les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 25 avril 2012

un avant et un après


Avant/Après.
Je prends la plume le lundi 23 avril, juste après le 22 pour dire mon humeur sur ce qui s’est passé le 22. Et mon humeur tourne  avec insistance autour de ces mots « après le 22 » qui éveillent comme en écho « avant le 22 », sans me lâcher. Avant… après … au point de ne pouvoir y échapper.
Il y a un avant 22 avril et il y aura un après… Tu parles Charles d’une découverte ! C’est pareil tous les jours. Certes, si ce n’est que là, entre l’avant et l’après, quelque chose a basculé, qui vient un peu bousculer l’ordre ou le désordre du monde. Non, il ne s’agit pas encore du largage de l’agité président et de son staff insupportable de parvenus ; non, pour cela il faudra attendre encore quelques jours et ce sera une étape importante et nécessaire. Non, il s’agit de quelque chose de plus profond, de moins concret, qui touche à ce qui nous constitue socialement, politiquement, qui définit la relation au monde  et à l’histoire qu’entretiennent  bon nombre de citoyens exigeants : ils ne se reconnaissent pas dans le monde tel qu’il va (mal) et ont l’ambition de le changer, de le transformer, de le chambouler, de le révolutionner. Ils imaginent que le pauvre, l’exclu, le solitaire, l’exploité, l’opprimé, le malheureux pourraient ne plus l’être. Utopie es-tu là ?
Avant
Avant le 22 avril, nous avions le sentiment qu’agir sur le monde était, certes, une intention louable qui pouvait nous attirer le regard compatissant d’humanistes sincères. Cette ambition vivotait de vies multiples et éclatées, mais elle avait excessivement de mal à se traduire dans les faits en termes de changements réels, de progrès tangibles. Les seuls changements de nos vies n’avaient rien de progressistes : c’étaient ceux de la remise en cause des droits sociaux, de la casse du code du travail, de la détérioration inéluctable des services publics. Les résultats électoraux ne nous laissaient pas beaucoup d’espoir. 
Le pouvoir d’achat n’arrêtait pas de changer… comprenez de dégringoler, tandis que l’arrogance des riches pouvait croître et proliférer au rythme de leurs comptes en Suisse et ailleurs. Nous étions englués dans une spirale de malheurs où la seule perspective qui nous était proposée était de ne pas tomber aussi bas que nos voisins, encore plus malheureux que nous.  Les années Sarkozy nous auraient-elles mis ainsi en situation d’attendre le pire ? Et comme la situation est intenable, les dérivatifs de la peur de l’autre, de l’étranger, de l’immigré sont régulièrement appelés à la rescousse pour fournir les boucs émissaires à la colère ambiante.
Le 22
Le mélange détonnant a détonné le 22 avril en plaçant le Front National au premier plan de la vie politique. Il est surprenant qu’en dehors du Front de Gauche on ait laissé la menace frontiste sans réponse.  A droite, même on était allé au-delà,  en préparant la couche des fachos avec toute la sollicitude possible, jusqu’à montrer toutes les facettes de ce que pouvait être un racisme d’état. Merci  Guéant !
L’ancrage de la stratégie du Front de Gauche avant le 22 avril a été d’attaquer Marine le Pen pour ce qu’elle était une xénophobe, une raciste et de la graine de fasciste et en même temps de tenter de dresser des perspectives de transformations politiques larges. Il est impératif de répondre aux attentes sociales, de répondre à ce que les autres candidats choisissaient de n’aborder qu’avec les plus grandes timidités … à cause des contraintes  économiques et financières, de la crise, de la dette, bien sûr ! Cette stratégie a soulevé un immense espoir  et a permis au soir du 22 avril un résultat à deux chiffres, comme on dit. Deux chiffres que nous aurions sans doute aimés plus gros, deux chiffres qui quelques semaines auparavant seraient apparus comme une avancée significative. Ce résultat a un sens. Après le 22, ce ne sera plus comme avant.
Après
D’abord parce que pour la première fois depuis longtemps on inverse une courbe, elle semblait descendre inexorablement et là elle se remet à monter. Et derrière la courbe,  dessus, dessous et tout autour, il y a de l’humain qui espère, des jeunes, des moins jeunes,  des salariés, des femmes, des retraités, des qui galèrent, des qui aiment la justice… Cette inversion de courbe est provoquée par les milliers de têtes qui se relèvent. C’est un signe majeur.
Ensuite parce que ce mouvement est tout sauf spontané et fortuit. Il est né dans les luttes qui depuis 95 ont émaillé l’actualité sociale, elles se sont heurtées  à l’absence de débouché politique. Et là dans le contenu social fort de la démarche du Front de Gauche, dans sa dimension unitaire il y a comme une rencontre porteuse d’avenir entre un mouvement social puissant (pensons au mouvement pour défendre les retraites) et une perspective politique.
Enfin parce que l’ambition affichée, affirmée, n’est pas celle d’une alternance plan-plan, un petit coup de barre à gauche, puis un autre petit coup à droite, puis re-à gauche, puis re-adroite… Mais une ambition qui veut s’attaquer aux racines de la crise, aux désastres que provoque l’accumulation capitaliste. Une ambition qui ne s’enferme pas dans nos frontières, mais qui cherche à catalyser toutes les forces de progrès, en particulier, en Europe.
Cette ambition, l’occasion nous est donnée d’écrire de nouvelles pages de son histoire : dans la rue le 1° Mai en montrant la détermination et  l’unité du monde du travail, dans les urnes, le 6 Mai en chassant Sarkozy, dans les semaines qui suivront, en envoyant au Parlement des députés Front de Gauche nombreux. Pour apporter au peuple les réponses qu’il attend et dont le manque est la source de toutes ses souffrances, ils seront, avec notre mobilisation,  l’arme la plus efficace.
Tout cela ne sera possible que parce qu’il y aura eu un 22 avril, un avant et un après.
Jean-Marie PHILIBERT.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire