les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 30 novembre 2015

maintenant



Maintenant …
L’émotion
L’expression d’une émotion collective, après les attentats du 13 novembre, est un moment important pour tous ceux qui considèrent qu’il s’agit d’événements majeurs  qui touchent les fondements de notre vivre ensemble. La réaction populaire a été massive, responsable, diverse et digne. Parce qu’il s’agissait avant tout d’exprimer une solidarité très profonde avec les victimes,  fauchées, en pleine jeunesse,  le plus souvent dans des moments de joie, de plaisir, de rencontre, par des fauteurs de mort qui  ont le fanatisme comme seul horizon. Cette émotion, cette solidarité, cette communauté sont des données fortes pour un pays qui connaît aussi ses divisions, ses clivages, ses incertitudes, ses difficultés, ses doutes. Elles expriment aussi très souvent la volonté de ne pas se laisser emporter par les événements,  mais le besoin de faire face avec les autres, dans une perspective émancipatrice, d’où, très vite, la réappropriation de la Marseillaise de notre Révolution.
L’urgence
Face à ce type d’événements, il faut gérer l’urgence, avec une part  incompressible d’improvisation,  surtout devant une situation, crainte, mais nouvelle. Et c’est là que peuvent se mesurer l’efficacité de nos services publics, le dévouement de ses personnels, leur compétence, leur adaptabilité, leur professionnalisme, l’acquis précieux que constituent les corps de fonctionnaires qui les composent et qui sont attachés à leurs missions au point de négliger tout le reste et de ne pas hésiter à prendre parfois les plus grands risques. Les élans de solidarité, de générosité, venant de particuliers, sont aussi des signes forts dans un monde que l’on dit replié sur soi. Le pouvoir politique et administratif pour faire face à une situation qui pourrait lui échapper est en droit de trouver les réponses adéquates et  la première instauration de l’état d’urgence peut rentrer légitimement dans ce cadre. Mais son prolongement pour une durée de trois mois, même avec quelques précautions ne va pas sans susciter quelques inquiétudes, surtout quand on voit le zèle que certains mettent à s’en servir un peu n’importe comment. Par exemple les organisations de retraités avaient prévu de très longues dates de se rassembler le 24 novembre : interdit (vous vous imaginez le danger !). Toute manifestation non statique interdite. Certains rêvaient de voir disparaître les manifs du paysage, l’état d’urgence l’a fait.  Et notre préfète à nous, Madame Panpancucu est satisfaite ! Gageons que notre peuple rebelle trouvera la parade.
L’efficacité
Parce qu’au-delà du sens emblématique que constituent le droit de manifester et les libertés d’expressions individuelles et collectives, mon bon sens me pousse à poser la question naïve de l’efficacité de cette panoplie répressive. Elle est plus faite pour marquer durablement les esprits, pour montrer les muscles du pouvoir, pour faire un peu oublier ses propres responsabilités dans une situation où l’absence de réponses aux besoins sociaux a renforcé les clivages que la valorisation forcenée des puissants et de l’argent roi ont enkystés. Il faut certes une efficacité policière pour traquer  ceux qui sont en mesure d’organiser, de commettre, d’aider à de tels actes. Cette efficacité a au moins autant besoin d’effectifs que d’état d’urgence (peut-être même un peu plus) : et comme les problèmes ne seront pas réglés en quelques jours, on va le vérifier douloureusement et durablement.
La démocratie
Dans le même temps sans efficacité sociale et politique, le terreau qui a vu germer une telle tragédie restera chargé de menaces. La cohésion sociale, la formation, l’emploi, l’intégration, des salaires décents qui permettent des vies dignes, la laïcité et le respect de ceux qui croient au ciel et de ceux qui n’y croient pas sont autant de chemins à ouvrir pour tous. Et ce n’est pas le cas aujourd’hui quand on voit l’état de nos banlieues, comme de certains quartiers de Perpignan. Nous passerons sur les impasses d’une politique étrangère où faire la guerre semble avoir plus d’importance que construire la paix. Nous ne dirons rien  de l’arrogance d’une caste de privilégiés et d’exploiteurs. Pour tous les autres… les yeux pour pleurer !
En sortir, maintenant,  mais oui ! Bien sûr ! Par les seules voies possibles : la démocratie et la justice sociale !
 Jean-Marie Philibert.




lundi 23 novembre 2015

la guerre ?



La guerre ?
Encore une histoire de mots : comme quoi ils nous poursuivent, y compris dans les circonstances où il vaudrait mieux laisser parler ses sentiments, sa solidarité, sa compassion. Non ! Non ! Priorité au vocabulaire et pas n’importe lequel ! Celui qui vous assomme, celui qui fait remonter à la surface les plus vieilles angoisses, celui qui a  la mort pour compagne : la guerre.
Les kalachnikovs venaient à peine de se taire, les terroristes avaient assassiné tout ce qui leur tombait sous le canon, le comptage macabre des victimes, des morts, était en cours… que comme pour donner un nom à l’innommable, le mot était dit, la guerre, « nous sommes en guerre ». Et aux commentateurs, aux médias, de reprendre en chœur.
Sans être totalement en mesure de dire avec précision avec qui. Avec Daech, bien sûr, mais aussi avec le terrorisme qu’il patronne, avec l’intégrisme , avec … Sans savoir qui est avec nous (là les choses sont presque claires), qui est contre nous ( une nébuleuse !) et qui se contorsionne pour laisser croire une chose et son contraire (voir les monarchies moyenâgeuses du golfe).
Comparaison et raison
Je retiens de mes études de littérature comparée une formule dont je vérifie encore fréquemment le bien-fondé : comparaison n’est pas raison. Les ressemblances ne fondent pas l’identité. Je crains que ce soit à nouveau le cas. Le mot de guerre servirait donc là à autre chose qu’à nous permettre d’appréhender de la façon la plus juste et efficace une situation, certes compliquée et dangereuse, mais qui a ses fondements propres, sa logique folle, et surtout sa dimension inconnue.
Certes il y a le nombre de victimes, le bruit, la puissance des armes, la violence destructrice à l’état le plus brut possible, le climat de terreur qui vise les populations. Mais beaucoup des ingrédients  de la guerre conventionnelle font défaut : où est l’état Daech, où est le territoire Daech. Cette violence vient davantage de l’effondrement  des systèmes politiques irakien, puis syrien et trouve un terreau très favorable dans la situation de notre pays. Les évolutions de notre politique étrangère, (relations avec Israël, réintégration du commandement de l’otan, coopération renforcée  avec les régimes de la péninsule arabique, politique d’intervention tous azimuts) ont contribué à faire de la France un ennemi potentiel.
D’autant qu’à l’intérieur du pays  la cohésion sociale, sous les effets d’une crise durable et de politiques qui tournent le dos aux besoins sociaux, a pris un coup sur la casaque, des fauteurs de haine raciale y jouent leur va-tout. Hollande, le gouvernement, sa majorité, en période habituelle, ne semblent pas entendre les colères du monde d’ici: il faut de grands coups de tonnerre pour les réveiller. Et c’est là que l’inflation verbale prend le dessus. C’est la guerre. C’est l’état d’urgence.   
Evitons de fétichiser les mots
Comme pour justifier les restrictions aux libertés, pour montrer qu’on est à la hauteur de la situation, pour dire vous allez voir ce que vous allez voir, pour faire passer au second plan une donnée majeure dans tous les conflits, celle d’élaborer des voies qui permettent de sortir des logiques de guerre, pour nous préparer à plus pire encore, pour nous faire peur, et encore une fois pour oublier le social…. Et peut-être pour couper l’herbe sous les pieds de notre intervention citoyenne.
 Guerre ? Pas guerre ? Ne fétichisons pas les mots !
Mais ici et maintenant, prenons la mesure des fossés à combler pour que les forces vives, progressistes de ce pays se rassemblent, se renforcent de façon durable, tout en donnant toute leur efficacité aux fondements de notre démocratie, sans lesquels il ne sera que poudre aux yeux.  Tout en dressant des perspectives transformatrices.
Avez-vous entendu ces marseillaises entonnées plus souvent que jamais ?  La marseillaise, un chant de guerre certes, mais aussi d’émancipation.
Jean-Marie Philibert.

vendredi 20 novembre 2015

cagade ????



Chronique d’une nouvelle « cagade » annoncée ???

Les observateurs attentifs de la chose publique qui ont un peu de mémoire ne peuvent que se désoler devant les choix faits par la municipalité de PERPIGNAN, en matière d’architecture et d’urbanisme. On pourrait croire à une scoumoune accrochée aux basques de nos édiles qui transforme les plus beaux projets en fiasco.
Nous ne reviendrons pas sur les magnifiques réalisations du centre du monde qui sont en train de devenir un no-man-land que les usagers du TGV traversent sans s’attarder et qui a mis des investisseurs ben naïfs dans la panade, sur les projets fastueux qui devait faire de la garigole un nouvel Eldorado pour les promoteurs. Nous passerons rapidement sur la mutation imposée à l’avenue de la gare, ancien axe majeur de la ville, devenu famélique et déserté. Nous oublierons les projets  stupides que seules des mobilisations locales ont empêchés, comme la disparition de la Place de Belgique pour y reconstruire l’école JJ Rousseau, ou l’école Jeanne Hachette, transformée en logements sociaux dans un quartier où la mixité sociale est à inventer. A ces cagades récentes nous aurions pu ajouter de plus anciennes, comme les parkings souterrains installés en face du Cinéma Castillet, ou ceux creusées sous le jardin Violet, à côté de la Place de Catalogne, ou du Castillet. Ils sont kapouts, ils ne servent plus à rien. Ou bien l’ilot de Selva dans le quartier La Réal, où la reconstruction des logements, n’a attiré aucun téméraire au point que pour l’occuper il a fallu y loger toutes sortes de services et d’associations.
D’autres aménagements qui occupent les esprits tardent à voir le jour, comme ceux qui entourent le Campo Santo, magnifique lieu de mémoire, en plein cœur de la ville, mais très difficilement repérable pour un touriste. EH bien ils arrivent, mais pas dans le sens que vous espérez celui d’une ouverture du quartier, d’une plus grande fluidité, visibilité, d’un meilleur accès. Non ! Il s’agira « d’insérer dans la place (Gambetta) un bâtiment en partie transparent pour ouvrir l’espace tout en prenant en compte le contexte historique et complexe des lieux ». Un mélange de bandage métallique en acier corten et de vitres. Coût de l’opération 3.5 millions d’euro. La scoumoune, je vous dis… et il paraît que la ville est passablement endettée. Mais il est beaucoup plus important d’investir dans le somptuaire et le tape à l’œil que dans le social. Pourtant les rues pitoyables de Saint Jacques et Saint-Jean ne sont pas loin.
JMP