les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 30 mars 2021

Vieilleries, vieux et nouveau monde

 

Vieilleries, vieux et nouveau monde

 

Je  suis en difficulté dans la cuisine de mon humeur. Il faut trouver chaque semaine un sujet qui amuse-fâche-intéresse, qui ne dépare pas avec l’ensemble du journal, avec son orientation, qui soit dans mes cordes. Il y a des semaines faciles et d’autres moins. Là on est dans le moins. C’est samedi, plusieurs papiers que vous trouverez dans les pages qui précèdent m’ont occupé dans la matinée. Pour l’humeur, j’ai la tête vide. Complètement.

Je me dis : prends des vacances, va acheter le pain, on verra après.

Et je pars vers ma boulangerie préférée, en traversant le marché à la brocante qui occupe les allées Maillol à Perpignan. Tout en gardant en tête ma préoccupation. L’humeur à produire.

Eureka ! L’accumulation de toutes ces vieilleries provoque l’éclair salutaire.

Les brocantes sont un peu emblématiques de nos vies sociales et politiques : il y a des vieilleries bonnes pour la déchetterie et d’autres fort utiles. Le monde ancien est paradoxal

Les vieilleries bonnes pour la déchèterie

Certains, quoi qu’ils en disent, sont tellement prisonniers d’une idéologie d’un autre temps, qu’ils ne peuvent vivre que dans la nostalgie de la vieillerie. Ainsi d’Aliot et de sa guerre d’Algérie, et de la colonisation. Ainsi de sa nostalgie d’une extrême droite qui tenta à l’occasion de renverser la république et qui n’y parvint pas. Alors qu’il fait tout pour jouer au gentil garçon, cette nostalgie du monde ancien lui fait dévoiler son vrai visage. .La France était belle avec son empire. Le monde ancien le fait sans doute rêver, la suprématie des blancs, l’injustice institutionnalisée, le culte du chef. Il imagine une régression musclée et se sert de nos temps troublés pour y travailler.

Il y est aidé par d’autres nostalgiques, par exemple ceux qui ont envahi le conseil régional d’Occitanie, partisans  d’un ordre violemment anti-démocratique. Ils n’ont de cesse de réactiver les préjugés les plus éculés, le racisme le plus sommaire. Une stratégie les habite : jeter suffisamment de troubles  pour qu’on perde le sens des vraies valeurs, en particulier celles de la démocratie.

L’ambition du Rassemblement national se nourrit de ces troubles, mais tente par d’autres voies de faire la preuve de son honorabilité, de sa respectabilité, de sa dédiabolisation en s’appuyant sur des scrutins ou des sondages  qui en ferait un parti de notre temps, prêt à prendre un pouvoir dont il se garde bien de dire ce qu’il ferait. Il mise sur notre oubli des tragédies de l’histoire, les montées des fascismes, les dictatures qui s’incrustent, le pétainisme et ses lâchetés. Tout est à mettre au rebut

D’autres vieilleries

Existent d’autres vieilleries qui sans sentir autant le moisi n’ont plus aucune utilité, si ce n’est d’embarrasser les placards, de restreindre notre espace vital, de nous faire prendre les bougies des fantasmagories pour les lanternes de la vérité : il s’agit de tous les irrationalistes, les complotistes, les perchés dans la stratosphère, que ces temps de pandémie suscitent et qui malheureusement ne sont pas sans écho. Ils ne sont pas trop éloignés des précédents.

Leur trait caractéristique : l’absence totale du moindre doute. Qui est pourtant le fondement de toute vérité, de toute lucidité. !

Tout ce qui se bonifie en vieillissant est à préserver.

Le vieux monde nous a aussi appris les enseignements de l’histoire. Ainsi le 150° anniversaire de la Commune nous convainc que la lutte pour la justice, la liberté, n’est jamais achevée, que l’ambition de construire un monde pour tous les citoyens qui l’occupent reste plus vivante que jamais. Salut et fraternité !

Le vieux monde nous a légué des valeurs  qui sont un peu secouées par les temps qui courent, telle la laïcité à qui on tente de faire dire tout et son contraire, telle la démocratie sur laquelle s’assied sans vergogne un président (le nôtre) en mal d’autoritarisme (au rebut) ou de bonapartisme (au rebut aussi). A nous de les réactiver ensemble, parce qu’elles ont besoin l’une de l’autre.

L’unité populaire, l’unité d’action, l’unité entre partenaires d’égale dignité, l’unité syndicale, difficile certes, mais plus que jamais nécessaire, ambitieuse, mais toujours porteuse d’avancées, me semble être un des précieux apprentissages du monde ancien qui nous aideront à construire le monde nouveau. A traiter donc avec le plus grand soin.

Jean-Marie Philibert.

mardi 23 mars 2021

Le virus, Jupiter et nous

 

Le virus, Jupiter et  nous

 

L’incurie demande de l’application. Elle vient de loin et a nécessité efforts et persévérance. C’est là la pensée profonde qui me vient à l’esprit au moment où je me décide à évoquer la situation dans laquelle le gouvernement nous a mis en ce début d’un nouveau confinement. Il y a une accumulation d’errements, de décisions surprenantes, d’absence de décisions, d’inconséquences, d’erreurs et de mensonges qui font sens et qui pourraient faire sourire si les morts et les malades ne se comptaient pas par dizaines de milliers.

Les précédents

D’abord la menace d’une pandémie n’est pas une vue d’un esprit chagrin. Les scientifiques l’ont dit, l’ont redit, il y a eu des précédents, il y a eu des alertes (H1N1). L’inconscience des pouvoirs publics, depuis des années est, par une loi « hôpital », de réduire les moyens des services publics de santé, de supprimer des lits, de mettre en œuvre une tarification à l’acte qui provoque une course à la rentabilisation pour les hôpitaux, de faire les yeux doux au privé, en résumé, de faire passer le pognon avant notre bien-être. Mais on continue à proclamer que notre système de santé, à nous, est le meilleur du monde et donc, qu’on ne craint rien.
On est si fortiche qu’on se débarrasse des masques que l’on avait stockés, sans doute parce que l’on est persuadé que, si épidémie il y a, elle s’arrêtera aux frontières comme le nuage de Tchernobyl. Première réussite !!

Elles vont s’enfiler comme des perles et nous allons de plus en plus rire… jaune.

Les réussites s’enchaînent.

D’abord le déni : rappelez-vous ! Macron au théâtre  en janvier 2020 avec madame, pour bien manifester son « même pas peur» devant les premiers signes de la maladie (Jupiter n’a peur de rien bien sûr). Les silences et les mensonges, les propos soporifiques de la ministre de la santé d’alors qui a dit plus tard qu’elle savait (irresponsable ?). Le mépris affiché pour les Italiens qui avaient à affronter une première vague (ces gens-là n’ont pas notre sérieux !). Le maintien des élections municipales en mars 2020 (sans doute pour narguer le virus). !

Puis le premier confinement infantilise tous les citoyens : ils doivent se signer à eux-mêmes des autorisations pour sortir autour de chez eux. Les petits commerces sont  fermés parce qu’ils sont dangereux, pas les très grands, inoffensifs sans doute.

La course aux masques illustre à merveille ce qu’est une palinodie : dire tout et son contraire avec le même aplomb : ils sont la fois inutiles, nécessaires, dangereux... Mais comme on n’en a toujours pas, les soignants affrontent le virus à poil. On incite les gens à s’en fabriquer : on dira plus tard qu’ils sont sans efficacité.

Rien n’arrête le pouvoir

Le virus devient exponentiel. Pour le traquer il faut des tests… des tests : oui ? non ?, peut-être ? Une mise en place des plus laborieuses. La télé transformée en télé covid. Entre temps le gouvernement-magicien a trouvé les milliards dont on ne soupçonnait pas l’existence pour dire que « quoiqu’il en coûte » il fera face pour aider les Français. Le spectacle pouvait donc continuer.

Un nouveau meneur de revue

L’entracte estival a permis de respirer et d’oublier (trop sans doute) le virus. On a ensuite un peu changé la distribution, on a pris un Pradéen pour mener la revue. Mais on a continué dans la même veine, celle du n’importe quoi. Les écoles, les collèges, les lycées sont ouverts, mais pas les universités, les étudiants sont condamnés à vivre devant leur ordi. Ils craquent.

On a des vaccins, on sait que c’est la seule arme efficace, mais on tergiverse, on se laisse phagocyter par les producteurs, on dit qu’on les a, qu’on va les avoir, mais on ne les voit pas. Au lieu de vacciner à tour de bras, on fait ça tranquillou comme s’il n’y avait pas urgence. On amuse la galerie, on raconte des sornettes.

Devant la résistance du virus et de ses copains variants, Castex pense qu’on doit reconfiner, mais il ne le fait pas parce que Macron refuse, il veut sans doute défier le virus. Il se plante, et nous avec.  Mais Jupiter invente alors la trouvaille suprême : le confinement dehors.

C’est sans doute le clou du spectacle. Mais pas son dénouement. La tragédie continue.

Jean Marie Philibert.

 

lundi 15 mars 2021

Ecole 42 : du vent

 

Ecole 42 : du vent !

Que penser du projet d’école qui s’implanterait aux Dames de France ?

On savait que 66 était un chiffre magique : nous savons tous pourquoi. Mais nous ignorions que 42 était plus magique encore puisque grâce au projet d’Ecole 42 nous allions devenir quasiment une annexe de la Silicon Valley. Ne riez pas, sous l’égide de la communauté urbaine, de la chambre de commerce, les Dames de France devrait devenir le site où l’école 42 allait s’implanter.

L’école 42 est une formation en informatique qui repose sur une pédagogie révolutionnaire unique. Elle a plusieurs sites en France et à l’étranger. Elle a le vent en poupe. Elle a été  fondée en 2013 par Xavier Niel, patron de Free et accessoirement du Monde, grand financier devant l’éternel. Elle fonctionne sur le mode participatif, aucun diplôme pour entrer et aucun à la sortie. Elle est gratuite, pas de cours, pas de professeurs. Perpignan postule au seul site programmé dans le midi. ET certains politiques locaux y voient la chance de leur mandat actuel ou futur : associer leur nom  à une initiative qui devrait décoiffer. Aliot semble en rêver, mais il n’est pas le seul. Ils pensent vendre du vent, au pays de la tramontane, normal, non ?

Les initiateurs en question (Niel et d’autres) qui ne sont ni des philanthropes, ni des bienfaiteurs de l’humanité négocient le bout de gras, c'est-à-dire l’argent que les collectivités locales, les pouvoirs publics mettraient dans le projet. Un budget prévisionnel de plus de 8 millions d’euro. En clair il s’agirait de faire financer par des subventions publiques une école privée qui devrait recevoir ses premiers candidats en octobre. Ils devraient être 150 à terme.

Et bien sûr comme ces gens-là ne travaillent que pour leurs pommes, ils n’ont aucun souci d’une quelconque articulation, complémentarité avec l’Université de Perpignan, avec le pôle numérique du Soler. Et pourtant des gens travaillent ici pour développer dans le cadre du service public  localement une école d’ingénieurs, qui propose des formations diplômantes, qui fait ses premiers pas dans un contexte difficile où les budgets publics sont réduits à la portion congrue. L’école 42 réduirait à néant tous les efforts consentis. Pour le remplacer par un mirage !

Il est heureux que des interventions de la présidente de région Carole Delga, de Nicolas Garcia, vice-président du conseil départemental, et du sénateur Calvet remettent à leur place  les instigateurs de ce qui, aujourd’hui, ne peut apparaître que comme une supercherie.

JMP

La cible

 

La cible sera unitaire ou ne sera pas

 

Les bruissements deviennent de plus en plus intenses, le vent de l’unité se remet à souffler, irrégulièrement certes, pas partout, mais dans certains arbres, les feuilles s’agitent. Dans les départements, dans le nôtre ainsi, dans les régions, dans la nôtre aussi, pour les présidentielles, des initiatives existent pour en parler.

L’unité, vieux rêve inextinguible de peuples en souffrance. El pueblo unido jamas…

L’unité, rappels sensibles de moments d’histoire qui nous ont fait faire quelques pas en avant…

L’unité du « tous ensemble-tous ensemble-tous ensemble ! Wouais ! de 1995 qui ne nous rajeunit pas, mais que nous n’oublions pas.

L’unité, la seule qui me concerne, elle est à gauche, à gauche toute ou presque, elle n’embarque que ceux qui ont l’ambition de secouer les cocotiers pour en faire tomber quelques fruits aptes à nous désaltérer.

En face

En face, la droite se satisfait d’une unité de façade  qui  cache souvent, sous le tapis, des duels fratricides. Elle se sert de l’unité pour occuper le terrain, se répartir les fromages et servir ses mentors, ses financiers, sa famille de puissants en tous genres, quoi ! En n’étant jamais très regardant sur la morale et les tripatouillages avec le pognon public. Bien sûr il faut faire croire au bon peuple que l’on fait ce qu’on peut et surtout qu’on ne l’oublie pas. Mais comme le bon peuple n’y croit pas trop, on lui propose dans le paysage un produit un peu faisandé (dits national), qui ne sent pas toujours bon, qui peut satisfaire la xénophobie ambiante, les égoïsmes forcenés et tous les racismes que génèrent les peurs d’un étranger qui nous volerait notre oxygène.

Les droites ont ainsi leur fonds de commerce, elles tentent de reconquérir le terrain perdu, comme dans les P.O. aux départementales, comme en Occitanie pour les régionales et s’imaginent pouvoir, en 2022, comme avant, nous refaire le coup d’un choix soi-disant démocratique entre la peste blonde d’une ignorante sans culture et sans éducation et le choléra BCBG d’un énarque jupitérien assoiffé de pouvoirs.

 

En sortir

En sortir, pas un peu, pas par un  seul changement de personnels politiques, pas par un ravalement de façade, pas par des phrases ronflantes et sans conséquences. En sortir par des mesures tangibles : mesures politiques pour réinventer une vraie démocratie dans ce pays, mesures sociales pour un véritable droit au travail, à la protection sociale, mesures économiques pour un partage équitable des richesses dans une production reconstruite, mesures écologiques qui préservent notre avenir naturel.

Un impératif

La  restauration de l’état, de ses services publics, de ses prérogatives doit devenir une donnée de fond (pas seulement en temps de pandémie). C’est une reconstruction politique qui se joue là : elle ne saurait résulter d’accords rapides et circonstanciels entre formations et personnalités où chacun voudrait rafler la mise à son profit et placer pour un temps ses ouailles. Les départementales, les régionales prépareront la résidentielle sous l’égide, ou non, de l’union…

Ne pas saisir la profondeur, la complexité de la situation à prendre en compte, avant les échéances électorales qui se présentent aboutirait à rater une cible et à ne pas répondre à un impératif de changement profond qu’appelle la situation présente. L’attente d’un jour d’après différent, y compris avec ce qu’il peut avoir d’utopique, est une nécessité de l’heure : ce n’est pas la capacité à supporter avec civisme une situation difficile qui doit nous conduire à l’oublier.

Les forces politiques qui ambitionnent de travailler à une réelle transformation sociale ont intérêt à le garder en tête pour en mesurer tous les enjeux et ne pas décevoir un peuple qui n’attend que ça.

Jean-Marie Philibert.

 

lundi 8 mars 2021

Justice et sérénité

 

Justice et sérénité

 

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Après le déferlement médiatique de la semaine passée faut-il en rajouter une couche ? J’ai un doute. Mais j’ai envie de tenter, au-delà de l’événement, d’en mesurer la portée, de chercher à percer ce qu’il recèle comme non-dit, d’y lire les turpitudes et les mensonges que des « granzomes » n’hésitent pas à se permettre. D’autant que les péripéties du procès de Sarkozy soulèvent un problème très sérieux, celui de la justice, celui du pouvoir judiciaire et de ses rapports avec l’exécutif.

De la séparation des pouvoirs

Partons de là, voulez-vous ? Montesquieu toujours, son Esprit des lois et ce qu’il nous dit de la séparation des pouvoirs :

« Il n’y a point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice. Si elle était jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait arbitraire  car le juge serait le législateur. Si elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force d’un oppresseur… »

Lundi dernier, Nicolas Sarkozy a été condamné à un an de prison ferme et à deux ans avec sursis  pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes. C’est un ancien chef d’état qui est ainsi condamné pour ce que le tribunal estime « un pacte de corruption »entre l’ancien président, son avocat et un ancien haut magistrat. La preuve de ce pacte « …ressort d’un faisceau d’indices graves, précis et concordants résultant des liens très étroits d’amitiés noués entre les protagonistes »

Injustice ?

Et depuis, notre homme, qui fut en son temps le garant de l’indépendance de la justice, qui fut le garant du principe supérieur de séparation des pouvoirs, ne cesse de crier à l’injustice, de mettre en cause l’intégrité du tribunal, de dénoncer un acharnement judiciaire.

D’user et d’abuser de l’audience médiatique qui lui est accordée pour charger la mule des juges dont les observateurs reconnaissent, certes la sévérité, mais aussi  la tenue irréprochable des débats judiciaires, et le sérieux, la solidité du délibéré. Il ne fait plus confiance à la justice de son pays, sans doute parce qu’elle déroge à l’image qui était la sienne d’une justice de classe, dure avec les faibles, mais complaisante avec les forts. Le pouvoir vous tourneboule un homme jusqu’à ce qu’il se croie au-dessus des lois et lui fasse ainsi oublier un des fondements de la démocratie.

Avancer sur un terrain égalitaire

L’affaire ne concerne pas que son auguste personne. A voir la multiplicité des représentants politiques de droite, de droite extrême, et même d’ « En marche » qui volent à son secours, on se dit que la justice a du pain sur la planche pour avancer sur un terrain égalitaire qui certes ne lui a pas toujours été familier. Même un ministre de l’intérieur, en exercice, se sent obligé de commenter une décision de justice qui concerne son ex-copain.

C’est dire que le combat pour son indépendance, pour son approche sans complaisance des forfaits des puissants, pour sa volonté de porter des coups aux formes multiples souvent très inventives de détournement d’argent, d’enrichissements illicites a de beaux jours devant lui. Combats d’autant plus difficiles qu’ils mettent en œuvre des intérêts puissants, des complicités multiples, souvent internationales et que les moyens de la justice sont limités, j’ai envie de dire sciemment limités comme si on ne souhaitait pas lui donner les moyens de son ambition.

En cherchant à confronter à leurs actes tous les justiciables, les puissants, les moins puissants, et les pas puissants du tout, la justice  joue son rôle de fondement de notre humanité, de notre liberté, de notre responsabilité. En leur demandant de payer pour leurs manquements, elle préjuge de leur capacité d’amendement, elle table sur leur capacité à retrouver la voie d’une vie sereine, dans l’intérêt de tous.

Visiblement Nicolas Sarkozy a du mal avec sa sérénité. On s’en doutait un peu.

Jean-Marie Philibert

mardi 2 mars 2021

Un souk ?

 

UN SOUK ?
Sur une pratique de plus en plus courante…

Les aléas de ma vie personnelle m‘ont imposé il y a peu de temps de mesurer l’ampleur prise par une pratique  qui pour ne pas être totalement nouvelle ne facilite pas l’accès à la santé pour le plus grand nombre, bien au contraire. Ce sont les dépassements d’honoraires que semble pratiquer avec une allégresse de plus en plus décontractée la gent médicale et les formes de plus en plus officielles qui sont les leurs. Il me semble que peu nombreux sont ceux qui prennent véritablement conscience de la portée de ces pratiques et de ce qu’elles peuvent générer.

Votre ophtalmo vous dit que votre cataracte vous fait des misères (vous vous en doutiez un peu), et qu’une opération  est nécessaire : après quelques informations sur le geste chirurgical courant qu’elle suppose, vous faites contre mauvaise fortune bon cœur et vous vous laissez entraîner dans les examens préopératoires. A leur issu une aimable secrétaire en même temps qu’elle vous propose des dates pour l’intervention, vous indique que des dépassements d’honoraires sont à prévoir, pour le chirurgien comme pour les anesthésistes et qu’il est préférable de les payer immédiatement pour tout arrêter. Vous êtes secoué par l’annonce qui vous a été faite, vous êtes bousculé par le calendrier qui vous est proposé, vous voulez en finir rapidement avec les misères que vos yeux vous faisaient, vous êtes en colère, vous payez.

Ce faisant vous vous faites avoir, parce que les dépassements sont à la discrétion des praticiens, de certaines cliniques, que cette pratique sape les fondements de la sécurité sociale et des conventions qu’elles signent avec les médecins et les organismes de santé. Vous devenez le complice d’une médecine inégalitaire dont l’intervention mutualiste pourra tenter de réduire les effets à la marge. Le fait de les avoir officialisés ne change rien au problème et rend plus difficile toute solution durable qui passe par une juste rémunération des intervenants et un juste remboursement du patient. Le marché de la santé ne saurait devenir un souk !

JMP

lundi 1 mars 2021

Un an après

 

Les leçons d’un anniversaire

 

Il va falloir fêter ça, vous pensez un premier anniversaire ce n’est pas rien : le début d’une nouvelle vie avec plein de promesses. Cette première année vous a déjà donné l’occasion d’en dessiner les contours. Vous ne saviez pas grand-chose  de sa durée, de son emprise sur votre quotidien, de ce qu’elle recélait comme surprises.

Une vie nouvelle

C’est une vie totalement nouvelle avec en son cœur une bébête au nom étrange et à l’image peu avenante qui prend un malin plaisir à bousculer nos habitudes, à fermer nos cafés, nos cinémas, nos restaurants…, à nous rendre de plus en plus casaniers, méfiants, à sortir masqués, à nous coucher tôt, à inventer de nouveaux mots « présentiel, absentiel », à faire de toute la gent médicale les nouvelles vedettes de la téloche, à montrer les grandes faiblesses de nos gouvernants qui n’avaient rien prévu, rien anticipé et qui continuent à nous lanterner avec des vaccins qui vont venir, qui viennent, qui sont là, mais pour lesquels il semble qu’on n’a pas fini d’attendre avant d’en profiter tous. Une vie de…

Le seul miracle provoqué par la bébête, c’est la multiplication du pognon distribué, « quoi qu’il en coûte », pour permettre à ceux qui n’ont plus rien d’avoir un petit quelque chose et de supporter l’insupportable.

Penser à la vie d’après

Eh oui, bientôt un an du premier confinement, la bébête a bouleversé nos vies, elle a rendu caduque la vie d’avant, elle en a montré tous les manques, toutes les tares et toutes les injustices, elle nous a incités à penser à une vie d’après qui pourrait arranger un peu les choses, elle nous a appris à faire le gros dos.

Devant les libertés réduites, les projets sans avenir, les déséquilibres psychologiques, la crainte de la maladie, les séparations,  la perte de nos êtres chers, devant nos vies rétrécies.

Globalement, on peut dire que nous faisons face collectivement, civiquement, démocratiquement. Mais la situation est compliquée : les dérives que nous percevions, dérives politiques, idéologiques, philosophiques mêmes, depuis des années se sont accentuées. Nos certitudes, nos repères, nos aspirations sont troublés. Tout baigne dans la mélasse confuse de l’ « en même temps » La droite, la gauche, le centre .Conservateurs ? Progressistes ? Réacs ? Révolutionnaires ? Ecolos ? Réformateurs ? Des mots d’un autre temps ! Il suffit d’être En marche bien sûr !  Derrière Macron !

Pour des réponses convergentes et unitaires

Parmi ces dérives, il en est une qui m’inquiète ; ’on semble avoir du mal à la surmonter alors qu’elle est une condition nécessaire pour sortir du marasme ambiant. C’est la difficulté de plus en plus sensible de construire (à gauche) des réponses convergentes, unitaires pour des situations face auxquelles le chacun pour soi, ou pour sa paroisse, est mortifère. 

Des réponses transformatrices, concrètes,  progressistes,  pour apporter des solutions cohérentes et durables pour le plus grand nombre. Des réponses dans lesquelles le peuple, le mouvement social, le monde du travail, les exclus, les marginalisés, les précaires trouvent des raisons d’intervenir, de s’engager, de renforcer des luttes, qui certes n’ont pas cessé, mais manquent de l’ampleur utile pour bousculer, renverser la table.

On semble avoir oublié que ceux qui tirent les ficelles, qui ont le pognon, qui gardent au chaud la finance internationale sont eux vaccinés contre les maux qui nous menacent. Ils se portent bien et n’ont perdu ni la saveur, ni l’odeur, ni le goût de l’argent. De ce côté-là on est uni sans problème.

Pour leur couper la chique,  il faut les combattre politiquement, pandémie ou pas, la seule voie possible est la voie de gauche pure et dure, une voie rassemblée. Il faut donc qu’y convergent tous ceux qui veulent secouer les cocotiers pour faire tomber et profiter un peu des fruits de leur labeur, de leur engagement, partager équitablement les richesses et construire une société qui le permette, avec la santé qui va avec. La pandémie ne doit pas nous faire oublier la finalité de nos vies.

Je fais le vœu que son premier anniversaire nous aide à rafraichir une mémoire bousculée par les aléas du présent.

Avec une application immédiate.

Après mars 2021, il va y avoir des élections départementales, régionales puis nationales, des échéances importantes où la mise aux rencarts de l’unité serait un signe que nous ne sommes pas sortis des ornières  d’une histoire qui hoquette au lieu d’avancer. Acteurs du changement, unissons-nous !

Jean-Marie Philibert