UN SOUK ?
Sur une pratique de plus en plus
courante…
Les aléas de ma vie personnelle m‘ont imposé il y a peu de
temps de mesurer l’ampleur prise par une pratique qui pour ne pas être totalement nouvelle ne
facilite pas l’accès à la santé pour le plus grand nombre, bien au contraire.
Ce sont les dépassements d’honoraires que semble pratiquer avec une allégresse
de plus en plus décontractée la gent médicale et les formes de plus en plus officielles
qui sont les leurs. Il me semble que peu nombreux sont ceux qui prennent
véritablement conscience de la portée de ces pratiques et de ce qu’elles
peuvent générer.
Votre ophtalmo vous dit que votre cataracte vous fait des
misères (vous vous en doutiez un peu), et qu’une opération est nécessaire : après quelques
informations sur le geste chirurgical courant qu’elle suppose, vous faites
contre mauvaise fortune bon cœur et vous vous laissez entraîner dans les
examens préopératoires. A leur issu une aimable secrétaire en même temps
qu’elle vous propose des dates pour l’intervention, vous indique que des
dépassements d’honoraires sont à prévoir, pour le chirurgien comme pour les
anesthésistes et qu’il est préférable de les payer immédiatement pour tout
arrêter. Vous êtes secoué par l’annonce qui vous a été faite, vous êtes
bousculé par le calendrier qui vous est proposé, vous voulez en finir
rapidement avec les misères que vos yeux vous faisaient, vous êtes en colère,
vous payez.
Ce faisant vous vous faites avoir, parce que les
dépassements sont à la discrétion des praticiens, de certaines cliniques, que
cette pratique sape les fondements de la sécurité sociale et des conventions
qu’elles signent avec les médecins et les organismes de santé. Vous devenez le
complice d’une médecine inégalitaire dont l’intervention mutualiste pourra
tenter de réduire les effets à la marge. Le fait de les avoir officialisés ne
change rien au problème et rend plus difficile toute solution durable qui passe
par une juste rémunération des intervenants et un juste remboursement du
patient. Le marché de la santé ne saurait devenir un souk !
JMP
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