les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 7 avril 2012

la mayonnaise


La mayonnaise.
Excusez-moi si l’actualité politique m’incite à vous parler à nouveau de ma mémé : ce n’est pas par passéisme, mais bien au contraire  en fonction de l’actualité la plus brûlante des présidentielles.
Ma mémé avait des dons culinaires : ses doigts de cuisinière transformaient en plats gastronomiques les recettes les plus banales. Ah ! La soupe aux choux de ma mémé ! Elle avait ce qu’on appelle un tour de main exceptionnel et il lui était très utile pour faire une mayonnaise qu’il était impensable qu’elle ratât et qui avec elle montait, montait, montait. Nous sommes passés à l’ère de la mayonnaise en tube, mais j’ai gardé l’image de cette mayonnaise qui monte inexorablement … à condition de savoir opérer le petit miracle qui va la faire monter. Cette image est devenue la métaphore de  ce qu’on entreprend avec inquiétude, et qui réussit lentement mais sûrement à force d’efforts et de travail, sans qu’on sache toujours pourquoi.
Une alchimie mystérieuse.
Dans l’action sociale, syndicale, politique, on tente souvent de monter des mayonnaises avec des succès divers. Disons pour être gentil que ça monte rarement aussi haut qu’on le souhaiterait. Il arrive même que ça s’escagasse. Je ne rappellerai aucun souvenir douloureux, mais nous avons tous en mémoire des résidus de jaunes d’œufs explosés, baignant dans une huile gluante, images d’échecs cuisants. L’action sociale et politique répond à une alchimie compliquée, voire mystérieuse, et il n’y a pas de recette miracle pour que la mayonnaise monte systématiquement à l’assaut des sommets.
Quand le miracle opère, on se tait, on observe, on s’étonne, on espère, on a peur que ça s’arrête. Jai comme le sentiment à ce moment de la campagne des présidentielles qu’avec la mayonnaise-Mélenchon, nous vivons un de ces moments-là. Nous sommes d’autant plus attentifs, anxieux et pleins d’espoir que nous n’étions pas habitués à ce que nos mayonnaises montassent aussi bien.
Pourquoi maintenant ? Une réflexion gastronomico-politique peut nous aider à comprendre pourquoi la mayonnaise Mélenchon a pris et monte régulièrement sous les yeux ravis de tous ceux qui aiment la bonne cuisine, mais aussi la justice sociale et le progrès.
Les ingrédients.
Justement parce que c’est la mayonnaise qui a mis dans ses ingrédients un maximum de justice sociale et de progrès. Des ingrédients concrets, palpables, à travers des propositions lisibles pour tous et sans ambiguïtés. Je pense à la question des retraites, à celle du smic, aux questions de fiscalité. Le parler clair est payant et les citoyens n’aiment rien moins qu’être pris pour des zozos auxquels on peut raconter n’importe quoi.
Le deuxième ingrédient efficace de la mayonnaise Mélenchon est sa dimension unitaire ; dès son lancement elle rassemble ;  elle avait rassemblé pour les Européennes, pour les Régionales. Elle avait, là, gagné sa crédibilité. Pour les Présidentielles à un moment où tous font du chacun pour soi, des courants divers de la gauche décident, parfois avec appréhension, mais courage, d’avancer ensemble. Parce qu’ensemble on est plus fort ! Parce qu’ensemble on peut gagner !  Parce que cette aspiration à être ensemble est au cœur de mouvement social. Ce courage entraîne d’autant plus qu’il répond à une attente.
Les luttes sociales qui ont émaillé ces dernières années l’ont exprimé à satiété. Elles ont été d’une ampleur considérable. Rappelez-vous les rues de Perpignan lors des manifestations pour défendre les retraites. Rappelez-vous 2003 ! Rappelez-vous le CPE ! Ce sont des signes forts qui rassemblent les générations, qui traduisent une aspiration, qui disent que la société bouge et qu’il faut l’entendre. C’étaient les troisièmes ingrédients.
Il en reste deux autres auxquels je suis particulièrement sensible. D’abord pour l’amateur des mots et du verbe que je suis, les talents d’orateur du candidat Mélenchon qui renoue avec une tradition qu’on croyait disparue, dans la médiocrité ambiante, celle des orateurs-miroirs. On reconnaît dans leur discours  ce que l’on aurait aimé dire, ce que l’on a pensé, ce qu’on attend, ce qu’on veut. Mais ce que l’on ne saurait pas dire comme ça. C’est un privilège rare, je pense aussi que c’est le fruit d’un travail exigeant. Dernier ingrédient, ce n’est pas le travail d’un seul, c’est le travail d’un groupe, d’une équipe diverse. Nous sommes tous appelés à être de ces équipes : c’est une démarche collective qui concerne tous ceux qui veulent apporter leur pierre à l’édifice en construction. « Mélenchon présidons ! »
  Nous n’en sommes qu’aux fondations : en avril et en mai, il faudra s’attaquer aux murs. Ils sont bien partis pour monter, monter, monter….
Comme la mayonnaise de ma mémé.
Jean-Marie PHILIBERT.

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