Lettre à Franco… et à César…
Sur les écrans perpignanais, le film d’Alejandro Amenàbar, la « Lettre à Franco » peut troubler, parce qu’il fait référence au soutien qu’un grand écrivain espagnol Miguel de Unamuno a accordé, en 1936, à la rébellion militaire qui s’est mise en marche. Elle vise à détruire une République qu’il a pu auparavant soutenir. Mais il a peur des Rouges et il aime l’Espagne. Est-ce suffisant pour justifier ce ralliement dont il semble tarder à voir le sens, malgré Lorca assassiné à Grenade ? Pas à mes yeux ! Comme quoi un grand écrivain n’a pas nécessairement toujours la lucidité qu’il faudrait. Mais il se rattrapera en découvrant la réalité du fascisme et du franquisme naissant : il prononcera à Salamanque lors de la Fête de la Race (blanche, bien sûr) une condamnation ferme et définitive de Franco et de sa clique devant une salle de fascistes, décidés à le trucider. Pour deviner qui lui a évité ce triste sort, il faut voir un film qui ne nous cache rien des méandres de l’Histoire.
C’est une des fonctions du cinéma. Il peut lui arriver de se heurter lui-même en tant qu’institution à l‘Histoire.
Comme lors de la cérémonie des Césars. Refuser de faire aux femmes une légitime place 50/50 (c’est le nom de leur association) dans la création cinématographique, d’entendre leur colère et leur souci de dignité à propos de comportements intolérables, faire du sulfureux Polansky un lauréat de la soirée, ne pouvaient que provoquer une colère légitime. L’Histoire bouge et avance : le cinéma ne saurait l’ignorer.
JMP
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