Les
mots
Nous
vivons une époque formidable : elle nous entraîne dans un tourbillon
ininterrompu qui fait tout valser et qui
bouscule nos repères et même notre vocabulaire. Les mots y perdent souvent leur
sens et leur sang. Et nous, nous y perdons le nord. C’est fait pour ! Nous
devenons taillables, corvéables, manipulables à merci. Sous la houlette des
grands mamamouchis du petit écran.
Rares
sont les esprits lucides qui tentent de mettre un peu d'ordre dans le charivari
linguistique: ils passent le plus souvent pour des vieux schnocks prétentieux
et dépassés. Assumons le rôle du vieux schnock !
N'en
déplaise aux puissants du jour, j'ai la tentation de jeter des pelletées de
sable dans les rouages de l'idéologie nauséabonde qui nous fait prendre les
vessies de la bêtise la plus crasse pour des lanternes philosophiques de la
plus haute importance. Pujadas n'est pas Kant.
La
réforme
Regardez
par exemple tout l'embrouillamini dont les pouvoirs en place, ceux de Hollande,
comme ceux auparavant de Sarkozy ont entouré le mot réforme : pas d'autre choix
que la réforme, de l'école, de la santé, du code du travail, de la sécu, de la
retraite. La réforme, c'est le remède miracle qui va permettre à l'ordre
dominant de dominer encore un peu plus, aux puissants de l'être encore plus.
Aux citoyens d'en baver davantage. Réformiste égale donc conservateur et
réactionnaire. Avec en héros du réformisme Saint Macron.
Dans
cette langue-là le patron est un saint homme doué de qualité surhumaine et
d'une aura magique qui l'autorise à piller sans vergogne les finances de son
entreprise comme les finances publiques d'ailleurs. Parce qu’il est d’essence
surnaturelle, son salaire le sera aussi.
Le
syndicaliste, lui, est un voyou qui ne pense qu'à voler et déchirer la chemise de son patron. Parce qu’il est
méchant, il faut l’arrêter à l'aube.
Dans
cette nov’langue, le dialogue social est synonyme de vaseline, ou de poudre de
perlinpinpin.
Salarié
et précaire veulent dire la même chose ; les pauvres ne sont que de la racaille
qui grève les budgets sociaux et entraîne inexorablement les déficits publics
dans leur chute vertigineuse.
Les
mots disparus
Des
mots, autrefois importants sont en train de disparaître du Larousse: liberté,
progrès, justice, égalité. Le mot laïcité, on l’a gardé, parce que personne ne
sait ce que c’est et qu’il permet d’empapaouter la terre entière.
Des
mots sont soulignés systématiquement en rouge et comptent pour une faute
entière chaque fois que vous les utilisez, le mot fonctionnaire ( beurk !),
le mot militant, le mot révolutionnaire. Le mot communiste a définitivement été
banni des ondes publiques et privées. Son utilisation vous voudra un zéro
pointé.
Tandis
que le mot race, race blanche tout particulièrement, est devenu une valeur sûre,
Nadine Morano qui s’en sert souvent le sait bien.
La
France n’est plus une terre d’accueil, mais un terrain vague où errent
désespérément nos ambitions et nos mots perdus. Quant à nos politiques-bien-en-cour,,
traduire béni-oui-oui et marionnettes , qu’en espérer ?
Rien
Ceux
de l’extrême droite : rien de rien et même le pire de rien ;, ceux de droite le
même rien toujours recommencé; ceux qui gouvernent à coup de 49-3, la même
tambouille insipide qui ne répond en RIEN aux besoins sociaux qui sont les nôtres.
Et
face à la perspective du rien, pour meubler le vide, encore et toujours, la
perversion des mots, le baratin promu politique et notre lucidité humiliée.
Refonder
la valeur des mots et des perspectives qu’ils peuvent dresser au service de ceux
qui font la richesse du pays, sa diversité, son intelligence.
Le
pouvoir des mots, comme celui de la vie ont besoin d’un nouveau monde.
UN
NOUVEAU MONDE ! Vous y penserez nécessairement dans quelques semaines.
Jean-Marie
Philibert.
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