marchés financiers et des contraintes qu’ils imposent  le nouveau surnaturel de ce 21° siècle est l’antienne de tous les réactionnaires qui veulent préserver l’ordre (ou le désordre, ai-je plutôt envie d’écrire) dominant contre les vents et les marées de la contestation. Toute politique de gauche digne de ce nom doit prendre ses distances avec cette religion économique à laquelle d’ailleurs les économistes eux-mêmes sont de moins en moins nombreux à croire.
Dans une pleine page du Monde du 30 Mars qui l’interviewe, François Hollande parle de tout, sauf du pouvoir d’achat, sauf des salaires, sauf de la retraite, sauf de la lutte contre le chômage, sauf de la politique sociale. Les silences sont éloquents et la force de Mélenchon est dans sa capacité à dire, à dire tout ce qui fait la dureté de notre vie, à dire tout ce qu’il faut refuser, à dire tout ce qu’il faut changer. Dire ce que l’on veut faire, ce que l’on va faire, ce devrait être une démarche politique élémentaire. C’est un moment essentiel de l’éveil des consciences, c’est le moyen d’enraciner dans l’action collective tous ceux qui se reconnaissent dans un tel discours et qui aspirent à passer rapidement aux actes. ET c’est la meilleure assurance pour qu’on le fasse vraiment … ensemble.
Mélenchon ! Présidons !
Le dire, c’est bien,  le faire, c’est mieux !
Jean-Marie PHILIBERT.

la mayonnaise


La mayonnaise.
Excusez-moi si l’actualité politique m’incite à vous parler à nouveau de ma mémé : ce n’est pas par passéisme, mais bien au contraire  en fonction de l’actualité la plus brûlante des présidentielles.
Ma mémé avait des dons culinaires : ses doigts de cuisinière transformaient en plats gastronomiques les recettes les plus banales. Ah ! La soupe aux choux de ma mémé ! Elle avait ce qu’on appelle un tour de main exceptionnel et il lui était très utile pour faire une mayonnaise qu’il était impensable qu’elle ratât et qui avec elle montait, montait, montait. Nous sommes passés à l’ère de la mayonnaise en tube, mais j’ai gardé l’image de cette mayonnaise qui monte inexorablement … à condition de savoir opérer le petit miracle qui va la faire monter. Cette image est devenue la métaphore de  ce qu’on entreprend avec inquiétude, et qui réussit lentement mais sûrement à force d’efforts et de travail, sans qu’on sache toujours pourquoi.
Une alchimie mystérieuse.
Dans l’action sociale, syndicale, politique, on tente souvent de monter des mayonnaises avec des succès divers. Disons pour être gentil que ça monte rarement aussi haut qu’on le souhaiterait. Il arrive même que ça s’escagasse. Je ne rappellerai aucun souvenir douloureux, mais nous avons tous en mémoire des résidus de jaunes d’œufs explosés, baignant dans une huile gluante, images d’échecs cuisants. L’action sociale et politique répond à une alchimie compliquée, voire mystérieuse, et il n’y a pas de recette miracle pour que la mayonnaise monte systématiquement à l’assaut des sommets.
Quand le miracle opère, on se tait, on observe, on s’étonne, on espère, on a peur que ça s’arrête. Jai comme le sentiment à ce moment de la campagne des présidentielles qu’avec la mayonnaise-Mélenchon, nous vivons un de ces moments-là. Nous sommes d’autant plus attentifs, anxieux et pleins d’espoir que nous n’étions pas habitués à ce que nos mayonnaises montassent aussi bien.
Pourquoi maintenant ? Une réflexion gastronomico-politique peut nous aider à comprendre pourquoi la mayonnaise Mélenchon a pris et monte régulièrement sous les yeux ravis de tous ceux qui aiment la bonne cuisine, mais aussi la justice sociale et le progrès.
Les ingrédients.
Justement parce que c’est la mayonnaise qui a mis dans ses ingrédients un maximum de justice sociale et de progrès. Des ingrédients concrets, palpables, à travers des propositions lisibles pour tous et sans ambiguïtés. Je pense à la question des retraites, à celle du smic, aux questions de fiscalité. Le parler clair est payant et les citoyens n’aiment rien moins qu’être pris pour des zozos auxquels on peut raconter n’importe quoi.
Le deuxième ingrédient efficace de la mayonnaise Mélenchon est sa dimension unitaire ; dès son lancement elle rassemble ;  elle avait rassemblé pour les Européennes, pour les Régionales. Elle avait, là, gagné sa crédibilité. Pour les Présidentielles à un moment où tous font du chacun pour soi, des courants divers de la gauche décident, parfois avec appréhension, mais courage, d’avancer ensemble. Parce qu’ensemble on est plus fort ! Parce qu’ensemble on peut gagner !  Parce que cette aspiration à être ensemble est au cœur de mouvement social. Ce courage entraîne d’autant plus qu’il répond à une attente.
Les luttes sociales qui ont émaillé ces dernières années l’ont exprimé à satiété. Elles ont été d’une ampleur considérable. Rappelez-vous les rues de Perpignan lors des manifestations pour défendre les retraites. Rappelez-vous 2003 ! Rappelez-vous le CPE ! Ce sont des signes forts qui rassemblent les générations, qui traduisent une aspiration, qui disent que la société bouge et qu’il faut l’entendre. C’étaient les troisièmes ingrédients.
Il en reste deux autres auxquels je suis particulièrement sensible. D’abord pour l’amateur des mots et du verbe que je suis, les talents d’orateur du candidat Mélenchon qui renoue avec une tradition qu’on croyait disparue, dans la médiocrité ambiante, celle des orateurs-miroirs. On reconnaît dans leur discours  ce que l’on aurait aimé dire, ce que l’on a pensé, ce qu’on attend, ce qu’on veut. Mais ce que l’on ne saurait pas dire comme ça. C’est un privilège rare, je pense aussi que c’est le fruit d’un travail exigeant. Dernier ingrédient, ce n’est pas le travail d’un seul, c’est le travail d’un groupe, d’une équipe diverse. Nous sommes tous appelés à être de ces équipes : c’est une démarche collective qui concerne tous ceux qui veulent apporter leur pierre à l’édifice en construction. « Mélenchon présidons ! »
  Nous n’en sommes qu’aux fondations : en avril et en mai, il faudra s’attaquer aux murs. Ils sont bien partis pour monter, monter, monter….
Comme la mayonnaise de ma mémé.
Jean-Marie PHILIBERT.