SUS À L’HUBRIS
Rendons à Collomb ce qui est à Collomb : je
crois que c’est lui qui à propos de Macron a ressuscité une vielle lune de la
mythologie grecque : la notion d’hubris.
C’était avant d’aller au bout de sa démission qu’il évoquait cette divinité que
l’on peut traduire par démesure pour
mettre en garde le président sur les dérives dont il est de plus en plus
responsable. C’est la folie imprudente des hommes tentés de rivaliser avec les
dieux.
Avec sa référence à Jupiter, à la verticalité
du pouvoir, l’Emmanuel a commencé très tôt après son élection : dans son for
intérieur il a dû considérer le choix des Français comme une décision
surnaturelle où les puissances célestes ont voulu lui donner un destin hors du
commun.
Il dé…mesure
Et maintenant, plus ça va, plus il « dé…mesure »,
au point que dans son entourage immédiat c’est courage fuyons. Après Hulot,
Flessel, Collomb … d’autres suivront. Même la Bribri, d’après un journaliste
qui écoute aux portes, lui aurait passé une avoinée.
Ce n’est pas la visite qu’il a rendue au
Général sur sa tombe à Colombey qui le guérira, bien au contraire, de cette
folie-là : Mongénéral avait fait de l’hubris
la clef de voute de son pouvoir, il avait trouvé une bande de godillots
arrivistes pour le soutenir, et des électeurs qui s’étaient laissés berner.
Comme lui !
Sortir de la
cuisse de Jupiter
D’ailleurs à la sortie du cimetière, à des
retraités qui l’apostrophaient, il n’a pu s’empêcher de faire la leçon en
reprenant les paroles supposées de Mongénéral. « Dans un pays comme la France, on
peut tout dire, tout faire, mais on ne se plaint pas et ça ira beaucoup
mieux... Me plains-je ? ».
Cette nouvelle atteinte d’hubris s’ajoute à une
série interminable de propos méprisants pour beaucoup de ceux qui, comme lui,
n’ont pas la chance et la prédestination d’être sortis de la cuisse de Jupiter
: les ouvrières illéttrées de Bretagne, les riens qui fréquentent les gares,
les fainéants qui manifestent, les gaulois réfractaires... Ceux-là au moins
sont tranquilles, l’hubris ne les menace
pas.
Je m’interroge : dans une action politique
rationnelle avec des citoyens qui a priori ne sont pas tous des imbéciles,
n’est-ce pas une erreur manifeste que de ponctuer son action par de telles
marques de mépris pour des gens qui peut-être ont voté pour vous.
Sot et
prétentieux
Macron, moins intelligent qu’il veut le
paraître ? Peut-être ! Macron et la certitude qu’il est d’une engeance
supérieure au bon peuple ? Certainement ! Mais un peu couillon et prétentieux
ça peut très bien aller ensemble. Observons le comportement de tous les
puissants, les vrais, et tous les autres, ceux qui se la jouent puissants d’un
jour, de quelques jours, ceux qui considèrent que leurs tas d’or ou leurs
comptes en banque (dans un paradis
fiscal de préférence) les rendent plus égaux que les autres : l’hubris les
guette et souvent les emporte inexorablement.
Quand l’hubris gangrène tout un système on a
quelque chose qui ressemble au capitalisme triomphant, où l’hubris de quelques-uns
se nourrit de l’aliénation, de la sueur et de la souffrance du plus grand
nombre.
Je vous épargnerai le tour du monde de tous les
hubristes qui prolifèrent...
De l’hubris à
la némésis
Nous n’avons plus le secours des dieux grecs
pour châtier les hubristes d’aujourd’hui.
Pour ces dieux-là l’homme qui commettait
l’hubris était coupable de vouloir plus que la juste mesure que sa part de destin lui avait attribuée, il
était donc condamné par les dieux à se rétrécir dans les limites étroites qui
étaient les siennes. C’était le némésis.
Si l’hubris
est la faute du dépassement des limites, la némésis désigne le mouvement
inverse de la rétractation vengeresse. Vive donc la némésis !
Et courage camarade, la némésis est à portée de
main !
Dans notre monde, laïque, libre et social, la
tâche des dieux nous incombe, collectivement, par notre capacité à combattre
les prétentions des Macron multiples et variés qui ont complètement oublié que
la démocratie impose le respect de tous et le respect de tous, c’est le respect
de l’humanité de chacun.
Jean-Marie Philibert
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire