COM-COM-COM-COM !
(air connu)
J’ai rapidement parcouru plusieurs expositions de VISA POUR
L’IMAGE : je suis surpris de voir, contrairement à l’affichage de mon
marchand de presse préféré, relativement peu de binettes de Bribri et de
Macron : en quelques mois ils ont trusté les unes d’une flopée de
magazines dans des postures multiples et variées, mais toujours
bon-chic-bon-genre. Le tout accompagné de commentaires, souvent cucu-la-praline,
mais ne pouvant en aucune façon faire quelque peine, aussi minime soit-elle, à
ce pouvoir ni-gauche-ni-droite, mais surtout réactionnaire. Il est vrai que
Visa vise plutôt les malheurs du monde, que les simagrées d’un couple célèbre.
Il n’empêche : les turbulences des relations entre le nouveau président et
la presse, les journaux, les journalistes me semblent mériter une observation
d’autant plus attentive qu’elles changent.
Du silence
…
Au départ il y avait
la solitude de Jupiter sur l’Olympe qui ne voulait rien dire, nous jouant le
monarque à l’ancienne et laissant les commentateurs commenter ses silences
devenus stratégie de com. Il les justifiait même au prétexte qu’une pensée
complexe comme la sienne aurait excessivement de mal à trouver les exégèses qui
pourraient en saisir la quintessence (vous remarquerez que par le vocabulaire
choisi, j’essaie de me mettre au top-niveau de la pensée macronienne). Il a
même eu, comme dans les républiques bananières, la prétention de choisir
lui-même les journalistes dignes de l’accompagner.
En Macronie, le mot journaliste est sans doute synonyme de
courtisan : il faut dire que depuis des années beaucoup de « grandes
plumes » de chez nous ont payé de
leur personne pour qu’il en soit ainsi. Normal la presse est quasiment toute
entre les mêmes mains fortunées qui se payent une com sur mesure et le
personnel qui va avec.
A la com
touzazimut
Mais les silences n’empêchant ni les cafouillages, ni les
emmerdes, assez vite la cote de popularité de l’impétrant en a pris un coup sur
la casaque : là, il a fait porter la faute à sa bande de bras cassés,
certes nombreux à l’Assemblée, mais incapables de le défendre. Rien, bien sûr,
sur l’orientation politique choisie, sur la portée anti-sociale de ses projets.
La faute donc à la com !
On change donc la com… et le jupiter muet devient un jupiter
bavard. Il parle, il parle. Une interview de 20 pages dans le Point pour dire
que tout baigne, un numéro de Elle sur Bribri et sa découverte du bénévolat,
une sainte femme, en voyage, il devient
agressif et accuse les Français de ne pas aimer les réformes … Mais « dans
le même temps » ( expression lourdement politique) quelques mesures pour nous faire comprendre
que, derrière les mots, il y a les choses et que là, rien ne change : le
code du travail en miettes, les services publics à la moulinette, les APL
rétrécies, les emplois aidés à la casse, les retraités pressurés par la CSG,
les collectivités territoriales à la diète… Devant les résistances, pour faire
le matamore, il peut même aller jusqu’à l‘insulte : « Je ne
cèderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes », à
Athènes, la semaine dernière. Visiblement, il parle trop maintenant.
Les voix
…nouvelles ( ?)
Dernière trouvaille en date pour combler les lacunes de la
com : la nomination à l’Elysée d’un lèche-botte professionnel charger de
vanter les mérites urbi et orbi de notre
grand homme. Il fréquente les coulisses du pouvoir depuis longtemps et connaît
par coeur le retournement de veste : il peut donc devenir le porte-voix de
la Présidence. Retenez le nom, Bruno Roger-Petit : devant l’ampleur de la
tâche il est à craindre qu’il le reste.
Mais cette frénésie de com, ne touche pas que les sphères de
la macronie, la proximité de la retraite, les échecs électoraux, les besoins
d’argent ont (r)éveillé un peu partout des vocations rentrées de journalistes
(courtisans ?). Raffarin, Bachelot, Raquel Garrido de FI, Julien Dray, Aurélie Filipetti, Henri Guaino
entament ainsi de nouvelles vies. Je crains que tout cela ne contribue que faiblement à l’éclairage de nos
consciences. Et que l’on reste dans une conception de la presse où l’idéologie
dominante, du haut de sa suffisance et de son or, règne toute-puissante.
La preuve récurrente : leur traitement des mouvements
sociaux (par exemple les manifs du 12) et accessoirement du pcf (par exemple la
fête de l’Huma).
Conclusion : lisez le tc.
Jean-Marie Philibert.