Le buzz
Dans un monde où la com est la
pierre angulaire de toute pensée, de toute connaissance, de tout comportement,
dans un monde où celui qui ne sait pas communiquer, qui ne veut pas
communiquer, n’existe pas, dans un monde où les réseaux de com irriguent le
corps social, comme le sang fait vivre notre corps et notre esprit, il est
impératif, pour avoir une vie digne d’être vécue, d’être partie prenante de
cette folle activité qui nous occupe de jour, de nuit, dedans, dehors, seul, en
société, à la mer, à la montagne, à la campagne, en voiture, à pieds, en vélo,
être sur le réseau, exister sur le net, avoir des followers, comme s’il en
pleuvait, plus simplement être connu, reconnu. Non ! Non ! Pas
nécessairement estimé, aimé. Que l’on parle de vous. Peu importe ce que l’on en
dit.
Bourdonnons
Pour cela, une seule technique marketing imparable : le buzz ! Le buzz (terme anglais signifiant « bourdonnement » d'insecte) consiste à susciter du bouche à oreille autour d'un événement, d'un produit ou d'une offre commerciale et, ce faisant, des retombées dans les médias. Le buzz fonctionne selon un principe : c’est le consommateur potentiel qui devient lui-même le média. Là je vous recopie ce que nous dit Madame Wikipedia, grande spécialiste de la question.
Pour bourdonner, pour susciter le bouche à oreille,
pour faire parler de vous, la seule voie, c’est la voie du buzz, faites le
buzz, pensez au buzz, inventez un buzz et le tour est joué.
Quand je vois la frénésie qui anime nombre de grandes
personnes responsables et reconnues d’aujourd’hui, je pense à moi, enfant ou un
peu ado aussi, et à mon besoin de me faire souvent bêtement remarquer, et pour
cela j’étais prêt à faire n’importe quoi pourvu que cela se voie, s’entende,
attire l’attention… Et d’entendre ma mémé dire sèchement : « Arrête
de faire le couillon, tu le fais très bien d’ailleurs ! » Et
vlan !
Deux buzz
Ce sont ces pensées nostalgiques qui me viennent à
l’esprit quand j’observe deux buzz qui ont alimenté notre semaine ? Ils
nous enseignent que le buzz peut se payer comptant, mais pas nécessairement
content.
Le premier concerne Jean-Luc Mélenchon qui n’a pas
supporté que la justice s’intéresse à lui, que l’on perquisitionne chez lui, au
siège de son parti, qui a joué et surjoué l’innocence outragée, qui était à
deux doigts de faire le coup de poing, en disant incarner la République, qui a
tout filmé, tout communiqué avec un art du verbe consommé pour dénoncer une
manoeuvre politique visant à le faire taire. Le buzz qu’il provoque là est la
meilleure preuve que la manœuvre politique a fait long feu, qu’il ne se taira
pas. Je ne dis pas qu’il a raison ou tort, je constate que grâce au buzz il
existe un peu plus. Il donne du grain à moudre à tous ceux qui ne vivent que
sur les réseaux. IL est l’opposant majeur, incontournable… C’est un buzz réussi.
Ma mémé lui aurait dit qu’il n’a pas fait le couillon pour rien. Il reste qu’il
a quand même fait le couillon.
Mais il y a des buzz qui peuvent vous échapper, parce
qu’ils s’opèrent à l’insu de votre plein gré. Celui qui a concerné Pascal
Pavageau, le nouveau ex-secrétaire général de FO est de ceux-là. Pavageau ne
connaissait sans doute pas assez les responsables de son syndicat, il a
commandité un fichier où il a fait consigner crument qui était qui, qui était
quoi, qui valait quoi. Ça déménage. Figurez-vous que ce fichier a permis à un
méchant canard
(enchaîné ?déchaîné ?) de faire le buzz à propos des pratiques
peu orthodoxes d’un manitou trop curieux du syndicalisme. Mais là, au lieu de
renforcer l’existence publique de l’impétrant, sa notoriété, sa puissance de
communication, le buzz le reconduit à la maison où il pourra méditer sur les
hauts et les bas de la vie publique. Le buzz peut vous faire disparaître. Ma
mémé lui aurait dit qu’il est toujours dangereux de faire le couillon.
Buzz ou pas, faire le couillon n’est jamais sans
risque.
Jean-Marie Philibert.
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