les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 3 mars 2020

l'épidémie et l'absurdité


L’épidémie et l’absurdité

Ils ont l’air de quoi, nos grands sachems du capitalisme mondial, qui pour s’en mettre chaque jour un peu plus plein les fouilles, ont fait de la Chine et des Chinois-et-noises les petites mains de l’industrie mondiale. A eux la sueur sur les fronts, les salaires de misères, les protections réduites à pas grand-chose, à eux la pollution qui va avec, à eux la croissance anarchique.

A nous grands patrons du grand marché mondial, les dividendes comme s’il en pleuvait. La finance internationale prête à nous élever une statue, à Wall Street, à Francfort, à Londres. Certes nos industries locales, ici en Europe,  ont bu le bouillon, les chômeurs d’ici ont chômé, normal ! C’est le désordre des choses, mais avec tous les droits qu’ils avaient acquis, ils ne sont pas à plaindre, il leur reste assez pour acheter les produits de pacotille que leur fournit l’industrie chinoise, et avoir le sentiment qu’ils ne sont pas les plus malheureux.

Le saut dans le vide

Ce sont, ce furent les charmes discrets de la mondialisation qui nous a été présentée comme une fatalité imparable et un grand pas en avant… Dans le vide ! Et dans l’absurde !

La preuve par le coronavirus : que fait-on maintenant que l’industrie pharmaceutique  a transplanté en Chine ses usines ? Depuis des décennies les labos ont délocalisé  leur production dans les pays à bas coût (60% s’effectue désormais en Chine et en Inde). La Chine, qui est peu à peu paralysée par l’épidémie en cours n’est pas loin de ne plus être en mesure de nous fournir les médicaments qui nous font besoin, qu’on a trouvés , développés, expérimentés dans nos instituts de recherches, dans nos universités, dans nos hôpitaux,  ici, avec nos savoirs, nos expériences, avec l’ambition d’un système de santé performant pour tous.

 Cupidité sans frontière

On est comme des couillons, parce que les tenants de l’industrie pharmaceutique, d’ici, comme  d’ailleurs, ont remplacé cette ambition par celle d’une cupidité sans frontière où la recherche de la plus-value maximum pour un investissement minimum est la règle indépassable.

Et pas seulement dans l’industrie pharmaceutique.

Avec cette affaire, le piège se referme sur les thuriféraires de la mondialisation qui prenaient les défenseurs d’une production locale pour de doux attardés : il ne me déplait pas qu’ils aient quelques sueurs froides en pensant à l’immensité de leur aveuglement. Encore que leur cynisme et leur prétention (que je ne sous-estime pas)  sont suffisants pour qu’ils tentent de nous démontrer que ce qu’on ne peut plus faire en Chine, on pourra essayer de le faire ailleurs. Les peuples à exploiter sont légions.

Des misères qui font du bien

Et puis en attendant des temps meilleurs pour la mondialisation sauvage, la seule qu’ils soient en mesure de concevoir. Ils peuvent avoir le toupet de tenter de nous montrer que les petites misères du corona peuvent faire du bien à l’écologie, moins de pollution, un réchauffement climatique freiné, des transports réduits, moins de CO2. Grands patrons et écolos, main dans la main.

Mais ce n’est pas tout, grâce au corona, on peut être incité, amené, contraint à rester à la maison, à ne pas aller au turbin, à glandouiller, à s’ennuyer certes un peu, à découvrir les charmes du télétravail. L’exploitation des travailleurs entravée par l’épidémie. Et là, pour l’enrayer vraiment, cela ne concernera pas que la Chine. Des moments mondiaux de liberté gagnés sur l’exploitation quotidienne des salariés. Merci la mondialisation et le corona. Patrons et travailleurs unis dans l’oisiveté.

Les épidémies sont des révélateurs de l’absurdité de notre humanité. Dans « La Peste », Albert Camus nous avait prévenus. Relisez « La Peste » !

Jean-Marie Philibert.

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