les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

vendredi 27 mars 2020


Confiné(e)s

Je pensais avoir une expérience ancienne du confinement. Mes études m’avaient confiné de longues heures dans des salles de classes où tout en faisant mine d’écouter attentivement je passais le plus clair de mon temps à rêver. A la faculté je fus aussi confiné, mais là, l’écoute devait être supérieure au rêve  pour faire de moi le prof qui, à longueur d’années scolaires, se fera confiner, heure après heure, dans des salles de cours qui ne sentaient pas nécessairement la rose. Le confinement était fort limité et chaque heure la cloche nous libérait. Mais c’était du confinement : interdiction de sortir à moins d’un souci majeur !

Il se trouve aussi que dans les activités syndicales qui ont accompagné ma vie de prof, je me suis alors aussi copieusement confiné, auto-confiné, faudrait-il dire, parce que nous nous enfermions, pour de longues heures,  souvent nombreux, dans des salles petites enfumées, pour débattre d’un avenir souvent sombre.

Un autre confinement

J’ai donc en matière de confinement une expérience certaine, mais le confinement actuel sort totalement de mes habitudes parce qu’il est global, universel, pourrait-on dire, policier, vide, parce qu’il nous appartient seuls de nous y occuper à rien, à quelque chose, à ce que nous voulons, parce que nous ne savons pas du tout quand la cloche va retentir, parce qu’il est médical, qu’il doit nous permettre de vaincre une cochonnerie qui nous fout la trouille.

D’où les troubles et des comportements qui, soit respectent scrupuleusement le cadre, soit ont du mal à y entrer. Et qui peuvent prêter à sourire sur notre humanité pleine de surprises.

Sourire dans le confinement

Commençons par ceux qui n’y entrent pas du tout ; ces deux catalans, tellement habitués à faire leurs courses en Andorre, prennent la 116, sans savoir qu’elle est coupée depuis des semaines. Bloqués, ils cherchent à passer par les Garrotxes, se cassent la gueule, partent à pieds, se perdent, se séparent. Il y faut le secours en montagne pour les sortir de leur galère et les renvoyer en confinement. Un autre couple d’amis du Tech, amateurs de champignons, tout à leur passion irrésistible, partent en montagne, tombent d’un pont et ont recours aux gendarmes et à l’hélico pour revenir au confinement. Dans quelques coins de Perpignan il semble aussi que l’on ne connaisse pas le sens exact du mot confinement et qu’on ait besoin des gendarmes et du couvre-feu pour une explication de texte.

Ne pas réveiller la bête

Mais disons que globalement malgré la difficulté de la chose, le civisme du plus grand nombre est manifeste ; la ville est vide, silencieuse, morte, traversée par des individus, souvent masqués qui, même s’ils vous connaissent et reconnaissent, à votre simple vue et bien avant de vous croiser, vont s’écarter de votre route, pour vous adresser du plus loin possible, un timide salut amical, et s’il osent, un très timide « ça va ? » en veillant scrupuleusement à ce que les postillons qu’ils émettent ne dépassent pas la limite règlementaire d’un mètre définie par les autorités. Ils s’éloigneront aussi furtivement qu’ils sont venus. Comme si la ville avait peur par les bruits qu’elle pourrait faire de réveiller une bête féroce que l’on souhaite voir endormie.

Tout cela est certes pénible, mais nous n’avons pas le choix. La raison doit être notre référence. Et la solidarité. Ayons une pensée, et plus si nécessaire, pour ceux qui dans ces conditions ont à affronter maladies et difficultés de tous ordres. Protégeons-nous et protégeons les autres.

Ayons la plus grande des reconnaissances pour ceux qui ne sont pas confinés, qui soignent, qui font marcher ce qui doit marcher, qui pour cela prennent de nombreux risques. Ils sont l’honneur quotidien de notre humanité.

Puis restons lucides sur les choix politiques en cours. Ceux de la période d’avant le corona étaient des plus critiquables, ceux des premiers temps du corona le sont restés. Ceux d’aujourd’hui me laissent perplexes, la preuve, par les masques qui manquent toujours et l’incapacité à mettre en œuvre un dépistage systématique. Mais il y aura obligatoirement une suite à l’histoire.

Jean-Marie Philibert

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