DE LA POESIE DE JORDI PERE CERDA
JPC aurait eu cent ans en 2020 : les bons libraires exposent ses œuvres Vous trouverez très bientôt parmi elles une édition bilingue de ses poésies, Comme
sous un flot de sève
aux éditions La rumeur libre. Etienne Rouzies
l’a murement travaillé. Le TC pour
qui la fidélité à JPC est inaltérable l’a rencontré pour qu’il nous informe d’un projet dont le confinement a retardé la sortie et qui devrait voir le jour à la rentrée. Etienne Rouzies devrait aussi intervenir dans l’hommage à JPC que la galerie El Taller d’André Robèr lui rendra ; à Ille/Têt début octobre
-peux-tu nous parler de ta découverte de Jordi Père Cerda?
J’ai découvert Jordi
Pere Cerdà une première fois en 2007
avec la lecture de son roman Voies étroites vers les hautes terres. Mais
c’est en 2015 que j’ai découvert sa poésie, sur les conseils de Marie Grau, une de ses grandes spécialistes. Dès la première lecture, il y a eu un fort effet d’attraction et j’ai commencé à traduire
quelques poèmes. Peu à peu, le jeu est devenu un projet. Roger Coste de la librairie Torcatis m’a encouragé à contacter un éditeur.
Par l’intermédiaire du poète Vincent Calvet, c’est vers La Rumeur libre que je me suis tourné.
-Y –a-t-il une spécificité de la poésie de JPC ?
Ce qui frappe d’abord dans la poésie de Cerdà, c’est
l’alliance entre une langue franche et directe et un grand raffinement dans le
maniement des images. Une sauvagerie de la langue et une subtilité
métaphorique. Autre trait caractéristique : une capacité à incarner les
émotions les plus profondes. Chez Cerdà la poésie est un art viscéral. Il y a
enfin dans sa poésie une force incantatoire. Cerdà nous enchante au sens
étymologique : il y a quelque chose chez lui de chamanique, de païen.
–La poésie est-elle traduisible ?
La poésie est unique, elle est intraduisible au sens strict. On perd toujours de
la matière en route en passant d’une langue à une autre. La traduction est un
autre texte mais on peut faire en sorte que cet autre texte soit le plus fidèle possible au
premier. Traduire nécessite de se décentrer en
permanence, il ne faut pas que sa propre musique prenne le pas sur l’original. C’est une discipline. Un peu comme
une navigation, il y a un cap à garder : si on est inattentif, le bateau s’arrête ou dévie.
-Tu as dû faire des choix de textes, peux-tu les expliquer ? La spécificité de ton édition, de tes
traductions ?
Mon choix a été de sélectionner des
poèmes de toutes
les époques, de montrer un large éventail de sa production mais cela reste une sélection,
une partie seulement d’une immense montagne à explorer. Je me suis laissé guider par les poèmes qui m’avaient le plus touchés. Mon
ambition était de passer la force de la langue de Cerdà du catalan au français en évitant
les écueils de la réécriture, de la « poétisation ». Mon parti pris était de serrer au texte. Quand Cerdà est rugueux, il faut l’être aussi en français.
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