les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 30 novembre 2020

Patrick, Diego, Christophe, le sport et l'humain

 

Patrick, Diego, Christophe, le sport et l’humain

Il est un domaine auquel je ne prête qu’une attention épisodique et sur lequel je n’ose pas trop m’aventurer de peur de montrer mon ignorance. Certes il me poursuit depuis belle lurette. Il m’a même contraint, c’est le mot qui convient. En effet ma mère soucieuse de mon avenir physique, mais aussi sans doute un peu mental, m’a imposé, dès la tendre enfance,  de faire de la gym, dans une salle du quartier, avec un prof exigeant et sans espoir de passer à travers. Elle m’a ensuite incité à faire du sport. Mais, esprit retors sans doute, j’y ai mis une mauvaise volonté si évidente, que l’obligation, l’incitation se sont transformées en désintérêt profond, pour ne pas dire en aversion.

Il m’a fallu prendre de la bouteille (au sens figuré bien sûr) pour m’y remettre, sans goût, mais par nécessité physiologique, comme dit mon toubib. Et ça dure depuis des décennies. Je fais du sport, de la gym… Un peu ! Mais je ne sais pas parler du sport, des sportifs. Le hasard de l’actualité m’incite aujourd’hui à tenter de le faire.

Patrick

Le déclic est venu des pages sportives (que je survole en général) de mon quotidien local. J’y découvre étonné un titre « grossier » qui barre la page : « ça me fait chier ». Ce titre joue tout à fait son rôle, puisqu’il m’arrête, me fait reconnaître sur la photo qui accompagne l’article, Patrick Arlettaz, entraîneur de l’Usap, et m‘incite à lire l’interview où il s’étend sur les heurs et malheurs de son équipe chérie, sur les victoires, sur l’absence de jeu d’un groupe qui gagne, sur les critiques que l’on fait aux joueurs et qui le « font chier » parce qu’il est persuadé de faire avec eux du bon boulot. Le ton de l’interview est de la même veine, direct, sans fioriture, codé pour les usapistes avertis avec lesquels Arlettaz semble vouloir remettre les pendules à l’heure. L’air renfrogné qui est le sien sur la photo accompagnant le texte montre que le sport n’est pas un long fleuve tranquille et que la colère des hommes y a sa part. On peut diriger une grande équipe et rester profondément humain avec le langage fleuri qui va avec.

Diego

L’humanité a aussi, dans l’actualité sportive, ses dimensions tragiques. On peut être, pour beaucoup d’amateurs de foot, dieu ou presque et rester humain, ainsi Diego Maradona a sans doute oublié que ses admirateurs le voulaient immortel et les a quittés, les laissant orphelins des moments euphoriques qu’il leur avait offerts, en Argentine, à Naples, à Barcelone. Sa gloire, ses faiblesses, les aléas de sa vie, sa fibre populaire, le tout  assumé, ont renforcé cette humanité du personnage, sa popularité. Il ne vous étonnera pas que Macron, en cherchant à la célébrer, un peu sottement d’ailleurs, ne l’ait perçu que pour lui reprocher port mortem d’avoir rencontré Chavez et Castro. La ferveur populaire a besoin de l’humanité de ceux qui, dans des pratiques sportives, sortent du lot au point de prendre des dimensions mythiques tout en restant proches. D’où le sentiment d’une intimité qui vous a donné à un moment l’impression d’enrichir la vie et dont vous souffrez de la disparition.

Christophe

Autre actualité tragique ! Nous regretterons aussi les fulgurances de Christophe Dominici qui, un ballon ovale dans les mains, nous a fait vibrer et a apporté des moments inoubliables à des millions de spectateurs qui se sont lancés avec lui dans des courses effrénées vers un en-but libérateur où nous aussi, grâce à lui, nous avons plongé sans retenue. La sympathie du personnage, ses mensurations de David courageux et rusé au milieu de Goliath sur-vitaminés le rapprochaient de ses admirateurs. Sa fin tragique prématurée, ces jours derniers, nous le rend encore plus proche et humain.

Conclusion : le sport et les sportifs sont au cœur de notre humanité. Ma maman avait sans doute raison.

Jean-Marie Philibert.

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