Travail, de
la droite à la droite !
De Sarkozy, à Hollande et à Macron, c'est-à-dire de la droite
hargneuse, à la gauche yaourt et au jupitérisme réactionnaire, il n’y aurait
que des nuances… et encore.
Tu exagères : tu fais preuve de mauvais esprit. Encore
un coup des cocos ! Ils ne savent pas apprécier les charmes de la
démocratie bourgeoise : changer pour ne rien changer.
Si vous avez quelques illusions, vous allez les perdre :
la politique est quasiment la même, de la droite à la droite, et les ostrogoths
(ce ne sont que des hommes du passé), qui dans l’ombre l’inspirent,
l’inventent, la dessinent, l’écrivent, sont les mêmes, avec toujours le même
objectif. Nous en faire baver un max ! Ils ont un nom, des parcours, des
titres : ils sont conseillers du prince et le restent quand le prince
change.
Deux
ouistitis
Non ! Non ! Je ne reparlerai pas de Jacques Attali,
lui, vous connaissez. Depuis François Mitterrand, il a inspiré un flot de
turpitudes. Je veux évoquer deux ouistitis du même tonneau, dont le Monde
Diplomatique de ce mois nous raconte
l’histoire. Ils se disent apôtres du dialogue social (sans doute pour mieux lui
tordre le cou). Il y a le mentor Raymond Soubie et le disciple Pierre-André
Imbert. Ils sont au coeur de la loi travail.
Raymond Soubie, énarque, de droite (non ce n’est pas tout à
fait un pléonasme) fut conseiller social de Sarkozy de 2007 à 2010, puis a créé
de multiples sociétés de conseil en stratégie sociale (ALTEDIA, puis ALIXIO),
prestataires des sociétés du CAC 40, qui lui ont assuré de confortables revenus
au point d’apparaître au palmarès des fortunes françaises. Le droit social
nourrit son homme. C’est grâce au droit social qu’il va rencontrer son apôtre Pierre-André,
qui deviendra un directeur de ses sociétés, en 2003.
De la
gauche à la droite
Auparavant le Pierre-André aura connu un parcours plus
sinueux. D’extraction plus modeste, il passe par l’université et s’intéresse au
travail… des autres, il fricote avec la gauche en 1995, est au côté des
syndicalistes dans la bataille contre le plan Juppé, écrit pour Attac (des
textes qui doivent le faire frémir aujourd’hui… pour augmenter les salaires,
réduire le temps de travail, défendre les services publics). En 1997 quand les
socialistes reviennent aux affaires, il entre dans l’écurie d’Henri Emmanuelli,
président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale. Il rencontre
le Raymond qui lui propose un job dans sa société au moment où Jospin se fait
éjecter et renonce à la politique. Là, selon la méthode du patron, il est d’une
courtoisie irréprochable, pour mieux mettre au service du patronat ses
compétences impitoyables pour les travailleurs.
Le credo de Raymond Soubie : « Pour obtenir un taux de croissance suffisant, il doit y avoir 15 % de
destruction d’emplois par an dans une entreprise ».
Une plume
intarissable
C’est sans doute pour ses croyances très progressistes
qu’Hollande et son équipe proposent à Pierre-André, en 2012, de revenir en
politique, au cabinet de Michel Sapin, puis dans celui de François Rebsamen,
enfin dans celui de Myriam El Khomry, toujours au « travail ». A
Myriam il fournit clef en main le texte de sa loi. Elle n’a plus qu’à réciter
sa leçon. Et un coup de 49-3 ! Puis merci Valls, merci Pierre-André, la
loi est adoptée.
Mais le « travail » ce n’est pas fini : Macron
a repéré la capacité de l’impétrant à se contorsionner toujours plus à
droite : une vertu absolue dans le milieu, il en fait son conseiller social en
Mai 2017 et Pierre-André peut s’asseoir à l’Elysée dans le fauteuil de son
maître Raymond pour rouvrir le cahier intitulé « Loi Travail, nouvelles
destructions » et recopier pour la Pennicaud les leçons apprises auprès du
patronat.
La boucle est bouclée ! A droite (ou presque)
toujours ! A moins que le mouvement social
ne joue les trouble-fête !
Jean-Marie Philibert.
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