les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 8 mars 2021

Justice et sérénité

 

Justice et sérénité

 

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Après le déferlement médiatique de la semaine passée faut-il en rajouter une couche ? J’ai un doute. Mais j’ai envie de tenter, au-delà de l’événement, d’en mesurer la portée, de chercher à percer ce qu’il recèle comme non-dit, d’y lire les turpitudes et les mensonges que des « granzomes » n’hésitent pas à se permettre. D’autant que les péripéties du procès de Sarkozy soulèvent un problème très sérieux, celui de la justice, celui du pouvoir judiciaire et de ses rapports avec l’exécutif.

De la séparation des pouvoirs

Partons de là, voulez-vous ? Montesquieu toujours, son Esprit des lois et ce qu’il nous dit de la séparation des pouvoirs :

« Il n’y a point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice. Si elle était jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait arbitraire  car le juge serait le législateur. Si elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force d’un oppresseur… »

Lundi dernier, Nicolas Sarkozy a été condamné à un an de prison ferme et à deux ans avec sursis  pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes. C’est un ancien chef d’état qui est ainsi condamné pour ce que le tribunal estime « un pacte de corruption »entre l’ancien président, son avocat et un ancien haut magistrat. La preuve de ce pacte « …ressort d’un faisceau d’indices graves, précis et concordants résultant des liens très étroits d’amitiés noués entre les protagonistes »

Injustice ?

Et depuis, notre homme, qui fut en son temps le garant de l’indépendance de la justice, qui fut le garant du principe supérieur de séparation des pouvoirs, ne cesse de crier à l’injustice, de mettre en cause l’intégrité du tribunal, de dénoncer un acharnement judiciaire.

D’user et d’abuser de l’audience médiatique qui lui est accordée pour charger la mule des juges dont les observateurs reconnaissent, certes la sévérité, mais aussi  la tenue irréprochable des débats judiciaires, et le sérieux, la solidité du délibéré. Il ne fait plus confiance à la justice de son pays, sans doute parce qu’elle déroge à l’image qui était la sienne d’une justice de classe, dure avec les faibles, mais complaisante avec les forts. Le pouvoir vous tourneboule un homme jusqu’à ce qu’il se croie au-dessus des lois et lui fasse ainsi oublier un des fondements de la démocratie.

Avancer sur un terrain égalitaire

L’affaire ne concerne pas que son auguste personne. A voir la multiplicité des représentants politiques de droite, de droite extrême, et même d’ « En marche » qui volent à son secours, on se dit que la justice a du pain sur la planche pour avancer sur un terrain égalitaire qui certes ne lui a pas toujours été familier. Même un ministre de l’intérieur, en exercice, se sent obligé de commenter une décision de justice qui concerne son ex-copain.

C’est dire que le combat pour son indépendance, pour son approche sans complaisance des forfaits des puissants, pour sa volonté de porter des coups aux formes multiples souvent très inventives de détournement d’argent, d’enrichissements illicites a de beaux jours devant lui. Combats d’autant plus difficiles qu’ils mettent en œuvre des intérêts puissants, des complicités multiples, souvent internationales et que les moyens de la justice sont limités, j’ai envie de dire sciemment limités comme si on ne souhaitait pas lui donner les moyens de son ambition.

En cherchant à confronter à leurs actes tous les justiciables, les puissants, les moins puissants, et les pas puissants du tout, la justice  joue son rôle de fondement de notre humanité, de notre liberté, de notre responsabilité. En leur demandant de payer pour leurs manquements, elle préjuge de leur capacité d’amendement, elle table sur leur capacité à retrouver la voie d’une vie sereine, dans l’intérêt de tous.

Visiblement Nicolas Sarkozy a du mal avec sa sérénité. On s’en doutait un peu.

Jean-Marie Philibert

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire