les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 22 mars 2020


« En commun »

Je ne pense pas qu’il soit urgent et important de s’occuper et de disserter sur le deuxième tour des municipales, sur un indispensable (pour moi) front républicain, appelez-le comme vous voulez. L’heure a d’autres exigences, celles en particulier de nous faire comprendre qu’aussi riche, intelligent et costaud qu’on soit on ne se sortira pas tout seul de cet affrontement sans pitié avec une petite bête, appelée virus, et qui nous rappelle la fragilité physiologique, psychologique, sociale, culturelle, scientifique, médicale de notre humanité. Nous avons ensemble une humanité « en commun », comme on dit maintenant souvent, c’est en commun qu’il faut la préserver  avec tous ceux qui ont le sens « du commun ».

Je viens d’entendre une déclaration du Docteur Philippe Klein qui dirige une clinique internationale à Wuhan et qui nous dit ce que les Chinois ont mis en œuvre pour stopper l’épidémie : il nous dit sa compassion pour ce que nous subissons. Pour lui, en dehors d’un confinement très sévère,  nous laisserons le virus proliférer. Il n’y a pas d’autres choix. Il s’adresse à toute notre communauté humaine.

Tergiverser

Toutes les tergiversations sont coupables, et c’est peu dire que depuis les premiers signes nous n’avons cessé de tergiverser. La plus splendide de ces tergiversations : l’organisation du premier tour des municipales, alors que tous les lieux de rassemblement étaient fermés. Tergiversation est un doux euphémisme, pour taire les responsabilités du pouvoir de mettre en danger la vie d’autrui. Des fautes graves. L’heure n’est pas à la polémique politique, mais l’impréparation des décisions à prendre, le délabrement dans lequel on a contraint les services publics, et en particulier les hôpitaux, à fonctionner, la fuite en avant dans des réformes sociales (droit du travail, chômage, retraites) qui avaient entre autres buts de fragiliser le tissu social, de mener une guerre de classe contre les travailleurs de ce pays, nous ont conduits dans un mur dont il faudra, à un moment, dire les responsables. Buzin a déjà compris, elle s’empresse de dire : « c’est pas moi ! ». Ils croient s’en sortir par les mots. « C’est la guerre » qu’il dit le Macron. Mais dans une guerre il faut des armes, nous,  nous n’avons même pas de masques. Personne n’est responsable.

Emblématique de cette incurie : les masques !

Quoi qu’il (lui) en coûte

Alors il fait semblant d’avoir un peu compris quelque chose à ce que le pays est en train de vivre, il « suspend » les réformes, seulement suspendre, il est prêt à payer ce qu’il faut « quoi qu’il en coûte ». Il joue au chef de guerre. Il ferait même un peu dans le social. Il vante les fonctionnaires après leur avoir bavé dessus. Tout ce qui était impossible il y a quelques mois, s’exonérer des impératifs de limitations des déficits budgétaires devient possible avec la bénédiction européenne. Son ministre des finances évoque même la possibilité de nationalisations. Mais ces guêpes-là ne sont pas folles : bousculer la répartition des richesses, remettre en cause la toute-puissance financière qui a mis le pays en coupe réglée et a conduit les fragiles à l’être encore plus, et à être de plus en plus nombreux, on n’en parle pas. Cela a-t-il un rapport avec la maladie d’ailleurs ?

Confinés et confrontés

Les temps de crise nous confrontent à l’inquiétude, à la menace, peut-être à la souffrance, mais aussi à l’essentiel. Ce que nous affrontons par le confinement nous confronte à nous-mêmes, à nos interrogations et à nos réponses incomplètes, parcellaires, à nos capacités de résistances-persistances (les sœurs jumelles) que l’expérience de nos vies a forgées. Il y a là un temps précieux à prendre, à utiliser pour aller vers tous ceux qui nous entourent (et même confinés les outils dont nous disposons nous relient aux autres) et faire en sorte de développer ce sens du « commun » qui est plus nécessaire que jamais dans un monde que, quoi qu’il en coûte, nous voulons solidaire et juste.

Jean-Marie Philibert.

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