les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 21 octobre 2018

Le bus ? Non pas le bus, Mémé, le buzz


Le buzz

Dans un monde où la com est la pierre angulaire de toute pensée, de toute connaissance, de tout comportement, dans un monde où celui qui ne sait pas communiquer, qui ne veut pas communiquer, n’existe pas, dans un monde où les réseaux de com irriguent le corps social, comme le sang fait vivre notre corps et notre esprit, il est impératif, pour avoir une vie digne d’être vécue, d’être partie prenante de cette folle activité qui nous occupe de jour, de nuit, dedans, dehors, seul, en société, à la mer, à la montagne, à la campagne, en voiture, à pieds, en vélo, être sur le réseau, exister sur le net, avoir des followers, comme s’il en pleuvait, plus simplement être connu, reconnu. Non ! Non ! Pas nécessairement estimé, aimé. Que l’on parle de vous. Peu importe ce que l’on en dit.

Bourdonnons

Pour cela, une seule technique marketing imparable : le buzz ! Le buzz (terme anglais signifiant « bourdonnement » d'insecte) consiste à susciter du bouche à oreille autour d'un événement, d'un produit ou d'une offre commerciale et, ce faisant, des retombées dans les médias. Le buzz fonctionne selon un principe : c’est le consommateur potentiel qui devient lui-même le média. Là je vous recopie ce que nous dit Madame Wikipedia, grande spécialiste de la question.

Pour bourdonner, pour susciter le bouche à oreille, pour faire parler de vous, la seule voie, c’est la voie du buzz, faites le buzz, pensez au buzz, inventez un buzz et le tour est joué.

Quand je vois la frénésie qui anime nombre de grandes personnes responsables et reconnues d’aujourd’hui, je pense à moi, enfant ou un peu ado aussi, et à mon besoin de me faire souvent bêtement remarquer, et pour cela j’étais prêt à faire n’importe quoi pourvu que cela se voie, s’entende, attire l’attention… Et d’entendre ma mémé dire sèchement : « Arrête de faire le couillon, tu le fais très bien d’ailleurs ! » Et vlan !

Deux buzz

Ce sont ces pensées nostalgiques qui me viennent à l’esprit quand j’observe deux buzz qui ont alimenté notre semaine ? Ils nous enseignent que le buzz peut se payer comptant, mais pas nécessairement content.

Le premier concerne Jean-Luc Mélenchon qui n’a pas supporté que la justice s’intéresse à lui, que l’on perquisitionne chez lui, au siège de son parti, qui a joué et surjoué l’innocence outragée, qui était à deux doigts de faire le coup de poing, en disant incarner la République, qui a tout filmé, tout communiqué avec un art du verbe consommé pour dénoncer une manoeuvre politique visant à le faire taire. Le buzz qu’il provoque là est la meilleure preuve que la manœuvre politique a fait long feu, qu’il ne se taira pas. Je ne dis pas qu’il a raison ou tort, je constate que grâce au buzz il existe un peu plus. Il donne du grain à moudre à tous ceux qui ne vivent que sur les réseaux. IL est l’opposant majeur, incontournable… C’est un buzz réussi. Ma mémé lui aurait dit qu’il n’a pas fait le couillon pour rien. Il reste qu’il a quand même fait le couillon.

Mais il y a des buzz qui peuvent vous échapper, parce qu’ils s’opèrent à l’insu de votre plein gré. Celui qui a concerné Pascal Pavageau, le nouveau ex-secrétaire général de FO est de ceux-là. Pavageau ne connaissait sans doute pas assez les responsables de son syndicat, il a commandité un fichier où il a fait consigner crument qui était qui, qui était quoi, qui valait quoi. Ça déménage. Figurez-vous que ce fichier a permis à un méchant canard  (enchaîné ?déchaîné ?) de faire le buzz à propos des pratiques peu orthodoxes d’un manitou trop curieux du syndicalisme. Mais là, au lieu de renforcer l’existence publique de l’impétrant, sa notoriété, sa puissance de communication, le buzz le reconduit à la maison où il pourra méditer sur les hauts et les bas de la vie publique. Le buzz peut vous faire disparaître. Ma mémé lui aurait dit qu’il est toujours dangereux de faire le couillon.

Buzz ou pas, faire le couillon n’est jamais sans risque.

Jean-Marie Philibert.


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