les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 3 novembre 2015

les mots



Les mots

Nous vivons une époque formidable : elle nous entraîne dans un tourbillon ininterrompu qui fait tout valser  et qui bouscule nos repères et même notre vocabulaire. Les mots y perdent souvent leur sens et leur sang. Et nous, nous y perdons le nord. C’est fait pour ! Nous devenons taillables, corvéables, manipulables à merci. Sous la houlette des grands mamamouchis du petit écran.

Rares sont les esprits lucides qui tentent de mettre un peu d'ordre dans le charivari linguistique: ils passent le plus souvent pour des vieux schnocks prétentieux et dépassés. Assumons le rôle du vieux schnock !
N'en déplaise aux puissants du jour, j'ai la tentation de jeter des pelletées de sable dans les rouages de l'idéologie nauséabonde qui nous fait prendre les vessies de la bêtise la plus crasse pour des lanternes philosophiques de la plus haute importance. Pujadas n'est pas Kant.

La réforme
Regardez par exemple tout l'embrouillamini dont les pouvoirs en place, ceux de Hollande, comme ceux auparavant de Sarkozy ont entouré le mot réforme : pas d'autre choix que la réforme, de l'école, de la santé, du code du travail, de la sécu, de la retraite. La réforme, c'est le remède miracle qui va permettre à l'ordre dominant de dominer encore un peu plus, aux puissants de l'être encore plus. Aux citoyens d'en baver davantage. Réformiste égale donc conservateur et réactionnaire. Avec en héros du réformisme Saint Macron.

Dans cette langue-là le patron est un saint homme doué de qualité surhumaine et d'une aura magique qui l'autorise à piller sans vergogne les finances de son entreprise comme les finances publiques d'ailleurs. Parce qu’il est d’essence surnaturelle, son salaire le sera aussi.

Le syndicaliste, lui, est un voyou qui ne pense qu'à voler et déchirer  la chemise de son patron. Parce qu’il est méchant, il faut l’arrêter à l'aube.
Dans cette nov’langue, le dialogue social est synonyme de vaseline, ou de poudre de perlinpinpin.
Salarié et précaire veulent dire la même chose ; les pauvres ne sont que de la racaille qui grève les budgets sociaux et entraîne inexorablement les déficits publics dans leur chute vertigineuse.


Les mots disparus
Des mots, autrefois importants sont en train de disparaître du Larousse: liberté, progrès, justice, égalité. Le mot laïcité, on l’a gardé, parce que personne ne sait ce que c’est et qu’il permet d’empapaouter la terre entière.
Des mots sont soulignés systématiquement en rouge et comptent pour une faute entière chaque fois que vous les utilisez, le mot fonctionnaire ( beurk !), le mot militant, le mot révolutionnaire. Le mot communiste a définitivement été banni des ondes publiques et privées. Son utilisation vous voudra un zéro pointé.
Tandis que le mot race, race blanche tout particulièrement, est devenu une valeur sûre, Nadine Morano qui s’en sert souvent le sait bien.
La France n’est plus une terre d’accueil, mais un terrain vague où errent désespérément nos ambitions et nos mots perdus. Quant à nos politiques-bien-en-cour,, traduire béni-oui-oui et marionnettes , qu’en espérer ?

Rien
Ceux de l’extrême droite : rien de rien et même le pire de rien ;, ceux de droite le même rien toujours recommencé; ceux qui gouvernent à coup de 49-3, la même tambouille insipide qui ne répond en RIEN aux besoins sociaux  qui sont les nôtres.
Et face à la perspective du rien, pour meubler le vide, encore et toujours, la perversion des mots, le baratin promu politique et notre lucidité humiliée.
Refonder la valeur des mots et des perspectives qu’ils peuvent dresser au service de ceux qui font la richesse du pays, sa diversité, son intelligence.
Le pouvoir des mots, comme celui de la vie ont besoin d’un nouveau monde.
UN NOUVEAU MONDE ! Vous y penserez nécessairement dans quelques semaines.

Jean-Marie Philibert.

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