les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 23 septembre 2024

LE SENS D'UN PROCES

Le sens d’un procès L’actualité n’est pas que politique, elle bruisse de toutes sortes de bruits qui ne sentent pas toujours la rose, mais qui ont des choses à nous dire sur notre monde. Ainsi les faits divers. Ils peuvent nous amuser parce qu’ils dérogent à ce qui est attendu. Ils peuvent nous inquiéter en nous confrontant à des situations qui sortent des normes. L’accident, les turpitudes, les comportements coupables et leurs victimes surprennent nos sentiments, éveillent des réactions compréhensibles pour tous ceux qui aspirent au calme, à la sérénité. La presse, les médias en font leur quotidien parce qu’ils ont perçu notre intérêt curieux devant les méandres des comportements humains. Punir le viol Avec le procès de Dominique Pélicot et de sa kyrielle d’acolytes qui occupent les assises du Vaucluse nous sommes confrontés au « nec plus ultra » du fait divers sur un domaine, la sexualité, les relations de couples, les rapports hommes-femmes. Les attentes sociales ont changé. L’inégalité foncière qui a été au cœur de la place faite au mâle dominant a changé, les luttes féministes, celles des femmes, mais aussi de certains hommes, ont bousculé les consciences, au point de mettre de la liberté et du respect d’autrui là où il n’y en avait pas… dans le monde judéo-chrétien, ne parlons pas du reste. La justice a avancé, à son rythme… lent. Il a fallu des procès, des avocats célèbres pour dépénaliser l’avortement, reconnaître et punir le viol, sortir l’idéologie masculine dominante de sa complaisance à voir son horizon limité au pénis de monsieur. Le droit a mis du temps et il continue à en mettre, pour reconnaître l’égale dignité des sexes dans une réciprocité qu’il importe de construire ardemment. Urgemment ! Le pire Avec le procès du Vaucluse, nous voyons le pire dans les comportements. Dans l’impensable, mais pas dans l’impensé. Tout a été monté, organisé, pour être partagé entre prédateurs aux dépens de Gisèle Pélicot offerte comme une proie aux désirs obsessionnels de son conjoint dont elle découvre la duplicité cachée, la perversion résolue à humilier celle qui partage sa vie. Il cultivait ses fantasmes, en les faisant partager dans une démarche de groupes qu’il invitait à assouvir des pulsions de viol, sans les risques qui vont avec. Une victime chimiquement endormie et des dizaines de participants, comme pour diluer les responsabilités de tous ces sbires à la conscience enfuie. L’attitude de la victime, sa volonté d’un procès public, le soutien de ses enfants, la dévastation personnelle et morale qu’elle tente d’assumer avec dignité, force un respect que les avocats de la défense ne partagent pas toujours. S’ils pouvaient en faire la complice de son conjoint… On comprend qu’ils aient du mal à trouver des arguments pour réduire la responsabilité de leurs clients. Ils n’y parviendront pas (même avec le soutien du Maire de Mazan qui semble satisfait que si crimes il y a, il n’y a pas « mort d’hommes »). Marquer des points Parce que devant la violence des faits, leur multiplicité, leur horreur nauséabonde, la résonance qu’ils trouvent dans l’opinion, il est important de marquer des points décisifs dans le patriarcat qui empoisonne la sexualité et qui a beaucoup de mal à sortir la femme d’une soumission dans laquelle il voudrait continuer à la voir piégée. Il y faudra sans doute d’autres faits divers, mais un mouvement est en marche : il concerne tous ceux femmes et hommes qui sont convaincus qu’il est temps d’en finir avec la toute-puissance d’une libido masculine, folle et sans morale. Jean-Marie Philibert

mardi 16 juillet 2024

LES CHICAYAS

Les chicayas ! Parlons le Macron : à Marseille, il avait dénoncé les chicayas, traduisez les chicaneries. Sans dire que les chicayas sont aussi son domaine. La preuve ! En annonçant de façon précipitée la dissolution de l’assemblée, concoctée au sein d’un groupe de cloportes (c’est Le Maire qui le dit), Macron voulait réaliser le coup politique qui restaurerait son autorité, qui redonnerait confiance à ses troupes nidedroite-nidegauche, qui couperait l’herbe sous les pas du Rassemblement national, qui ferait définitivement éclater la gauche. Il a toujours pensé que la politique se résume à des coups, à des manœuvres dilatoires, à des paroles présidentielles jupitériennes très au-dessus de toute expression populaire. Les corps constitués, il ne les connaît pas. Le matraquage médiatique sans retenue que lui procurent religieusement ses affidés de la petite lucarne lui suffit. Il adore les chi… noiseries. Il pense ! « Le rapport au monde, à son histoire, au social, les difficultés de vivre du plus grand nombre sont des billevesées. La politique, comme la banque, c‘est de la tambouille. C’est ce que Rothschild m’a appris. Il y faut du culot, un mépris souverain (ah que j’aime ce mot) pour tout ce qui n’est pas moi, et une ambition à ma démesure… » De tout ça la bête est bien pourvue qui adore le pouvoir au point de ne jamais le partager… Mais cela ne le préserve pas des bêtises, que dis-je bêtises… des erreurs funestes qui plongent la Macronie et tous ceux qui y ont cru dans un merdum insondable où sa superbe croit qu’il est encore possible de surnager. D’où après quelques jours de silence inhabituel, une lettre aux Français –pour tenter de ne pas sombrer. Il se félicite de la « vitalité de notre République », considère que personne n’a gagné… donc qu’IL n’a pas perdu. Et préconise « un large rassemblement… des forces politiques qui se reconnaissent avec LUI dans les institutions républicaines » qui excluent l’extrême droite et la France Insoumise. Sauvons-nous ensemble, encore et toujours. Vive les chi…canes Le réel est gommé, la majorité relative du Nouveau Front Populaire, la reconnaissance du verdict des urnes, le rejet républicain du Rassemblement national, le rôle essentiel que le Parlement devrait jouer pour construire des convergences n’existent pas. Son pouvoir ne cherche qu’à se perpétuer autour d’un régime présidentiel et d’une constitution bien eu encline à la démocratie : il a perdu toute crédibilité, mais sans doute pas toute nocivité. Un signe fort que rien n’est sauvable chez Macron, les chantres du pouvoir, les serviteurs, les profiteurs, regardent ailleurs, cherchent l’issue personnelle qui les aidera à sortir de leur rôle d’utilité momentanée. Ils prennent leurs distances, d’Attal, à Darmanin, en passant par Le Maire, comme si l’histoire finie il faut inventer autre chose. Un miracle… La droite présentable fait aussi ses offres de service. Larcher s’y verrait bien, mais il n’est pas le seul. Ça grouille. On a perdu aux élections, mais on ne sait jamais. Un miracle est toujours possible. Des prétentieux sans scrupule dans une gadoue fétide. Cela ne nous étonne pas. Un miracle est toujours possible… grâce aux chicayas. On peut se désoler que du côté de Front Popu on mette autant de temps à mettre en œuvre un pouvoir qui en préserve l’unité, la détermination, la dimension sociale proclamée, le changement espéré. Les vieux démons survivent-ils ? Foin de chica…neries ! L’impatience est grande du côté de l’opinion bousculée et troublée par l’épisode, du côté des partenaires sociaux, syndicaux qui se reconnaissent dans le Front Popu qui ont prévu cette semaine de redescendre dans la rue, du côté de tous ceux qui attendent des mesures sociales , retraite, smic, salaire, droits… Elles seules sont en mesure de répondre à la demande populaire (les élections l’ont dit, faut-il le rappeler). Alors les chicayas, point final ! Jean-Marie Philibert

lundi 24 juin 2024

CLUONS-LUI LE BEC

Clouons-lui le bec ! Mes longues années d’enseignement m’ont confronté à toutes sortes de lycéens : il y avait les taiseux, ceux qui au fond de la classe veulent se faire oublier, vous écoutent, ou font semblant, avec le regard plongé sur la feuille où ils étaient censés consigner l’essentiel de votre cours. Au premier rang il y avait les sérieux de chez sérieux, ceux qui partageaient l’ambition de leurs parents de les voir réussir au bac et donc d’écouter, de noter, de boire les paroles du prof. Au beau milieu, tous les autres, plus distraits, mais mimant apparemment une attention soutenue au cours, avec parfois le regard rêveur d’un ailleurs. Immanquablement, pratiquement dans toutes les classes, à un endroit stratégique, un olibrius, sûr de lui, fier et dominateur, vous suivait du regard, opinant du chef à certaines de vos interventions, exprimant sur son visage son approbation ou sa désapprobation à vos propos et imparablement, comme mu par un besoin irrépressible, prenant la parole pour vous faire connaître son sentiment, son interrogation, ses doutes. Cela pouvait avoir du sens, mais pas nécessairement. Il avait surtout besoin de parler, de montrer qu’il était là, d’exister aux yeux du groupe, qu’il semblait agacer parfois. Là est le Macron Vous avez compris que là est le Macron, un tantinet parano, matuvu, conscient de sa fonction, de son rôle, de son ego démesuré. Il est incapable de se taire. Même quand ses soutiens lui disent de la fermer. Plus on le lui dit, plus il l’ouvre à tort et à travers, comme pour maîtriser un jeu qui lui échappe. Il va se trouver nu malgré tous les avertissements. D’Edouard Philippe par exemple « C’est le président de la République qui a tué la majorité présidentielles. Il l’a dissoute. Alors on passe à autre chose et on crée une nouvelle majorité parlementaire qui fonctionnera sur des bases différentes. » Macron s’y emploie d’ailleurs à créer cette nouvelle majorité en fustigeant avec des arguments frontistes le programme du Nouveau Front Populaire « totalement immigrationniste » selon lui. Cette attitude laisse pantoise, sa majorité, ce qu’il est reste. Oublie complètement ses principes, « ni gauche, ni droite ». Ravit le Rassemblement National qu’il avait promis d‘éliminer. Fait de la gauche son adversaire quasiment unique. S’assied sur la démocratie comme pour ne plus laisser le temps du débat en imposant des délais si courts qu’ils risquent d’entraîner des réponses sommaires et dangereuses qui ne répondront en rien aux attentes du peuple. Une nouvelle lettre Ce lundi, personne ne lui a posé de questions, mais il reprend la plume pour écrire à la presse quotidienne régionale. Il lui dit qu’il a presque tout bien fait, « J’ai pris cette décision (la dissolution) en responsabilité avec beaucoup de gravité… dans l’intérêt du pays avant tout autre considération… » Il donne l’image d’un président aux abois et d’un gouvernement déboussolé. Il a permis, à son détriment, à la gauche de retrouver un Nouvel Front Populaire. Sa tentative d’autocritique se perd dans les généralités, mais pas que… Il veut éviter les extrêmes, et bien sûr le Nouveau Front Populaire dont il semble penser plus mal de que de la dérive fascisante dont le RN est porteur (voir plus haut). Les démocrates sont estomaqués, inquiets. Le peuple fait de la résistance. Il ne sait pas ce qui peut advenir. Les organisations syndicales qui le structurent ont pris la parole pour dire que la démocratie est un bien précieux et que le Nouveau Front Populaire est une perspective d’émancipation, qu’il doit être soutenu. Les rues bruissent, les débats sont réels. Faire taire le trublion qui a déclenché la tempête est une urgence. Je fais le vœu que les résultats du premier tour lui clouent le bec. Jean-Marie Philibert

lundi 17 juin 2024

CEUX QUI ENRICHISSENT LA VIE CEUX QUI L'EMPUANTISSENT

Ceux qui enrichissent la vie, ceux qui l’empuantissent De Ben Avant le soir du 9 Juin, et la menace qui pèse sur nos têtes, je voulais consacrer mon humeur à un artiste niçois qui venait de mourir : Ben ! Vous connaissez sans doute. C’est un adepte du groupe Fluxus qui s’inscrit dans la lignée du dadaïsme. Il a écrit tant et plus pour orner, amuser notre quotidien, des propos inattendus, absurdes, provocateurs intrigants. Sur tous les supports. Nous avons acheté les carnets Ben, les mots de Ben. La ville de Blois lui a consacré un lieu. Ses petites phrases ont fait sa richesse, son art, mais la disparition de sa compagne après 40 ans de vie commune l’a conduit à mettre un terme à sa vie… sans rien dire … sans déconner une fois de plus. Il y a des phrases dont le sens échappe, mais il y a des gestes qui peuvent dire la puissance de l’amour et la richesse de l’humanité d’un artiste… provocateur. Dans nos temps troublés, cela peut faire du bien d’évoquer un artiste pas tout à fait comme les autres, mais qui a eu le souci d’agrémenter, d’enrichir notre vie. A Macron Malheureusement, il y a aussi ceux qui l’empuantissent grave : ne voilà-t-il pas que le saltimbanque sinistre qui « fait » président s’y emploie. Il nous avait promis de nous débarrasser du Front national ; après une consultation européenne qui propulse l’extrême droite aux portes du pouvoir, lui le Zorro, à l‘ego démesuré, dissout, tout seul, l’Assemblée nationale, organise en catastrophe des élections législatives comme pour inventer le suicide démocratique imparable. Il nous met dans le merdum. J’ai beaucoup de mal à comprendre, je m’appuie sur les propos de Gérard Aschieri. Ni fou ni stupide « Macron n’est ni fou ni stupide. Il est calculateur cynique et sans scrupule. Avec la dissolution il a fait un choix qu’il espère gagnant à tous les coups ( et si j’en crois ce je j’ai lu il l’a élaboré il y a plusieurs jours dans un dîner entre amis) : il espère profiter de l’état de la gauche pour qu’elle soit réduite en miettes afin de multiplier les duels avec le RN et essayer d’avoir une majorité ainsi ( éventuellement avec quelques Républicains ); et si jamais il n’a pas cette majorité et que le RN arrive au pouvoir il pense qu’il prouvera que ce parti est incapable de tenir ses engagements et qu’il va multiplier les fautes si bien que lui et le siens apparaîtront comme un recours au moment de la présidentielle. C’est irresponsable mais cohérent et le court délai qu’il a fixé pour l’élection le confirme. » Le Front populaire L’union des forces de gauche seule peut empêcher le plan du Machiavel de l’Elysée, peut arrêter la Marine dans sa conquête du pouvoir. Ils l’ont bien compris : depuis que le Front Populaire, tel le phénix, renaît, toute la bande à Macron s’emploie à en dire tout le mal possible. Cette union est plus que nécessaire : il est heureux que toute la gauche l’ait compris. Elle peut empêcher l’extrême droite de conquérir le pouvoir et elle imposera les avancées sociales qu’un peuple attend. D’où la fébrilité des hommes du président, jusqu’à faire comme si le Rassemblement National était un parti présentable, qui peut même constituer un rempart contre un Front Populaire destructeur. Au diable le désistement républicain. D’où leur silence plus que troublant sur les perspectives d’affrontement au second tour où Macron et Le Pen pourraient se donner la main pour bâillonner la démocratie. Ils en sont capables ! La politique est pleine de « surprises » et il y faut la plus grande des vigilances pour en déjouer les pièges. Il y faut aussi une volonté sans faille, de se rassembler pour déjouer les turpitudes de ceux qui n’ont d’intérêt que dans le renforcement d’une aliénation, d’une domination, d’un asservissement du peuple au profit des puissants. Les événements en cours dessinent la voie à suivre : la mobilisation fait son chemin, elle doit tous nous concerner sans état d’âme et avec la détermination de ceux qui savent que leur destin est entre leurs mains. Jean-Marie Philibert

mardi 4 juin 2024

GAZA, un sujet imposé, dur, dur

Un sujet imposé : dur ! dur ! Les humeurs se suivent et ne se ressemblent pas : il y a les sujets libres, comme à l’école, qui peuvent susciter des plaisirs, mais il peut aussi y avoir des sujets imposés, souvent plus douloureux. En particulier dans les temps troublés, les sujets imposés vous valent des regards solidaires et compatissants de la rédaction quand elle en subodore la complexité. Gaza Aujourd’hui, le sujet imposé, c’est la situation à Gaza après les massacres du Hamas du 7 octobre, Israël en effervescence, les victimes, les otages, les émois, les manœuvres, les politiques à l’œuvre, les paix impossibles, les pièges, les mensonges. Essayer de cerner un conflit qui s’est enkysté si profondément qu’il peut sembler difficile d’en dire autre chose que l’émotion, l’empathie pour les morts, les blessés, les issues fermées à double tour : la tâche est considérable et pourtant il y a une volonté largement partagée dans l’opinion publique internationale de ne pas se taire. Un discours de raison est-il possible ? Le jusqu’au-boutisme Le gouvernement de Netanyahou s’enferre dans un jusqu’au-boutisme qui n’aurait pas d’autres perspectives que l’éradication affichée d’un Hamas qui l’a bien servi à diviser les Palestiniens et dont il n’est pas impossible qu’il puisse encore se servir pour faire durer un conflit utile à sa survie. Le peuple d’Israël est divisé, manifeste régulièrement, mais une perspective politique reste difficile à concevoir. L’OLP n’est pas en mesure de sortir de ses errements. Les terres palestiniennes sont colonisées jusqu’à en perdre toute identité. On a du mal à imaginer leur quotidien. Pendant ce temps les bombes continent de tomber sur Gaza où il n’y a plus de quotidien du tout, si ce n’est la désespérance à l’état brut. Des pays arabes semblent contribuer à la recherche d’un début d’arrêt du conflit, ils jouent les intermédiaires avec des résultats très limités. L’ONU, et les organisations humanitaires tentent d’apporter une aide minimale à une population aux abois. La justice internationale s’en mêle : des mandats d’arrêts internationaux sont émis par la Cour pénale internationale contre Benyamin Netanyahou et trois dirigeants du Hamas pour crimes de de guerre et crimes contre l’humanité. L’entreprise génocidaire à Rafah poursuit son cours comme pour rendre impossible toute existence d’une entité palestinienne. Pour une sortie durable Les Etats Unis, soutien inébranlable d’Israël, tente de donner le change, en donnant des conseils, des leçons, parfois des réprimandes, en élaborant des plans de paix qui laissent en suspens ce que peut être une sortie durable de crise qui permette aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre sinon ensemble, au moins à côté les uns des autres dans un respect mutuel. Penser le temps d’après, c’est le souci de tous les pays qui ont reconnu officiellement l’Etat de Palestine. Les trois derniers en date l’Espagne, l’Irlande, la Norvège : il est plus que temps que la France s’y mette. Non pas comme un aboutissement, un point d’orgue, signe de décolonisation achevée. Mais comme un passage obligé pour garantir au peuple palestinien son droit à la justice et à la dignité, et dire au Israéliens que la coexistence de deux états est la seule solution viable. Je n’en vois pas d’autres. Jean-Marie Philibert

lundi 27 mai 2024

Le p'tit truc en plus

Le p’tit truc en plus. Un film à voir AB-SO-LU-MENT par tous ceux qui ne l’ont pas vu. Un p’tit bonheur ! Je pense, je sais, qu’il n’a pas dû être facile à faire, qu’il tient de la prouesse, malgré la modestie de son titre et qu’il mérite grandement le succès qu’il obtient, dû essentiellement au bouche à oreille des premiers spectateurs qui y ont pris un plaisir surprenant. Un film qui fait du bien dans le monde « raide » qui est le nôtre. Il met en scène une troupe de jeunes en situation de handicap qui partent, avec leurs éducateurs, pour un séjour de vacances. Les bras cassés Au moment où deux bras cassés, le père et le fils, Paulo et Sylvain, braquent une banque, se font surprendre, s’enfuient comme ils peuvent, ne retrouvent pas leur voiture, envoyée à la fourrière parce que mal garée. Pour échapper à leurs poursuivants, ils vont se retrouver devant l’éducatrice, organisatrice du séjour, qui prend l’un d’eux pour le retardataire qu’elle attend et qui accepte l’autre comme éducateur supplémentaire. Et c’est parti ! Nous partageons la vie du gite, Sylvain a du mal à se faire passer pour ce qu’il n’est pas, mais parvient à tisser des liens avec tous, en jouant sans vraiment y parvenir au handicapé. Son père cherche en vain une issue. Des relations se nouent. La vie s’organise. Souvent foutraque, mais jamais lassante. Du suspense. Des surprises jusqu’au bout. Une histoire toujours bondissante ! Des personnages émergent. Une (des) histoire(s) d’amour aussi. Un très subtil équilibre Il ne s’agit en rien d’un nouveau pensum sur le handicap, mais d’un équilibre très subtil qu’Artus, réalisateur et acteur, a su installer entre l’humour potache, les vies pas comme les autres, l‘humanité pleine de tendresse et le besoin de montrer qu’il n’y a pas que des raisons de désespérer, bien au contraire. Ce p’tit truc en plus est un ferment de notre condition à préserver. Mais il est vrai qu’il détonne dans un monde du cinéma qui ne cesse de nous amener de l’autre côté d’un miroir pour éveiller nos fantasmagories : le festival de Cannes célèbre à outrance ce clinquant comme pour nous faire oublier un réel souvent pesant. C’est une belle revanche que l’équipe du film ait pu prendre lors de leur montée des marches où les différences affichées jouaient une autre carte que celle de la convention du lieu, de ses artifices, de ses sourires aseptisés, une carte faite de joie de vivre, d’espoir, d’acceptation des autres, de tous les autres. Que tous les acteurs et artisans du film soient remerciés pour un tel moment de respiration humaine. Jean-Marie Philibert.

jeudi 23 mai 2024

LES MENTEURS

Les menteurs La chronique d’une « victoire annoncée ». Il n’est pas un jour où l’occasion ne se présente de lire, d’entendre que les élections européennes, c’est joué, achevé, bouclé, que Bardella va empocher la mise, que Macron et sa liste sont foutus, que la gauche est plus que divisée, que plus de trente listes vont brouiller un peu plus les esprits, que le PCF et Léon Deffontaines n’existent pas, que l’abstention va croître et proliférer. Indifférence ? Pendant ce temps, la vie continue, morose. L’espace laissé au RN s’élargit dans une indifférence largement partagée à l’exception d’esprits plus démocrates que les autres qui restent peu audibles, d’autant moins que la dédiabolisation, l’habileté de Marine Le Pen, la gestion sans trop de vagues réacs de la ville par Aliot, nos trois députés RN aussi inutiles que grassement payées pour ce qu’elles font, contribuent à faire presque oublier que l’extrême droite est là, qu’elle cherche à étendre ses pouvoirs, que les perspectives qu’elle porte sont en mesure de faire crever notre démocratie, de ranimer des temps oubliés : « Travail, Famille, Patrie » et sans doute pire. Des racines profondes, internationales Il me semble vain de chercher une responsabilité dans une vie politique qui a délibérément tourné le dos aux besoins, aux revendications du peuple. Avec la réforme des retraites, la bande à Macron y a apporté sa pâte. Mais je crois que les explications ne se limitent pas au passé immédiat et à la droite, que les racines sont profondes et sans doute pas seulement franco-françaises. Regardons les pays européens. Observons la réunion organisée à Madrid, ce dimanche, par Vox où toute l’extrême droite européenne se retrouve ravie de ce qui lui arrive, y compris la Marine. Aliot était déjà allé soutenir Vox pour les élections catalanes… Soyons réalistes, concrets. Ces dérives sont mortifères pour nous, pour nos valeurs, pour la justice sociale : un combat politique est à mener qui consiste à éveiller les consciences avant qu’il ne soit trop tard. C’est la tâche du PCF ! Au travail ! Derrière la démagogie de façade du RN, les phobies de l’étranger dont il se nourrit, la survalorisation d’une identité nationale qui est un leurre pour un peuple qui devrait garder un minimum de conscience, les atermoiements d’une vie politique où chacun s’emploie à sauver son pré carré, rien n’est à attendre d’un vote RN. Aucun argument ne saurait le justifier. Sur les salaires, le pouvoir d’achat, les droits sociaux, l’économie, les loyers, les services publics, rien ne viendra que des paroles lénifiantes pour abuser les naïfs qui croient que les illusions sont le fondement de la conscience sociale et que, peut-être, il serait « bon d’essayer » un pire que des décennies récentes nous ont pourtant appris à connaître. Même les rodomontades sur la sécurité, sur la fermeture des frontières feront pschitt. Des vérités à imposer. Une lucidité, une conscience sont à construire. Elles doivent aborder l’attitude trouble, nauséabonde et dangereuse que le pouvoir macronien entretient avec le RN dont il fait un épouvantail. Il serait le champion pour nous en protéger, pour sauver la démocratie : ça a marché. Dans leur tête, continuons donc à utiliser le RN pour brouiller les pistes politiques, jusqu’à quand ? Le rôle du parti est de ne pas laisser faire l’entourloupe. S’extirper de la confusion. Pour nous déterminer dans la seule direction possible: celle de la transformation sociale et de l’action pour y parvenir. Une ambition à faire partager ! Une masse énorme de la société y aspire pour sortir des difficultéz : il faut travailler à son émergence. Très-très loin des mensonges dont le seul but est de nous abuser. Jean-Marie Philibert

lundi 13 mai 2024

UNE PAROLE A ENTENDRE

Une parole à entendre Ils ne sont pas ma tasse de thé. Mes relations avec ces gens-là sont rares, pour ne pas dire inexistantes. Je m’en méfie. Sur eux repose pourtant en grande partie le fonctionnement de notre justice. Ils sont au cœur de la séparation des pouvoirs, fondement de notre démocratie entre le législatif qui fait les lois, l’exécutif qui les applique et le judiciaire qui les fait respecter. Si vous transgressez la loi, vous aurez affaire à eux, les procureurs de la république, qui décideront d’enquêter, de vous poursuivre, de vous confronter à un juge auquel il demandera de vous punir. Ils sont la loi et son application. Ils ont la discrétion des gens efficaces et sont rarement connus du grand public. François Molins « Au nom du peuple français » A quelques exceptions près : ainsi François Molins qui fut avocat général de Paris pendant toute la période des attentats terroristes. Ses interventions étaient publiques et très suivies. IL vient de publier une autobiographie professionnelle intitulé « Au nom du peuple français » où il relate, retraité, les moments marquants de sa carrière. Tout y passe, de son premier poste de substitut du procureur à Carcassonne, jusqu’à sa nomination en novembre 2018 comme procureur général auprès de la Cour de cassation, « le plus haut du parquet au sein de la magistrature », comme il le dit lui-même que certains comparent à un « Cimetière des éléphants ». Une leçon civique Dans son livre, l’éléphant montre qu’il a de la ressource, il y expose sa conception de la justice, les évènements marquants, tragiques qu’il a eu à gérer et son approche républicaine… « au nom du peuple français ». C’est un témoignage, mais c’est aussi une leçon civique, née dans des moments très difficiles : je pense qu’elle peut être nécessaire aux citoyens que nous sommes. J’ai dépassé mes réticences initiales et j’ai pris de l’intérêt à le lire. Un intérêt à faire partager. Je pense qu’il est utile d’en parler, simplement comme il l’a fait lors de la présentation de son livre à PERPIGNAN. François Molins est un produit de la faculté de PERPIGNAN, il y fait son droit avant d’intégrer l’école de la magistrature à Bordeaux ; Il choisira le parquet où il pourra connaître des postes qui formeront ses convictions républicaines. L’Aude où la crise viticole le confronte aux pressions politiques faites sur la justice. La Cerdagne où il se prend de passion pour la montagne. Montbrisson dans la Loire où il prend conscience des faiblesses des magistrats. La Bourgogne, la Corse dès 1991, il y mesure toutes les difficultés à y instaurer un ordre juridique. Puis Lyon, les affaires politico-financières l’attendent, dans le même temps il voit les premiers signes de la montée de l’islamisme, il veut rester un magistrat de terrain. Ce même souci l’anime quand il devient procureur à Bobigny dans le 9.3., il l’appelle le département monde. Le terrorisme Il deviendra le procureur de Paris qui aura à traiter des affaires de terrorisme, pas seulement il y aura avant les affaires : Cahuzac, Bygmalion, Benalla. Mais les années noires de sa carrière, comme du pays, viendront du terrorisme islamique qui vise à déstabiliser nos institutions. Des militaires abattus à Toulouse, à Montauban. Des élèves d’une école juive à Toulouse et un enseignant assassinés. La traque du coupable : Mohamed Merah est abattu. Cet événement permet une connaissance plus précise du terrorisme, de ses liens avec l’étranger. Les attentats tragiques s’enchaînent : Charlie Hebdo, l’Hypercacher, le Bataclan, Nice… Il cherche la mise en place de structures adéquates pour y répondre. La sobriété du propos devant l’horreur absolue. Une compassion jamais éteinte, dominée. Le souci de parler, d’informer, de jouer tout son rôle au cœur des enquêtes. Une maîtrise des média qui l’étonne lui-même. Toujours la retenue et l’objectivité. Devant une pression de dizaines de morts, de centaines de blessés. Avec la volonté assumée de préserver l’état de droit, de partager les souffrances des victimes, de leurs proches, d’un peuple qui sur le moment ne comprend pas. Molins donne un témoignage direct du pouvoir judiciaire avec humilité et efficacité : il est dans ce livre une parole qui éclaire les temps troublés que nous vivons. Elle est à écouter. Jean-Marie Philibert

mercredi 10 avril 2024

Après le choc des savoirs la réduction de la formation des enseignants

Après le choc des savoirs, la réduction de la formation des enseignants L’éducation nationale n’a pas un ministre, elle en a trois. Chacun y va de son idée géniale qui va tout arranger sans que cela coûte un Kopeck, et même cerise sur le gâteau, si l’idée en question présente l’avantage d’être copieusement rétrograde au point de recycler les vieilles lunes qui ont fait rêver nos mémés et nos pépés, cela peut peut-être faire réapparaître le Jules Ferry du 21°siècle. ATTAL, BELLOUBET Gabriel ATTAL I° avait pressenti le filon et devant les difficultés du service public, la baisse de niveau, l’absence de mixité sociale affichée, avait remis au goût du jour une vieille pratique de l’école d’antan les groupes de niveaux pour permettre aux moins bons de le rester sans que cela se voie. Et tous les commentateurs d’applaudir devant cette permanence insupportable de l’école : le tri social. A charge pour BELLOUBET II° d’affronter la grogne des organisations syndicales, de défendre le choc des savoirs et de trouver une solution qui permette de les mettre en place sans moyen, de sauver la face et de faire croire que l’on réforme quand même. Même si les personnels sont vent debout contre la réforme. ET MAINTENANT MACRON Mais l’histoire n’est pas finie, un troisième larron, MACRON III, s’invite pour manifester son intérêt pour un sujet qu’il considère comme sa chose. IL prend de la hauteur, de la distance. IL veut inventer « l’école normale du XXI° siècle » pour former les maîtres qui rechignent à appliquer ses réformes. Il annonce un « big bang » dans la formation des professeurs qui ressemble étrangement à un rétropédalage : il suffit d’un trait de plume d’amputer de deux ans ladite formation. Il avait fallu des décennies pour unifier à 5 ans la formation des professeurs des écoles, des collèges, des lycées, pour en modifier les contenus, les concours. Trois ans suffisent Cinq ans, c’est trop ! Trois ans suffisent ! Bien sûr tout cela sera très professionnel, avec du temps passé dans les écoles, et même peut-être un début de salaire. Quant à l’augmentation générale des rémunérations, rien n’est dit pour rendre attractif le métier. Les salaires attendront, les nouveaux profs seront aussi mal payés que les anciens. Mais ils auront perdu des arguments pour le revendiquer et les savoirs pour les justifier. La crise des recrutements réglée. Les facultés dans le pétrin. Des économies substantielles réalisées et des cursus universitaires réduits comme peau de chagrin. La grande avancée des savoirs devient une coquille vide que l’Intelligence artificielle remplira de ses inventions prodigieuses. La destruction du service public est en marche rapide. Trois mousquetaires sont aux manettes : il est plus que temps d’en finir avec les illusions d’un savoir émancipateur, avec une ascension sociale que l’école, l’université, sont en mesure de structurer, avec ces syndicats d’enseignants qui croient encore aux valeurs républicaines. Ils n’ont pas compris que le réel résiste, que l’école n’est pas un théâtre dans lequel les consciences se diluent, qu’elle est un bien commun où se façonnent les destins au milieu de toutes contradictions sociales dans lesquelles les engagements citoyens sont appelés à jouer tout leur rôle. Et jusqu’à ce jour ils l’ont joué. N’en déplaise à tous ceux qui ont voulu se prendre pour le nouveau Jules Ferry. Jean-Marie Philibert

lundi 18 mars 2024

LES CITOYENS VIGILANTS

Les citoyens vigilants Il fait flèche de tout bois. Il est bien sûr dans la politique, même s’il ne reconnaît pas toujours sa droite et sa gauche, qu’il confond avec la droite. Il croit que c’est pareil. Il essaie de contenir le Rassemblement National sans beaucoup de succès. Il cherche à piéger les Républicains sans succès non plus. Il voudrait se trouver une majorité sans résultat. Il use et abuse du 49.3. Il se sert de ses élus, comme de godillots. Il les gronde ou il les jette quand ils n’obéissent pas (voir la loi immigration). Il change les ministres à sa convenance, les met sous surveillance. Macron fait de la politique ! De la politique au social La politique le mène au social. Là il donne la pleine mesure de ses ambitions rétrogrades, les droits à la retraite sont bafoués. La nation proteste, il n’entend pas. Il rogne les droits des chômeurs. La sécu est dans le collimateur et ainsi de suite. Il n’entend rien. Après le social, l’économique, et là il tranche dans le vif des budgets votés pour économiser quelques milliards et s’attirer les grâces des agences de notation. Les salaires n’augmenteront pas. Les profits, oui ! Les patrons seront contents et lui aussi de voir que les souffrances sociales perdurent, que les services publics s’escagassent pendant que les riches, les très riches, le sont beaucoup plus. Le politique, le « social », l’économie sont les facettes d’une activité présidentielle déjà connue, activité somme toute et avant tout réactionnaire incapable d’entendre ce que dit un peuple qui lutte. Et puis le « sociétal » Mais le monarque au petit pied ne se satisfait pas de ce qu’il perçoit comme une action classique qui ne donne pas assez de lustre à son règne : il s’invente des incursions « sociétales », comme pour marquer les esprits et les temps. Il veut montrer que rien ne saurait échapper à son emprise mégalo-maniaque. Il récupère Badinter et son action abolitionniste, l’aurait-il été en 1981 ? Il fait entrer au Panthéon les résistants du groupe Manouchian et il devient un peu résistant, l’aurait-il été en 44 ? Il fait voter l’inscription dans la constitution de l’IVG et il devient féministe et progressiste, se surprenant lui-même et avec lui beaucoup d’élus qui hésitaient. De la vie à la mort Enfin dans la foulée il annonce un projet de loi sur la fin de vie qui, sans le dire vraiment, nous approche de l’euthanasie : en balayant les réserves émises, en considérant qu’il s’agira là d’une avancée majeure, en mesure de nous permettre de gérer notre destin. Le tout avec une assurance sans bornes, en mettant le gouvernement hors-jeu, en considérant que les élus ne pourront qu’acquiescer un projet aussi bien ficelé dans sa cervelle présidentielle …ou monarchique. Les débats citoyens et publics que nécessiteraient de telles mesures seront escamotés par des sondages d’opinion qui remplaceront la réflexion collective et démocratique. Alors que la société vibre de multiples et ininterrompues aspirations à être écoutée et entendue, que l’exercice macronien du pouvoir s’assied sans vergogne sur les fondements républicains, que la question fondamentale du partage des richesses n’est jamais traitée, le pouvoir s’achemine vers une fin de règne où les confusions politiques, économiques, sociales et « sociétales » peuvent ouvrir la voie à toutes les aventures. Il faut créer un groupe de « citoyens vigilants». Jean-Marie Philibert

lundi 4 mars 2024

LA GUERRE

La guerre Il nous a tout fait, et ne voilà-t-il pas qu’il nous en prépare une nouvelle. Quand tout tourne au vinaigre, la fuite en avant est une échappatoire pour occuper les esprits. Quand vous ne voulez pas répondre aux besoins sociaux, quand vous sentez que l’impasse politique se referme sur vous et votre troupe, quand vous vous doutez que les prochaines élections européennes vous annoncent une déculottée, quand vous avez besoin d’un bataillon de policiers pour visiter le salon de l’agriculture avec des gens qui vous crient des méchancetés, quand dans le monde les esprits s’échauffent sans chercher à entendre raison, que dire ? Que proposer ? Qu’inventer pour faire semblant d’agir sur les événements ? Mais la guerre voyons ! Une bonne petite guerre qui va occuper les jeunes et les esprits, qui donnera du travail à notre armée, qui nous détournera de toutes les contingences locales et qui nous permettra de nous attaquer aux méchants qui pullulent. Des troupes françaises en Ukraine Macron, comme un grand, tout seul avec lui-même, nous propose, nous proposerait, envisagerait, pour faire plier Poutine, d’envoyer des troupes françaises en Ukraine. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe, mais la bombe a fait pschittttt. Tous les alliés potentiels de l’Europe, comme de l’Otan, ont regardé ailleurs. Et tous de promettre de continuer à fournir des armes, des munitions, des déclarations d’amitié, de soutiens indéfectibles … mais en laissant les Ukrainiens faire le travail avec ce qu’on leur envoie et qui nous coûte tant d’argent. Calmer l’impétrant L’opinion publique en France a faiblement réagi : les vatenguerre ne sont pas légion. De plus rien n’est moins sûr que cette initiative permette de déboucher sur une victoire et une paix durable. Et il a fallu l’appel des forces politiques progressistes pour calmer l’impétrant jusqu’à la prochaine foucade. Parce que les motifs d’inquiétudes se multiplient, y compris avec une barbarie, qui peut surprendre les esprits les plus endurcis : la planète peut offrir l’occasion d’aller jouer les zorros sur tous les points chauds. Je pense à Gaza, à la Palestine… et aux massacres qu’une armée régulière, celle d’Israël impose en aveugle à une population palestinienne sans aucune protection. Y mettre un terme Les milliers de morts de toutes les guerres en cours ne justifient qu’une seule chose : œuvrer dans la communauté internationale à y mettre un terme pour ne pas encore plus entasser de la désespérance sur la désespérance et éloigner toujours un peu plus la paix à construire. Jouer les matamores ne sert dans le moins pire des cas qu’à se donner bonne conscience à peu de frais, dans les pires à jouer la carte de déflagrations que le XX°siècle a connues. Nous avons donné ! Il serait peut-être temps de mettre et remettre dans les cervelles des ambitions aussi utiles que vertueuses : celle de mettre un terme aux égoïsmes sauvages, celle de construire un monde de paix et de respect d’autrui, celle d’un partage de la richesse qui permette à chacun de vivre décemment. La tâche est immense. Elle ne passe pas par la (les) guerre(s). Mais par l’engagement résolu, raisonné du plus grand nombre. Jean-Marie Philibert

dimanche 25 février 2024

LA JUSTICE VIENDRA

« LA JUSTICE VIENDRA… » Le phénomène est suffisamment nouveau pour être remarqué… Jusque-là l’évocation du parti communiste dans la presse, les média, par les commentateurs patentés, était depuis des décennies l’objet d’un ostracisme aussi régulier que monotone à chacune de ses initiatives. Sans doute pour en faire l’objet d’une institution politique hors-jeu, enfermée dans sa bulle et ses certitudes. Les temps semblent donner le sentiment que les choses changent avec la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian et de leur groupe de résistants, des étrangers, des communistes, des juifs. Une métamorphose ? Il faudra dans les mois qui viennent s’interroger sur la solidité d’une telle métamorphose, dans l’immédiat nous ne pouvons que la constater. L’anticommunisme plus que primaire aurait un coup dans l’aile et les spécialistes de la chose auraient perdu leurs réflexes pavloviens ? Il faut dire que le modèle venait d’en haut, de Macron-soi-même qui avait décidé de cette entrée au Panthéon d’une et d’un communistes. Il avait même choisi dans son intervention pour cette occasion de multiplier les références positives au communisme (17 aurait compté un camarade) et de tout mettre en œuvre pour que le cérémonial manifeste une intégration totale à la destinée de la France d’un parti qui donnait encore des sueurs froides aux réacs de tous poils. Il était temps que la grandeur des sacrifices assumés trouve leur reconnaissance nationale et que le PCF sot reconnu pour ce qu’il a été, pour ce qu’il est. Contradictions François Hollande, sollicité lors de son mandat, avait refusé : cela ne vous étonnera pas. Macron, lui, l’a fait, même si cela a été presque « en même temps » qu’une loi immigration qui fait la part belle à l’idéologie anti-immigrée du Rassemblement national. Il avait beau jeu de dire ensuite que la Marine n’était pas dans l’ « arc républicain » et qu’elle pouvait rester à la maison. Ce sont les charmes du « en même temps ». La politique peut se nourrir de contradictions. Mais là l’essentiel est dans la reconnaissance nationale du PCF à travers des figures, des témoignages, des destins qui en disent la portée. Les écrits laissés par les fusillés ne laissent aucun doute sur leur attachement à la France, sur les certitudes de leur combat, sur leur espoirs de victoire et de reconnaissance, sur la valeur exemplaire de leur sacrifice, sur leur courage face à la mort. On est très loin des perfidies anti-communistes, du rappel des tares du stalinisme, du dévoilement des péchés cachés, du machiavélisme de ses dirigeants. Même Aragon et son poème et la chanson « L’affiche rouge » sont revivifiés par Feu ! Chatterton. Je rêve un peu Et je me plais à imaginer une atmosphère politique où les anticommunistes rengorgeraient leurs préjugés, où les cocos ne seraient pas considérés comme une espèce en voie de disparition par les tenants du désordre dominant, où l’apport de la révolution sociale à laquelle ils travaillent rejoint les fondements de la révolution française. Je sais, je rêve un peu … Mais l’occasion s’y prête et les paroles de Manouchian-Aragon le redisent à merveille à quelques heures du sacrifice des condamnés comme la certitude d’une lutte sans merci contre les oppresseurs qui ont déshumanisé, qui déshumanisent sans vergogne notre monde. « La justice viendra sur nos pas triomphants ». Jean-Marie Philibert.

lundi 19 février 2024

L'EUROPE ! L'EUROPE ! L'EUROPE !

L’Europe ! L’Europe ! L’Europe ! On est à quelques mois d’élections européennes pour lesquelles les partis politiques fourbissent leurs armes et l’on ne sait pas grand-chose sur ce qui peut en sortir, d’autant que le grand public, comme on dit, ne semble pas s’y intéresser, que les manœuvres d’appareil sont perçues pour ce qu’elles sont, sans prise directe sur le réel, et que les têtes sont ailleurs dans les difficultés de l’heure, pouvoir d’achat, inflation, services publics à la dérive … Désintérêt ? On touche du doigt un angle mort de notre démocratie qui est le désintérêt croissant de l’électorat pour des joutes politiques dont on ne perçoit que très faiblement les retombées et ce d’autant plus qu’elles mettent, ici, en jeu des données supranationales où chaque pays tente de jouer un rôle en tenant avant tout compte de son propre contexte. Complexité supplémentaire, les institutions européennes sont restées brumeuses et peu explicites, comme si on ne voulait pas (pouvait pas ?) donner à une institution politique que l’on sait importante les moyens de s’administrer en toute clarté. Quatre institutions détiennent les pouvoirs exécutif et législatif de l’Union. Le Conseil européen représente les chefs d’états et de gouvernement, le Conseil représente les gouvernements, le Parlement représente les citoyens et la Commission représente les intérêts européens. Le Parlement garde donc le rôle limité que les chefs d‘état et de gouvernement de chaque pays veulent bien lui laisser. Les situations nationales prégnantes Va donc se jouer, se rejouer, pour les élections au Parlement européen, une compétition où les situations nationales seront présentes, avec sans doute en perspective les consultations électorales qui peuvent concerner les différentes nations. Quant à l’Europe, elle fera avec ce qu’on lui donnera. Ainsi donc chez nous, l’attention est focalisée sur le Rassemblement National, les sondeurs sont au travail, ils préparent le terrain de Bardella. Avec le projet de loi « immigration » son terrain était déjà balisé par le gouvernement. La droite macronienne lui cherche un concurrent, un Attal bis sans doute, sans grandes espérances. La droite républicaine aussi. Les écologistes ont choisi leur leader, Marie Toussaint. Raphaël Gluckmann tente de permettre au PS de sortir de l’ornière. Manon Aubry est lancée par la France Insoumise. Le PCF sera incarné pas Léon Deffontaines. Toutes les manœuvres ont démarré, chaque parti tente de jouer sa propre carte. A gauche la Nupes n’a pas créé l’élan unitaire à un sursaut collectif. La faute à qui ? N’y aurait-il plus de place pour une démarche d’unité de la gauche ? Question faussement naïve ! Un mauvais cheval Je n’ai pas le sentiment d’un effet conséquent sur l’opinion publique. Comme si l’Europe était un mauvais cheval sur lequel le désir de parier importait peu. Comme s’il fallait avant tout remettre les choses à plat pour reconstruire des perspectives de progrès pour une institution qui brinquebale. Malgré tout, je pense qu’il faut y aller sans hésitation, même si la tâche est difficile. Faisons jouer la démocratie : elle est toujours plus qu’un jeu et peut réserver des surprises. Mon humeur n’est donc pas au beau fixe et je sais que la vie politique n’est jamais un long fleuve tranquille. Mais je veux y croire, avec toute la lucidité adéquate ! Je pense avec ma petite expérience qu’il ne sert à rien de se cacher derrière le petit doigt des certitudes partisanes et qu’il importe avant tout de garder le cap de l’émancipation du plus grand nombre en choisissant celles et ceux pour qui elle est leur raison d’être. Jean-Marie Philibert

lundi 5 février 2024

FAIRE L'HISTOIRE OU LA DEFAIRE

Faire l’histoire ou la défaire Il y a des semaines où autour de vous des événements se télescopent qui renvoient à des contraires qui sont malheureusement l’apanage de la vie. Ainsi cette semaine la mort d’un ami, d’un camarade, d’un complice syndical pendant des décennies, son lot de souvenirs riches, féconds, toutes les souffrances qui vont avec. Dans le même temps, les turpitudes gouvernementales et de sa bande de bras cassés pour nous rouler toujours un peu plus dans la farine, jouer les matamores, se ridiculiser un peu plus en faisant semblant de maîtriser une situation qui leur échappe. Les valeurs D’un côté une vie consacrée à défendre des valeurs, un dévouement exemplaire, une solidarité sans limite, un attachement total au service public, laïque d’éducation. De l’autre une tentative dérisoire de courir après des événements qui font désordre et qui démontrent que l’histoire ne leur appartient pas. D’un côté la construction personnelle d’une histoire modeste, mais bien réelle, de démocratisation des enseignements, avec ses difficultés quotidiennes, ses succès et ses échecs, sans fioriture, en toute discrétion, comme l’ont dit tous ses proches, une trajectoire citoyenne et lucide. De l’autre le sentiment qu’en politique il est possible de tout se permettre à condition que l’on se soucie plus des plans COM que de bâtir l’histoire. Et pourtant la politique n‘est pas un vilain mot puisqu’elle est au cœur de notre vivre ensemble et qu’elle est constitutive de notre démocratie, même si l’on peut regretter qu’elle suscite souvent appréhension, désintérêt, désillusion, incompréhension, méconnaissance. On comprend pourquoi quand on observe beaucoup de politiques. Ce qui conduit certains à la voir comme un théâtre pour initiés où se joue un spectacle où ils ne seront le plus souvent que les dindons de la farce : d’où le rejet et le recours aux expédients multiformes. Une histoire qui lui ressemblait Mon ami, mon camarade, mon complice, lui, a gardé le souci de préserver ses choix, ses valeurs, sa confiance dans le combat social pour les imposer dans des contextes perturbés parce qu’il savait qu’en agissant ainsi il faisait une histoire qui lui ressemblait généreuse, progressiste, ouverte. Ce n’est pas le propos d’Attal, son rôle est emblématique d’une duplicité faite pour nous embrouiller. Le garçon est séduisant, va au charbon, mais ne lâche pas grand-chose. Parmi les membres du gouvernement, d’autres sont beaucoup plus balourds : ainsi sa remplaçante au ministère de l’éducation Amélie Oudéa Castéra qui accumule les déclarations intempestives, les mensonges avérés, les silences coupables pour annoncer qu’elle ne démissionnera pas, qu’elle aime un service public sur lequel elle ne peut s’empêcher de baver. Son bâton de maréchal à peine obtenu (tu parles, l’éduc et les JO en même temps), elle le casse pour donner l’image dérisoire et pitoyable d’une responsable politique qui se croit en mesure de dire une chose et son contraire, de défaire l’histoire au détriment de tous ceux qui œuvrent pour l’éducation nationale, qui l’ont faite et continuent à la faire. Il est salutaire que l’histoire de ce service public, laïque, démocratique échappe aux cabinets ministériels pour se faire. C’est une donnée essentielle pour sa survie. Ses fonctionnaires, comme mon ami, mon camarade, mon complice, sont aux avant-postes pour en assurer pas seulement sa pérennité, mais son développement, son plus haut niveau d’exigence. Faire l’histoire, c’est travailler pour un élitisme républicain. Il fut un acteur de cette histoire. Jean-Marie Philibert.

lundi 29 janvier 2024

LES COLERES

Les colères La colère, elle monte, elle monte, elle monte partout. Chez les agriculteurs d‘Occitanie, mais aussi d’ailleurs. Ils alertent. Ils dénoncent. Ils bloquent la circulation, les autoroutes, les villes. Ils veulent travailler, mais ils souhaiteraient que ça leur apporte de quoi vivre… Ils pestent contre des directives qui leur pourrissent la vie. Ils ne croient pas trop aux engagements d’Attal. Ils veulent continuer un combat qui a trouvé sa caisse de résonnance et qui est populaire. La colère et la surdité Chez les salariés aussi la colère monte beaucoup plus vite que les salaires et le pouvoir d’achat qui stagnent lamentablement : ils sont furieux devant la surdité du patronat, du gouvernement qui s’arcboutent devant une menace inflationniste pour ne rien lâcher. Alors que les fins de mois sont de plus en plus difficiles. Le travailleur est pauvre parce qu’une fois qu’il a tout payé, il a du mal à se nourrir, à nourrir ses enfants. La course aux expédients est devenue une pratique courante. Quant à celui qui ne travaille pas, parce que le chômage est son horizon, la colère ne l’a jamais lâché, elle aurait même aussi tendance à monter devant les projets gouvernementaux de restrictions des droits, de surenchères dans les obligations, de culpabilisation de ces paresseux qui devraient restreindre leurs exigences. Les infirmières, les enseignants Les fonctionnaires, eux, travaillent. Ils ne devraient pas se vautrer comme les autres dans la colère. Ils devraient être fiers de servir un état qui leur garantit un pouvoir d’achat réel, même s’il est souvent riquiqui. Eh bien ! Non ! Ils sont aussi en colère, parce que les services publics qu’ils sont censés faire fonctionner sont souvent dans la panade, parce qu’on les pressure de tous les côtés pour en faire toujours un peu plus… pour cacher la panade, parce que leurs droits ne cessent d’être progressivement rognés. Alors qu’ils jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement social. Parlez-en aux infirmières, aux enseignants. Comme il ne faut oublier personne dans la montée de la colère, ce sont tous les assurés sociaux qui vont être titillés quand ils seront malades, le gouvernement leur double la part personnelle à payer des honoraires médicaux, des frais pharmaceutiques et des soins. Une augmentation modeste pour chacun, mais globalement qui va rapporter des sommes considérables et qui va nous éloigner un peu plus de la gratuité des soins que devrait promouvoir une véritable sécurité sociale. La colère utile Vous me direz que je ne suis pas exhaustif, que je ne parle pas du logement, que je ne dis rien des banlieues, des retraités, des jeunes qui galèrent, des exclus en souffrance… Les sources de colères sont intarissables, elles doivent être utilisées. Macron et ses gouvernements s’en moquent avec une allégresse dissimulée par des discours compassionnels qui ne trompent personne. Comme si le CAC 40, l’enrichissement forcené des plus riches, la santé des capitaux et des capitalistes suffisaient à leur bonheur. Comme si la familiarité avec les grands du monde était pour eux la seule vie qui a droit à leur attention. Pendant ce temps, ici, la vie politique suit son cours avec une extrême droite que tant de colère fait rêver et qui pourrait la transformer en quelque chose qui serait pire que tout ce que nous avons énumérer : une démocratie bafouée, des droits aux rencarts, un fascisme ordinaire, une liberté moribonde. Il nous reste, et il y a urgence, à faire des colères des forces de vie démocratique, ce qu’elles sont ! Jean-Marie Philibert.

mardi 16 janvier 2024

OUEDA-CASTERA ou comment une ministre peut s'autodétruire en 24 h

OUEDA-CASTERA ou comment une ministre peut s’autodétruire en 24 heures Parmi les ministres attendus il y avait bien sûr celui ou celle qui devrait succéder à Gabriel Attal, ex de l’éducation nationale, promu chef du gouvernement. D’autant que les médias l’avaient trouvé réactif, attentif aux problèmes de l’institution. Il avait une bonne image, même si ses positons penchaient fortement sur une vision passéiste de l’école dont les réactionnaires de tous poils le voyaient le défenseur, le régénérateur. Dans les établissements scolaires, les défauts de l’armure étaient bien vite apparus au point qu’une grève est dans le paysage pour le 1° février. Une copine Pour lui succéder Macron a fait appel à une copine de l’ENA, Amélie Oueda-Castera, riche comme Crésus, ex tenniswoman, qui a été ensuite directrice de la fédération de tennis et qui était déjà au gouvernement de Bornes en tant que ministre des Sports et des JO, elle hérite donc en plus de l’éducation nationale. Dans sa carrière de fonctionnaire, elle a intégré la Cour des Comptes dont elle démissionne en 2018. Elle oriente sa carrière vers le privé et s’occupe du tennis. Déjà le goût du privé et sans doute des sous qui vont avec. Mais l’ambition politique la conduit à entrer au gouvernement Bornes. Puis à sauter dans l’équipe Attal et à se retrouver promue à un super ministère où elle va s’occuper de l’école, du sport et des J.O. Et là patatrac ! Elle parle… Lors d’un premier déplacement sur le terrain avec Attal, elle est questionnée par des journalistes sur la scolarisation de ses trois fils à Stanislas, un établissement privé et élitiste de la capitale. Elle parle pour tenter de se justifier et ne trouve rien d’autre à dire que quand leur fils était dans le public il y avait des « paquets d’heures non remplacées ». Et d’ajouter : « A un moment, on en a eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui ont fait le choix d’aller chercher une solution différente… » Le tollé Et de provoquer un tollé chez les défenseurs de l’école publique dont elle est devenue ministre. « Mépris… provocation… », les critiques déferlent sur Amélie Ouéda-Castéra qui finit par transmettre une déclaration où elle assure regretter ses propos. Sans véritablement s’excuser. Et surtout sans se souvenir qu’elle a dit un énorme mensonge parce que celle qui fut l’institutrice de son fils dans le public rappelle que, pendant la scolarité du rejeton, elle n’a pas été absente : les parents l’avaient changé d’établissement car ils souhaitaient le faire passer en moyenne section de maternelle et qu’elle avait refusé. Stanislas est surtout un établissement catholique scolaire d’un autre temps, mis en lumière par les propos de la nouvelle ministre : Médiapart juge « son univers sexiste, homophobe et autoritaire ». Un ministre précédent avait lancé une enquête administrative. En s’enferrant la ministre cherchait donc à cacher ses priorités familiales, à dire qu’elle aimait bien peu une école publique dont elle avait désormais la responsabilité, sans véritablement prendre conscience que de tels propos sont une offense aux fonctionnaires de l‘enseignement public, une remise en cause d’un enseignement de haut niveau pour tous, une attaque pour tous les démocrates qui l’ont fondé, promu, défendu. La république est attaquée dans ses fondements par celle qui est chargée de la défendre. Il lui reste la porte… Jean-Marie Philibert

lundi 8 janvier 2024

LE DEVENIR DU SYNDICALISME

Le devenir du syndicalisme La vie syndicale n’a jamais été un grand fleuve tranquille : rien de plus normal quand il s’agit de contester un pouvoir patronal qui n’a de cesse de ne jamais vouloir répondre favorablement aux questions, aux problèmes de salariés, si ce n’est que contraint et forcé. D’où les tensions, les conflits, les manœuvres… en clair… la lutte des classes dont le(s) syndicat(s) sera(ont) un(des) acteur(s) privilégié(s). Ces turbulences extérieures qui conduisent les organisations syndicales à appeler à faire grève, à manifester, à agir collectivement, souvent de façon unitaire, à tenter de tout faire pour être nombreux pour mieux se faire entendre sont le plus souvent accompagnées de soubresauts internes, de réflexions, de débats sans concession, y compris d’interrogations sur le devenir du syndicalisme que ses adversaires ont la tendance récurrente et obsessionnelle de présenter comme mort, inadapté et au moins inefficace. Des projets Il aurait été surprenant que le conflit des retraites, par son ampleur, sa durée, ses pratiques unitaires ne relance pas la réflexion. Des articles de presse font références à des projets en gestation : on parle d’un rapprochement possible entre la CGT et la FSU qui, aurait déjà donné lieu à des rencontres. L’histoire n’est pas nouvelle. Ces organisations se retrouvent souvent : elles ont connu l’unité au sortir de la seconde guerre mondiale, où la CGT rassemblait en grande partie le monde du travail. Les personnels de l’enseignement ont refusé en 1947 la scission CGT et FO et l’ont manifesté dans la création d’une organisation autonome la FEN qui se revendiquait de cette unité … jusqu’à son éclatement en 1993 et la création de la FSU avec affiché, le « U » de l’unité. Des responsabilités accrues L’unité revient régulièrement dans les débats, mais il semble qu’actuellement de multiples facteurs incitent les différents acteurs de la vie syndicale à passer à une vitesse supérieure. Le contexte politique incite à rechercher la meilleure emprise sur le terrain social. Le refus de la social-démocratie d’entendre les revendications (jusqu’à en rajouter dans la remise en cause des droits, voir la loi El Khomri), l’arrivée de Macron et son ambition de brouiller les pistes pour mieux nous soumettre à la loi du patronat et la menace planante et glaçante de Marine le Pen pour les prochaines présidentielles laissent la porte ouverte à toutes les aventures anti-sociales. D’où des responsabilités accrues. Le terrain syndical lui-même voit la persistance de clivages entre des formes divergentes de syndicalisme et les pouvoirs patronaux, politiques, les entretiennent, en favorisant systématiquement le moins disant social. Le jeu qui consiste à se servir de ces divisions pour tenter de glaner quelques résultats affaiblit le monde du travail. Pour mieux vivre du travail L’individualisme, l’assistanat, la culpabilisation sont des armes que les pouvoirs utilisent sur le terrain économique et social pour détourner de l’action collective tous ceux qui aspirent à vivre et à mieux vivre de leur travail. Les initiatives de la FSU et de la CGT ont leur importance pour briser un cercle où le syndicalisme pourrait se scléroser. Elles auront aussi leurs contraintes : tout d’abord pour préserver l’apport essentiel du syndicalisme à la démocratie. IL y faudra la réflexion, la discussion, la décision des syndiqués eux-mêmes. La démarche sera collective, indépendante et libre, ou ne sera pas. Elle concerne l’ensemble des travailleurs. La mise en œuvre de cette unité est pratique : l’unité d’action sur le terrain en jette les bases. Pour être crédible et attirante, elle doit viser la mise en œuvre d’un syndicalisme de contestation, mais aussi de propositions qui dessinent les transformations à mettre en œuvre pour améliorer la vie quotidienne et construire un avenir de progrès. Elle n’aboutira que si, comme le disent CGT et FSU, elle devient majoritaire. La tâche est ardue. Elle ne peut être que progressive. Elle se doit de préserver les identités professionnelles dont chaque organisation, chaque syndicat est porteur par son origine, son histoire, ses pratiques. L’unité doit préserver la diversité pour que tous et chacun s’y reconnaissent. Le devenir syndical nous appartient. Jean-Marie Philibert

lundi 1 janvier 2024

GEGE

Gégé -Mon pauvre Gégé, tu t’es foutu dans la merde, tout seul, parce que tu as cru qu’à 75 balais on peut continuer à déconner comme à vingt ans sur les gamines qui émoustillent ta libido et tu n’as pas vu qu’une caméra et quelques courtisans écoutaient tes propos salaces. Les temps ont changé… -Mais, mais, mais… Après une carrière comme la mienne, venir me chercher des noises pour quelques paroles, déplacées certes. Les artistes ne sont-ils pas au-dessus du lot ? Ils vivent leurs désirs plus que d’autres et ont en plus toutes les occasions de le faire : on en remplit les pages des journaux et cela fait rêver le petit peuple… -Là mon pauvre, tu te trompes grave. Le petit peuple comme tu dis, il en a un peu marre qu’on l’amuse avec les frasques de ceux qui se croient tout permis parce qu’ils sont célèbres et/ou riches. Les femmes en particulier ont fait bouger les consciences. Et toi tu t’es rendu compte de rien ? Tout à ta grandeur inaltérable. Mais mais mais… -Mais, mais, mais j’ai dit tout haut ce que certains cochons pensent tout bas, pas plus. Et entre hommes, la chose est courante et ne prête pas à conséquences. La déconne est une partie importante de ma personnalité… -Je sais que ton adolescence à Châteauroux a été tumultueuse, mais l’âge aidant il est possible de se mettre du plomb dans la cervelle, de respecter les femmes, celles que tu as aimées, et aussi toutes les autres, elles ne sont pas un gibier que l’on tire au jugé. Le propre de notre siècle est d’avoir avancé (pas partout) sur cette voie de la reconnaissance d’une égalité entre les sexes, les femmes ont été les actrices de ces évolutions morales, politiques, sociales, comportementales qui ont en partie changé le monde et toi tu n’as rien vu. -Mais, mais, mais … même le président Macron dit que ce n’est pas si grave que cela. Il me soutient parce qu’il croit que, comme lui, je suis un peu de la fierté du pays… Le Président -Le président il s’est fait engueuler par sa femme, et il est comme toi il ne se rend pas bien compte que le monde bouge autour de lui et qu’il serait temps de mettre sa montre à l’heure d’une société qui veut plus de justice, de respect, de solidarité. Quant à tes copains et copines qui te soutiennent, quelques-uns quittent le navire et te laissent aux prises avec des sbires de l’extrême droite qui rêvent que les femmes restent à leurs places de faire-valoir ou de boniches. -Mais, mais, mais… je dois repartir chez Poutine alors, là où le monde bouge peu… -Tu te trompes encore, chez Poutine, ça bouge aussi, mais si lentement. Il ne te reste plus qu’à devenir un adulte responsable, raisonnable, agréable, séduisant : à 75 ans, tu as l’âge de ne pas t’enferrer dans des comportements et des propos qui n’ont plus cours. A sortir de tes lourdes bornes machistes. Une moitié de l’humanité, sa part féminine, tente avec difficulté, avec des adversaires farouches, avec de lourds préjugés à vaincre, y compris venant des tréfonds des cultures, de prendre la place qui lui revient dans le monde : la tâche la plus urgente est de soutenir leurs ambitions, et surtout de les respecter. Laisse tes oripeaux de vieux mâle aux vestiaires de ta grandeur passée. - Mais, mais, mais… mes… mes… mes… oripeaux… Snif, snif ! Jean-Marie Philibert