Dire … et faire
Il y avait des lustres que les candidats de mon cœur et de
ma raison (tous les deux situés à gauche
toute) n’avaient pas bénéficié d’autant de sollicitude de la part de journalistes bien pensants (bien
pensant, c’est une expression toute faite qui peut dire le contraire de ce qu’elle
dit).
Et tous ou presque de dire du bien de Mélenchon. Nous au TC,
il a eu depuis le début droit à notre sollicitude et même un peu plus. Voir
tous les bavasseurs habituels de l’idéologie de la soumission, tous les plumitifs-courtisans
connus et reconnus du pouvoir en place dire du bien du candidat qui prône l’insurrection
civique éveille en moi quelques soupçons. J’ai du mal à croire en leur
sincérité et je crains quelques turpitudes ou quelques entourloupes dans leur discours.
Ils ont tellement été la voix de leur maître, que je sens dans leurs propos une
main qui veut jeter le trouble à gauche (j’encense Mélenchon pour enfoncer
Hollande) et tenter de sauver ce qui peut l’être d’un pouvoir vacillant. Et
j’apprécie hautement l’attitude lucide de Mélenchon, de toute son équipe, qui
garde la tête froide et qui ne cesse de rappeler les véritables enjeux de
l’élection : chasser Sarkozy pour faire une authentique politique de
gauche et ce qu’elle signifie de changements réels dans la vie des gens.
Ne pas finir
exsangues et immolés !
Il faut chasser le Sarkozy partout où il se trouve si l’on
veut mettre un coup d’arrêt à la politique la plus antisociale que nous ayons
connue depuis longtemps, si l’on veut voir disparaître les pratiques
autocratiques qui dénaturent notre démocratie, si l’on veut rassembler et non
exclure, si l’on ne veut pas finir avec les Grecs, les Portugais, les
Espagnols, les Italiens et tous les autres, exsangues et immolés pour des décennies sur l’autel des
sacrifices consentis ( ?) à la finance internationale.
Le Sarkozy est d’autant plus dangereux qu’il se sait traqué.
Il menace même de quitter la politique en cas de défaite : tu parles des
vacances que ça va nous faire…
Encore que nous n’avons pas intérêt à rêver ni avant, ni
pendant, ni après les élections. Les vacances ce sera pour beaucoup plus tard.
Changer de président ne signifie pas obligatoirement changer de politique. Les
changements à la marge, dans les mots, dans les manières, dans les formes,
peuvent parfois camoufler la permanence des tendances lourdes qui font du
capitalisme l’horizon indépassable de notre avenir politique. Ne pas vouloir
comprendre que le combat se situe à ce niveau-là signifie tout simplement que
l’on ne se met pas en situation de le gagner. Hollande ne doit pas chercher
ailleurs que dans ses atermoiements les
raisons de son effritement.
Une religion
économique à laquelle les économistes sont de moins en moins nombreux à croire.
Faire des marchés financiers et des contraintes qu’ils
imposent le nouveau surnaturel de ce 21°
siècle est l’antienne de tous les réactionnaires qui veulent préserver l’ordre
(ou le désordre, ai-je plutôt envie d’écrire) dominant contre les vents et les
marées de la contestation. Toute politique de gauche digne de ce nom doit
prendre ses distances avec cette religion économique à laquelle d’ailleurs les
économistes eux-mêmes sont de moins en moins nombreux à croire.
Dans une pleine page du Monde du 30 Mars qui l’interviewe,
François Hollande parle de tout, sauf du pouvoir d’achat, sauf des salaires,
sauf de la retraite, sauf de la lutte contre le chômage, sauf de la politique
sociale. Les silences sont éloquents et la force de Mélenchon est dans sa
capacité à dire, à dire tout ce qui fait la dureté de notre vie, à dire tout ce
qu’il faut refuser, à dire tout ce qu’il faut changer. Dire ce que l’on veut
faire, ce que l’on va faire, ce devrait être une démarche politique
élémentaire. C’est un moment essentiel de l’éveil des consciences, c’est le
moyen d’enraciner dans l’action collective tous ceux qui se reconnaissent dans
un tel discours et qui aspirent à passer rapidement aux actes. ET c’est la
meilleure assurance pour qu’on le fasse vraiment … ensemble.
Mélenchon ! Présidons !
Le dire, c’est bien,
le faire, c’est mieux !
Jean-Marie PHILIBERT.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire