les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 8 novembre 2020

Petite balade au Perthus

 

Petite balade au Perthus

 

Si l’heure était moins lourde, la petite balade de notre président au Perthus aurait pu nous amener à ironiser sur un besoin pressant de Ricard à l’Elysée, ou sur une subite envie d’oranges de Bribri, tant un tel déplacement peut sembler hors sol, à des Roussillonnais confinés qui imaginent qu’il y a tant à faire à Paris.

 

El Nostre Prrrésident

En fait peut-être du fait des accords de Schengen, l’avait-on oublié ?, mais le Perthus est une frontière. El Nostre prrrésident avait sans doute besoin pour illustrer sa démarche de lutte sur tous les fronts, national, européen, international, immigration, terrorisme et sécurité d’un terrain propice : le col du Perthus passage historique des troupes d’Hannibal, des armées romaines, des hordes d’envahisseurs en tous genres, aujourd’hui touristes et poids lourds,  le lui a fourni pour faire de l’image comme on dit dans la com moderne et illustrer son propos qui ne change guère : je prends toujours la bonne décision, que de bonnes décisions.

 

Des passoires et un drone

Lesquelles donc ? Vigipirate oblige, prégnance de la menace terroriste : “nous avons décidé d’intensifier très fortement nos contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen” et d’aligner les chiffres : les effectifs policiers passeront de 2400 à 4800. Pour le Perthus deux unités mobiles, une compagnie de CRS et un escadron de gendarmes mobiles... avec même un pilote de drone. Faisons donc moderne. Reste que depuis Schengen les frontières intérieures ne le sont plus tout à fait et qu’elles sont devenues de véritables passoires où les trafiquants en tous genres s’en donnent à cœur joie, et sans doute aussi les terroristes potentiels (lisez quotidiennement votre journal local). Reste que des services publics (douanes et police) ont été réduits à la portion congrue. IL s’agit donc de courir après l’événement, après les événements tragiques des assassinats aveugles pour donner le sentiment que ce qu’il fallait faire a été fait, ou va l’être incessamment sous peu.
Brouillons les pistes

Et il faut donc mettre en scène l’intervention présidentielle sur un poste frontière emblématique, qui relie le sud et le nord, l’Afrique et l’Europe, qui est une voie d’accès depuis des lustres à toutes les formes d’immigration, même si ce n’est pas une porte de Schengen. Cela permet de brouiller un peu plus les pistes et d’inciter le bon peuple à assimiler immigration, terrorisme, islamisme et de rejoindre l’idéologie nauséabonde et raciste qui se répand et dont de l’extrême droite à l’extrême centre ils sont nombreux à faire leurs choux gras. Cette visite est à l’image de la loi contre le séparatisme que le gouvernement prépare : c’est un leurre !

 

Pour rien ?

Elle a aussi indéniablement une dimension européenne. Macron prêche... dans le désert et sur la frontière... pour une réorganisation de l’Europe...”pour intensifier notre protection commune … pour un espace qui soit plus cohérent”... Pour le moment en dehors du plan de relance, à la vertu essentiellement économique, en Europe, c’est, avant tout, chacun pour soi et c’est porte close aux étrangers... pauvres. Je crains que le déplacement au Perthus ne change en rien la donne. Je pense même que sur ce terrain-là comme sur les autres l’initiative est improductive. Il est venu pour rien et il a oublié le ricard et les oranges.

Peut-être que grâce à nostre prrrésident des barrières vont faire leur réapparition sur l’autoroute et sur la nationale et rappeler aux anciens qu’une frontière reste une frontière même si elle ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à séparer les humains que nous sommes.

Jean-Marie Philibert

.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire