les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 23 novembre 2015

la guerre ?



La guerre ?
Encore une histoire de mots : comme quoi ils nous poursuivent, y compris dans les circonstances où il vaudrait mieux laisser parler ses sentiments, sa solidarité, sa compassion. Non ! Non ! Priorité au vocabulaire et pas n’importe lequel ! Celui qui vous assomme, celui qui fait remonter à la surface les plus vieilles angoisses, celui qui a  la mort pour compagne : la guerre.
Les kalachnikovs venaient à peine de se taire, les terroristes avaient assassiné tout ce qui leur tombait sous le canon, le comptage macabre des victimes, des morts, était en cours… que comme pour donner un nom à l’innommable, le mot était dit, la guerre, « nous sommes en guerre ». Et aux commentateurs, aux médias, de reprendre en chœur.
Sans être totalement en mesure de dire avec précision avec qui. Avec Daech, bien sûr, mais aussi avec le terrorisme qu’il patronne, avec l’intégrisme , avec … Sans savoir qui est avec nous (là les choses sont presque claires), qui est contre nous ( une nébuleuse !) et qui se contorsionne pour laisser croire une chose et son contraire (voir les monarchies moyenâgeuses du golfe).
Comparaison et raison
Je retiens de mes études de littérature comparée une formule dont je vérifie encore fréquemment le bien-fondé : comparaison n’est pas raison. Les ressemblances ne fondent pas l’identité. Je crains que ce soit à nouveau le cas. Le mot de guerre servirait donc là à autre chose qu’à nous permettre d’appréhender de la façon la plus juste et efficace une situation, certes compliquée et dangereuse, mais qui a ses fondements propres, sa logique folle, et surtout sa dimension inconnue.
Certes il y a le nombre de victimes, le bruit, la puissance des armes, la violence destructrice à l’état le plus brut possible, le climat de terreur qui vise les populations. Mais beaucoup des ingrédients  de la guerre conventionnelle font défaut : où est l’état Daech, où est le territoire Daech. Cette violence vient davantage de l’effondrement  des systèmes politiques irakien, puis syrien et trouve un terreau très favorable dans la situation de notre pays. Les évolutions de notre politique étrangère, (relations avec Israël, réintégration du commandement de l’otan, coopération renforcée  avec les régimes de la péninsule arabique, politique d’intervention tous azimuts) ont contribué à faire de la France un ennemi potentiel.
D’autant qu’à l’intérieur du pays  la cohésion sociale, sous les effets d’une crise durable et de politiques qui tournent le dos aux besoins sociaux, a pris un coup sur la casaque, des fauteurs de haine raciale y jouent leur va-tout. Hollande, le gouvernement, sa majorité, en période habituelle, ne semblent pas entendre les colères du monde d’ici: il faut de grands coups de tonnerre pour les réveiller. Et c’est là que l’inflation verbale prend le dessus. C’est la guerre. C’est l’état d’urgence.   
Evitons de fétichiser les mots
Comme pour justifier les restrictions aux libertés, pour montrer qu’on est à la hauteur de la situation, pour dire vous allez voir ce que vous allez voir, pour faire passer au second plan une donnée majeure dans tous les conflits, celle d’élaborer des voies qui permettent de sortir des logiques de guerre, pour nous préparer à plus pire encore, pour nous faire peur, et encore une fois pour oublier le social…. Et peut-être pour couper l’herbe sous les pieds de notre intervention citoyenne.
 Guerre ? Pas guerre ? Ne fétichisons pas les mots !
Mais ici et maintenant, prenons la mesure des fossés à combler pour que les forces vives, progressistes de ce pays se rassemblent, se renforcent de façon durable, tout en donnant toute leur efficacité aux fondements de notre démocratie, sans lesquels il ne sera que poudre aux yeux.  Tout en dressant des perspectives transformatrices.
Avez-vous entendu ces marseillaises entonnées plus souvent que jamais ?  La marseillaise, un chant de guerre certes, mais aussi d’émancipation.
Jean-Marie Philibert.

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