« Ils
veulent plus jouer avec moi »
Dialogue
entendu à l’Elysée pendant la terrible semaine de l’impossible remaniement
ministériel
-Maman, pourquoi ils se moquent tous de moi ? Ils veulent
plus jouer avec moi ! Même ceux qui étaient avec moi à l’école de l’Ena,
même ceux de ma bande, ils me moquent.
-Tu sais Emmanuel, pour avoir des amis, il faut savoir mettre
de l’eau dans son vin ! Ces derniers mois tu n’as fait que des bêtises, tu
as été désagréable avec beaucoup de copains, avec beaucoup de papas et mamans de copains,
surtout quand ils n’étaient pas de la haute, avec beaucoup de pépés et mémés
retraités de copains. A table ils ont
entendu des choses sur toi qui me font de la peine quand elles m’arrivent aux
oreilles… Que tu ne t’occupes que des riches, que tu t’en crois, que tu veux
toujours commander. Ce n’est pas ce qu’on t’a appris quand tu étais chez les
bonnes sœurs.
la hauteur
de mes talents
-Mais, maman Bribri, tu sais que je suis malheureux, que
c’est très dur pour moi de ne pas être aimé, admiré, à la hauteur de mes
talents, de ma valeur qui sont immenses. Tu le sais toi, que je suis un grand
bonhomme. Tu me le dis tous les matins en me portant le petit déjeuner au lit.
Il y a quelques mois il ne parlait que de ça à la télé… Macron génial… Le plus
fortiche ! Il a battu Marine à plate couture… Rien ne pourra lui résister…
Et puis patatrac… Snif… Snif…
-Mon petit, tu as voulu jouer à la politique avec les
grands, avec des garnements que tu
croyais couillonner sans avoir fait ton apprentissage, en te prenant pour
Jupiter… et pourquoi pas Louis XIV tant que tu y étais… Je crois que tu t’es
trompé. Je sais d’où ça vient. Tu te rappelles au CP quand tu as appris à lire
et à écrire, on s’est rendu compte que tu étais mal latéralisé, que la droite
et la gauche pour toi c’était pareil et tu voulais lire à ta fantaisie, dans
tous les sens. Des fois tu commençais à droite, des fois à gauche. Quand tu joues à la politique, ça te revient,
tu mélanges tout, et en politique, comme en lecture, ça ne marche pas dans tous
les sens. La gauche et la droite c’est pas pareil !
lui aussi
il mélangeait tout
-Mais ma petite Maman, si gentille, rappelle-toi quand
j’avais mon copain François, avant que je le trahisse, lui aussi il mélangeait
tout, tellement qu’il savait plus qu’il y avait une gauche en face de la
droite…
-Ne me parle pas de ce François, c’est un très mauvais
exemple pour toi, la nuit, il ne pensait qu’à faire du scooter pour aller voir
sa copine… Tu ne fais pas ça, au moins ?
-Oh ! Non ma Mamounette chérie, la nuit quand j’ai du
mal à dormir, je téléphone avec mon iphone en or à la terre entière pour
qu’elle sache que Macron est le plus grand. Quand je le dis à Poutine ou à
Trump, ils rigolent, ils me croient pas.
-Je crois que tu es fatigué, Emmanuel, repose-toi un peu,
laisse faire le grand dadais du Havre,
celui qui joue toujours au premier
ministre… Il a l’air plus en forme que toi.
-Jamais ! Il veut me prendre la place, il veut être le
chef de la bande… Je ne serais plus rien comme dans une gare.… Je serais obligé
de traverser la rue pour être quelque chose… Mon dieu que la vie est
cruelle !
Une
inquiétude profonde se lit sur le visage de Maman Bribri…
Jean-Marie Philibert.
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