Pour la
rupture !
La chose politique se nourrit souvent de schématisation, très
utile aux acteurs, comme aux commentateurs. La simplification à outrance
autorise manipulations, surenchères et quelques libertés avec la vérité. Elle
est très utile aux bourrages de crânes. Essayons d’en sortir…
La capacité à faire la clarté et la synthèse est d’autant
plus nécessaire que les enjeux d’importance qui passent par la sphère politique
ne concernent pas que les questions de pouvoir, mais aussi les questions
économiques et sociales, la vie culturelle, l’aménagement et la gestion des
collectivités territoriales, la santé, la protection des citoyens et l’ordre
public, sans oublier la nature que l’on semble découvrir. Le tout à placer dans
un devenir qui se nourrit de toutes nos expériences, de nos craintes, mais
aussi de nos aspirations.
Les modèles
anciens craquent
Et il y a des moments charnières, des moments où les modèles
anciens en place craquent de toutes parts, même si les réactionnaires de tous
poils ne rêvent que de les prolonger parce qu’ils assurent un avenir,
croient-ils, aux puissances de l‘argent, leur dieu tutélaire. Nous sommes à un
de ces moments. Macron est de ceux-là.
Dans cet affrontement entre l’ancien et le nouveau, tout
devient possible. Regardez l’élection présidentielle, les législatives :
on fait d’un jeune blanc bec un des maîtres du monde et de sa bande de bras
cassés une représentation nationale. On
(certains ?) y croit un temps, puis ils y croient moins, et même
parfois plus du tout. La démocratie est malade, mais ça ne fait rien, des
régressions en tous genres sont programmées, sous prétexte de réformes et de
modernisations. En fait il faut casser le modèle social qui reste trop prégnant
de façon à ce qu’entre l’ancien et le nouveau disparaisse dans les limbes de
notre histoire le trop-nouveau (insupportable !) c’est-à-dire l’aspiration
à changer le monde, la soif de justice, le besoin de progrès. On réinvente donc
l‘ancien en pire, le salarié sans droit, le retraité sans le sou, le jeune sans
avenir autre que l’ubérisation de sa vie. Et on secoue ceux qui résistent, des
fainéants, des riens ! La dureté du monde… inexorable ?
Il ne
suffit pas
Il me semble, qu’au moment où face à une telle situation se
construit, avec difficulté certes, mais avec obstination un mouvement social
d’envergure, la pire des démarches serait de le réduire à un grand YAKA, à un
massif FAUTQUON, même portés par des foules en liesse. Il suffirait de peu,
d’un élan, d’un mouvement, d’un leader, de propos offensifs, d’un zeste
d’insoumission…
Je crains que cela soit plus compliqué : il faut que la
foule reste la foule et s’élargisse encore et encore pour devenir le peuple. Il
faut que son enthousiasme reste à la hauteur de ses aspirations. IL faut de
l’unité (je répète de l’unité), de l’organisation, de l’information, de
l’invention, de la résistance, et de la persévérance. Il faut se méfier des
mirages d’où qu’ils viennent. Il faut débattre, comprendre, parler et écouter.
Compliqué…
peut-être
Et il importe, tâche éminemment compliquée, de dresser les
contours d’un modèle alternatif apte à porter des réponses sur les ruptures à
mettre en œuvre avec le système en place. Un projet transformateur commun aux
forces politiques progressistes, à toutes les femmes, à tous les hommes de
progrès. Le commun, camarades, à dessiner.
Je pense qu’il ne peut se construire que dans le mouvement
d’une société travaillant à sa révolution, qui se méfie des slogans réducteurs,
qui est consciente de sa richesse, de sa complexité ; le rôle d’un
journalisme politique responsable (et c’est celui que le tc ambitionne) est
d’en être sans rien taire de l’ampleur et de la difficulté de la tâche.
Excusez-moi d’être un peu plus sérieux que d’habitude, l’heure le mérite.
Jean-Marie Philibert.
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