les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 16 novembre 2020

La culture un service public essentiel

 

La culture, un service public essentiel

« Un homme qui lit en vaut deux ! »C’est le slogan d’une campagne en faveur du livre et de la lecture qui remonte à bien des années, je ne vous dirai pas combien. C’était du temps où j’enseignais les lettres à des lycéens que je voulais faire réfléchir aux bienfaits de la lecture et je trouvais que ce slogan pouvait servir de sujet utile de dissertation, un brin provocateur pour des jeunes femmes et hommes dont la lecture n’était pas la première des préoccupations. Et puis surtout j’y lisais une évidence extrême à la gloire du livre, à l’enrichissement durable que certains livres nous offrent, à la communion laïque avec des écrivains qui avaient, ont, cultivent la capacité créatrice d’enrichir nos vies et de laisser une trace qui peut contribuer à nous constituer dans notre originalité, dans notre intégrité.

Le riche rapport au livre

Je n’ai pas le souvenir d’un seul lycéen qui ait violemment pris le contre-pied du slogan pour démontrer l’inanité de la lecture (ils n’étaient pas suicidaires). Mais ils parlaient tous de leur rapport au livre, de leur intimité avec certaines œuvres et de l’enrichissement qu’ils en retiraient. Donc satisfaisons-nous rétrospectivement : mission accomplie !

Mais malheureusement Castex n’a pas été mon élève, (compte tenu de son âge et du mien, il aurait pu) et visiblement sa réflexion littéraire… absente, son oubli du livre… comme nourriture essentielle, son mépris des libraires dans leur combat quotidien pour survivre avec leur boutique s’en ressentent.

Dans les champs de ruines culturels, qu’il nous laissera à la sortie du confinement, parce qu’on en sortira un jour ou l’autre, il y aura, entre autres,  quelques rideaux tirés de libraires effondrés de ne pas avoir pu continuer leur mission jusqu’au bout et de les avoir pris pour ce qu’ils ne sont pas : des inessentiels, des superflus, des amuseurs, des bouffons, au mieux capables de nous procurer un supplément d’âme.

Sortir du vulgum pecus

Supplément d’âme, cerise sur le gâteau, élément de décoration, artifice pour se faire plaisir, prétexte pour briller, occasion pour rencontrer la bonne société et faire de l’entre-soi, illusion de faire partie des « happy few » qui sortent du vulgum pecus ( en clair des mastuvu qui veulent péter plus haut que leur cul). La culture ne serait que cela ! Donc fermer les cinémas, les théâtres, les musées, les bibliothèques… c’est pas grave. Il y aura bien quelques sous-produits culturels que la téloche diffusera pour faire croire que le cadavre de la culture vivante bouge encore.

Mais le spectacle vivant, l’écriture vivante, la rencontre vivante avec les créateurs, l’échange intime avec une œuvre et la trace indélébile qu’il en restera seraient des clusters tout désignés. Ne se moquerait-on pas un peu de nous ?

La droite est indécrottable : elle n’a jamais aimé la culture qui n’a jamais voulu être à la botte des valeurs qu’elle prône, elle en a fait un ornement pour la vider de sa charge subversive. Là le corona lui offre une occasion de lui clouer le bec pour quelque temps. Elle semble ravie et ne recule pas.  Castex se charge de la besogne.

Elle oublie que la culture est animée par une capacité de résistance, de persistance qui est constitutive de la vie et de la liberté qui nous animent, avec ou sans corona.

Jean-Marie Philibert

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