Compliqué ?
La complexité des mots et du langage : notre
richesse ! Notre richesse ? Pas seulement celle des richissimes qui
se moquent souvent des mots comme de leurs premières chaussettes et qui leur
préfèrent les belles bagnoles, les beaux bijoux et les beaux costards. La
richesse d’une humanité qui sait qu’elle est loin d’avoir percé tous ses
mystères, qui est consciente que les voies du progrès, comme celles de
l’émancipation et de la justice sont aussi ardues que la construction de la
démocratie et de la paix. Des instances internationales où le brouillage des
pistes est un sport universel aux réalités quotidiennes de ma ville, la
difficulté de communiquer, de se parler, et surtout de s’entendre est
constante, imparable, insurmontable (?).
Propre ?
Regardez le mot « propre », le nom
« propreté », la municipalité de Perpignan n’a de cesse de vous
affirmer que la ville est propre de chez propre, que les équipes tournent à
plein pour la nettoyer, des articles de la presse bien informée confirment, et
puis vous sortez et vous vous rendez compte d’une propreté toute relative, dans
certains coins vous rencontrerez même des spectacles bien peu réjouissants
d’immondices et de déchets en tous genres jetés en pâtures à des chiens, des
chats errant, vous humerez des odeurs qui sont aux antipodes des parfums
élégants de Madame Chanel. La ville propre ?
Et le mot réhabilitation ? Il fait l’objet de toutes les
discussions à Saint Jacques : pour les uns il signifie on rase, pour les
autres on rénove, on préserve. Qui dit le vrai ? Et encore on est là dans
le concret, le vérifiable.
Abstrait ?
Si l’on franchit le pas de la petite abstraction… c’est
presque peine perdue que de vouloir échanger des points de vue. Quant à la
grosse abstraction, une seule solution, ne dites plus rien, bouchez-vous les
oreilles, vous êtes hors-jeu. La parole n’est qu’aux grandes gueules puissantes
qui utiliseront tous les canaux, tous les subterfuges, toutes les ruses, tous
les mensonges, toutes les contraintes et, s’il le faut, toutes les violences
pour vous écraser d’une vérité dont vous sentez bien qu’elle nie votre
humanité.
Convaincus ?
Depuis le congrès de Tour, et même avant, des hommes, des
femmes, se servent des mots pour débattre et tenter de maîtriser un avenir pour
tous ceux et celles qui, comme eux, n’ont d’autres richesses que leurs mains et
leur conscience. Pour dire que l’ordre du monde n’est qu’un désordre. Pour
affirmer que ceux qui n’ont rien ont droit à tout. Ils sont convaincus que le
mot socialisme n’est pas un gros mot, même si des esprits malins s’emploient
sans cesse à le vider de son sens et de sa vie. Les mots gauche et droite sont
pour eux antinomiques, comme sont inconciliables les replis réactionnaires et
les avancées progressistes. Aux fossoyeurs de l’espérance, ils parlent peuple,
justice, répartition des richesses, liberté, droits sociaux, droit du travail,
services publics, école, santé, écologie. Ils crient, ils créent la démocratie,
celle du quotidien.
Mais ces mots, ces valeurs n’ont que la force des voix qui
les défendent. Elles n’auront d’effet qu’à proportion des convictions qui les
portent, dans une démarche d’élucidation des enjeux, de clarification des
tâches, de construction collective et de mises en œuvre de forces organisées.
Dans la dernière fête de l’huma, il en fut question. Dans le congrès du pcf qui
se prépare, j’ai envie de voir quelque chose qui ressemble à cela, quelque
chose qui redonne du sens aux mots et ne recule pas devant leur complexité.
Jean-Marie Philibert.
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