La mayonnaise.
Excusez-moi si l’actualité politique m’incite à vous parler
à nouveau de ma mémé : ce n’est pas par passéisme, mais bien au
contraire en fonction de l’actualité la
plus brûlante des présidentielles.
Ma mémé avait des dons culinaires : ses doigts de
cuisinière transformaient en plats gastronomiques les recettes les plus
banales. Ah ! La soupe aux choux de ma mémé ! Elle avait ce qu’on
appelle un tour de main exceptionnel et il lui était très utile pour faire une
mayonnaise qu’il était impensable qu’elle ratât et qui avec elle montait,
montait, montait. Nous sommes passés à l’ère de la mayonnaise en tube, mais
j’ai gardé l’image de cette mayonnaise qui monte inexorablement … à condition
de savoir opérer le petit miracle qui va la faire monter. Cette image est
devenue la métaphore de ce qu’on
entreprend avec inquiétude, et qui réussit lentement mais sûrement à force
d’efforts et de travail, sans qu’on sache toujours pourquoi.
Une alchimie
mystérieuse.
Dans l’action sociale, syndicale, politique, on tente
souvent de monter des mayonnaises avec des succès divers. Disons pour être
gentil que ça monte rarement aussi haut qu’on le souhaiterait. Il arrive même
que ça s’escagasse. Je ne rappellerai aucun souvenir douloureux, mais nous
avons tous en mémoire des résidus de jaunes d’œufs explosés, baignant dans une
huile gluante, images d’échecs cuisants. L’action sociale et politique répond à
une alchimie compliquée, voire mystérieuse, et il n’y a pas de recette miracle
pour que la mayonnaise monte systématiquement à l’assaut des sommets.
Quand le miracle opère, on se tait, on observe, on s’étonne,
on espère, on a peur que ça s’arrête. Jai comme le sentiment à ce moment de la
campagne des présidentielles qu’avec la mayonnaise-Mélenchon, nous vivons un de
ces moments-là. Nous sommes d’autant plus attentifs, anxieux et pleins d’espoir
que nous n’étions pas habitués à ce que nos mayonnaises montassent aussi bien.
Pourquoi maintenant ? Une réflexion
gastronomico-politique peut nous aider à comprendre pourquoi la mayonnaise
Mélenchon a pris et monte régulièrement sous les yeux ravis de tous ceux qui
aiment la bonne cuisine, mais aussi la justice sociale et le progrès.
Les ingrédients.
Justement parce que c’est la mayonnaise qui a mis dans ses
ingrédients un maximum de justice sociale et de progrès. Des ingrédients concrets,
palpables, à travers des propositions lisibles pour tous et sans ambiguïtés. Je
pense à la question des retraites, à celle du smic, aux questions de fiscalité.
Le parler clair est payant et les citoyens n’aiment rien moins qu’être pris
pour des zozos auxquels on peut raconter n’importe quoi.
Le deuxième ingrédient efficace de la mayonnaise Mélenchon est
sa dimension unitaire ; dès son lancement elle rassemble ; elle avait rassemblé pour les Européennes,
pour les Régionales. Elle avait, là, gagné sa crédibilité. Pour les Présidentielles
à un moment où tous font du chacun pour soi, des courants divers de la gauche
décident, parfois avec appréhension, mais courage, d’avancer ensemble. Parce
qu’ensemble on est plus fort ! Parce qu’ensemble on peut
gagner ! Parce que cette aspiration
à être ensemble est au cœur de mouvement social. Ce courage entraîne d’autant
plus qu’il répond à une attente.
Les luttes sociales qui ont émaillé ces dernières années l’ont
exprimé à satiété. Elles ont été d’une ampleur considérable. Rappelez-vous les
rues de Perpignan lors des manifestations pour défendre les retraites.
Rappelez-vous 2003 ! Rappelez-vous le CPE ! Ce sont des signes forts
qui rassemblent les générations, qui traduisent une aspiration, qui disent que
la société bouge et qu’il faut l’entendre. C’étaient les troisièmes
ingrédients.
Il en reste deux autres auxquels je suis particulièrement
sensible. D’abord pour l’amateur des mots et du verbe que je suis, les talents
d’orateur du candidat Mélenchon qui renoue avec une tradition qu’on croyait
disparue, dans la médiocrité ambiante, celle des orateurs-miroirs. On reconnaît
dans leur discours ce que l’on aurait
aimé dire, ce que l’on a pensé, ce qu’on attend, ce qu’on veut. Mais ce que
l’on ne saurait pas dire comme ça. C’est un privilège rare, je pense aussi que
c’est le fruit d’un travail exigeant. Dernier ingrédient, ce n’est pas le
travail d’un seul, c’est le travail d’un groupe, d’une équipe diverse. Nous sommes
tous appelés à être de ces équipes : c’est une démarche collective qui
concerne tous ceux qui veulent apporter leur pierre à l’édifice en
construction. « Mélenchon présidons ! »
Nous n’en sommes qu’aux fondations : en
avril et en mai, il faudra s’attaquer aux murs. Ils sont bien partis pour
monter, monter, monter….
Comme la mayonnaise de ma mémé.
Jean-Marie PHILIBERT.
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